Arboriculture

La conversion de son exploitation à l’agriculture biologique est une opération qui prend du temps, de l’énergie et demande de la volonté ! C’est la période de transition entre l’agriculture conventionnelle et le moment où l’exploitation pourra certifier ses produits sous le label AB. La conversion débute au moment où l’arboriculteur notifie son activité auprès d’un organisme certificateur et respecte rigoureusement les principes du cahier des charges européen de production biologique. Voici quelques recommandations pour réussir son passage à l’arboriculture biologique.

La période de conversion pour les cultures pérennes est de trois ans. C’est donc valable pour tous les vergers de fruits. Pour les cultures annuelles de fruits, la conversion est de deux ans. Pendant ce moment, le producteur respecte strictement le cahier des charges de l’agriculture biologique.

Photo de vergers, Crédit Coteaux Nantais

Réfléchir aux différents aspects de la conversion

Avant d’entrer dans cette phase de conversion, le projet doit être mûrement réfléchi car il peut avoir des impacts sur l’ensemble des dimensions de la ferme :

  • humaine & organisationnelle (quelle volonté pour y aller, qu’en pensent les autres, plus de main d’œuvre),
  • technique (changement de système de culture, rotation, fertilité)
  • économique (nouveaux débouchés, besoin d’investir).

Une bonne situation financière est souvent nécessaire pour être en capacité d’investir (achat de matériels spécifiques).

En effet, pendant les trois années de conversion, les fruits ne sont pas valorisés en AB alors qu’ils sont conduits selon le cahier des charges AB et on enregistre généralement des pertes de rendement. A partir de la seconde année de la conversion, il est possible de mentionner la conversion sur l’étiquette.

Les risques pris peuvent aussi entrainer des surcoûts comme l’éclaircissage pour la pomme ou la pose de filets intégraux. Avant d’entrer dans cette phase de conversion, on conseillera donc de toujours prendre le temps de bien se préparer et d’être accompagné.

La conversion progressive de ses vergers espèce par espèce ou variété par variété peut être une solution au démarrage lorsque l’on possède déjà des vergers en production et une commercialisation établie. Certains arboriculteurs ont trouvé la conversion progressive sécurisante pour le démarrage. Mais cette mixité bio/ non bio peut devenir contraignante et peu cohérente à long terme.

Être arboriculteur bio qu’est ce que c’est ?

Crédit : Philippe Sfiligoi

« Être arboriculteur bio c’est possible ! Cela fonctionne. Il y a de nombreuses pistes de solutions à explorer. Je suis passé à la bio il y a 10 ans et j’ai repris plaisir dans mon métier grâce aux approches de l’agriculture biologique, les notions de gestion du sol, de préservation de la biodiversité.

Pour un agriculteur, la plus grande entrave pour passer en bio, c’est souvent lui-même qui se l’impose…ou ses voisins et collègues pour lui dire qu’il a tort ! Ces inquiétudes sont compréhensibles face à la remise en cause de ses pratiques culturales mais ses doutes seront rapidement oubliés par des résultats qu’il constatera et qui lèveront ses craintes.

Il ne faut pas hésiter à rencontrer les acteurs de la filière bio : les agriculteurs bio se feront un plaisir de recevoir des collègues du conventionnel, le réseau FNAB et l’Agence Bio qui vous informeront sur les nombreuses possibilités d’avenir dans cette filière. Et localement, il existe de nombreuses associations spécialisées qui sont aussi très actives pour vous aider. »

Philippe Sfiligoi, arboriculteur bio et secrétaire national arboriculture de la FNAB

Points d’attention pour la réussite technique

Schéma de l’agroécosystème simplifié d’un verger biologique. Source « Produire des fruits en AB », Édition 2005, ITAB

Les points d’attention pour la réussite technique d’une conversion sont :

  • La gestion durable de la fertilité des sols

En agriculture biologique, il s’agit de privilégier une approche globale de la fertilité sur le long terme notamment par l’amélioration de l’activité biologique des sols et par une fertilité 100% organique. C’est la recherche de l’équilibre entre le rendement et l’excès de vigueur pouvant entrainer un parasitisme important.

  • Des techniques préventives pour les maladies et ravageurs

Le principe sera avant tout de prévenir plutôt que de guérir, et privilégier les mesures prophylactiques dans la mise en œuvre de la protection sanitaire. Il faut bien identifier les causes des problèmes rencontrés afin de pouvoir y remédier et favoriser les auxiliaires, observer et raisonner chaque intervention.

  • Favoriser la biodiversité végétale pour permettre une biodiversité faunistique notamment en cas de monoculture. Ceci pourra passer par la mise en place de haies, de bandes fleuries, de zones enherbées, d’abris favorables aux auxiliaires, de nichoirs, etc.
  • Repenser ses variétés

Certaines variétés ne sont plus ou moins adaptées à l’agriculture biologique. Il est nécessaire de bien connaitre les caractéristiques des variétés que l’on cultive et leur aptitude à être conduites en bio. Certaines modifications du verger devront être réalisées. La conversion peut aussi être pensée au moment de l’arrachage ou du surgreffage d’un vieux verger, ou lors de la plantation de nouvelles parcelles avec une densité plus adaptée et des aménagements pour la biodiversité.

La conduite en arboriculture biologique, c’est  la recherche d’un équilibre général de l’agro-écosystème comme le montre ce schéma de l’ITAB.

Points d’attention pour la commercialisation

La conversion à l’agriculture biologique est un changement de système complet : de la technique jusqu’à la commercialisation. Les débouchés et les marchés étant souvent différents en bio, un changement d’opérateur économique est probablement à prévoir. La filière bio est structurée autour d’opérateurs collectifs ou individuels. Le marché est actuellement en forte croissance et la demande en fruits biologiques est forte. Certaines filières se sont structurées autour d’outils de régulation et connaissent une stabilité plus importante qu’en conventionnel. C’est le cas sur les pommes et poires où différents opérateurs ont signé une charte de bonnes pratiques de commercialisation des  variétés de pommes et poires biologiques.

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Les aides à la conversion bio

Des aides à la conversion bio sont ouvertes sur tout le territoire, avec des conditions qui varient selon les régions. Les mesures bio sont déclinées selon le même principe que les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) avec des engagements pluriannuels (5 ans) et visent à compenser les surcoûts et manques à gagner liés aux pratiques biologiques. Ces aides directes destinées aux producteurs en conversion sont mises en place dans le cadre des programmes de développement ruraux régionaux (PDRR). Ces programmes s’insèrent dans le second pilier de la politique agricole commune, pilier du développement rural. En savoir plus sur les aides à la conversion bio.

Être accompagné

Des questions techniques ? Besoins de contacts dans les filières bio ? Besoin d’évaluer la faisabilité de votre conversion ? Contactez les groupements de producteurs bio du réseau FNAB qui accompagnent les agriculteurs dans leur réflexion. Expert de ces questions,  notre réseau de producteurs bio vous propose des diagnostics de conversion, des simulations du passage en bio via outil informatique, des études de marché ou vous accompagne dans vos démarches administratives (aides, notifications).

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