Apiculture

La conversion de son rucher à l’agriculture biologique est une opération qui prend du temps et de l’énergie. C’est la période de transition entre l’agriculture conventionnelle et le moment où la ferme pourra vendre ses produits certifiés sous le label européen AB. La conversion dure un an et débute au moment où l’apiculteur notifie son activité auprès d’un organisme certificateur et respecte rigoureusement les principes du cahier des charges européen de production biologique.

Voici quelques recommandations pour réussir son passage à l’apiculture bio.

Crédit Céline Fachinetti

Être apiculteur bio, qu’est-ce que c’est ?

« Au-delà des aspects techniques du cahier des charges, être apiculteur bio c’est d’abord et avant tout changer radicalement d’état d’esprit, c’est décider une bonne fois pour toute d’entrer dans un monde de collaboration plutôt que d’affrontement. Avec nos abeilles d’abord : l’apiculteur bio s’attache beaucoup plus à respecter le cycle de vie naturel de l’abeille, à accompagner le développement de ses colonies plutôt qu’à les diriger.
Avec notre environnement ensuite, notamment parce que la relation entre apiculteurs et agriculteurs bio est à l’opposé de ce qu’elle est dans le monde conventionnel : agriculteurs et apiculteurs bio dépendent tout autant les uns des autres que l’abeille et son environnement dépendent l’un de l’autre.
Avec nos clients également : que ce soit en vente directe, en AMAP ou via le circuit de distribution spécialisée bio, on parle d’abord et avant tout de partenariats locaux basés sur la durée plutôt que de négociations commerciales dictées par les cours mondiaux… Enfin et pour couronner le tout, dans un secteur où la suspicion sur la qualité du produit est maintenant malheureusement de mise, l’apiculteur bio choisit de lui-même de rentrer dans une démarche de qualité très contrôlée, dans une démarche de transparence qui le distingue assez radicalement du monde conventionnel.
Tout apiculteur qui décide de s’installer en bio ou de convertir son exploitation doit énormément travailler sur ces différents aspects avant même de s’attaquer aux difficultés techniques, en prenant contact avec ses futurs partenaires : agriculteurs, bénévoles en AMAP, responsables de magasins bio, organismes certificateurs et structures syndicales… L’aventure humaine y est radicalement différente : elle y est diverse, ouverte, changeante et infiniment collaborative et c’est finalement là la vraie richesse de la démarche bio. »

Cyril Way, apiculteur bio à Villeconin (91), référent professionnel apiculture pour le réseau FNAB.

Points d’attention pour la réussite technique

Vous souhaitez avoir une vision globale et synthétique des problématiques des apiculteurs en bio ? Un documentaire de 28 minutes, réalisé par Thierry Derocles de la coopérative de production Direction Humaine des Ressouces (DHR), apporte des éléments concrets issus des journées techniques sur l’apiculture biologique organisées par le réseau FNAB et ces partenaires dans 4 régions en 2015. Il met en lumière les besoins des apiculteurs en termes d’échanges techniques, règlementaires, économiques pour pérenniser leur activité. Un focus est réalisé sur le sujet de la gestion « varroa » en apiculture biologique.

La gestion du risque Varroa

Ces dernières années, le choix des médicaments autorisés en apiculture biologique ayant une autorisation de mise sur le marché s’est élargi.

C’est une avancée pour les apiculteurs bio, mais ces médicaments sont moins efficaces et ont une efficacité plus hétérogène que les médicaments autorisés en apiculture conventionnelle. La lutte contre Varroa, en apiculture biologique, doit donc nécessairement passer par des stratégies de lutte intégrée, combinant des mesures de prévention et la lutte biotechnique avant d’avoir recours aux médicaments ou pour une meilleure application.

Le cheptel : essaims et reines

Peu d’éleveurs français proposent des reines et des essaims certifiés bio en quantités importantes. C’est une difficulté pour les apiculteurs bio qui sont en phase de constitution de leur cheptel. À défaut de pouvoir produire leur propre cheptel et plutôt que de se tourner vers du cheptel bio d’importation, il est possible d’acheter du cheptel non bio à un fournisseur local, à condition de demander une dérogation spécifique auprès de votre organisme certificateur. Cette dérogation peut aussi être activée de manière anticipée en cas de forte présomption de pertes hivernales importantes.

La cire

Au moment de la constitution de votre cheptel notamment, vous allez peut-être devoir vous procurer de la cire extérieure à votre exploitation, pour vos cadres. Cette cire doit être issue d’une exploitation certifiée en agriculture biologique. Cependant, même issue d’une exploitation certifiée AB, la cire que vous achetez peut avoir été contaminée et avoir un impact sur la qualité des produits de la ruche et sur la santé de la colonie. Il est essentiel de renouveler régulièrement la cire des ruches (renouvellement total en 3 à 4 ans en général), de détruire les vieilles cires de corps ou de les transformer en bougie.

Si vous faites gaufrer votre propre cire, n’hésitez pas à visiter et à demander des garanties à votre prestataire (ex : des analyses) sur le process utilisé.

Pour en savoir plus, consultez le guide de préconisations sur l’approvisionnement en cire bio, réalisé par la FNAB en 2016, ainsi que les vidéos sur la cire issues des journées techniques organisées par le réseau FNAB.

Le nourrissement

Il s’agit en premier lieu de laisser suffisamment de réserve de miel aux colonies. Le nourrissement de complément pour la survie de la colonie est le seul autorisé, notamment pour assurer l’hivernage. Le surcoût pour le Candy ou le sucre/sirop de sucre en bio peut être important et les achats doivent être anticipés suffisamment à l’avance car les stocks sont limités. Des commandes collectives peuvent être organisées dans vos régions, rapprochez-vous de l’ADA ou du GAB de votre région ou département.

Le nourrissement protéique est interdit (pollen).

L’emplacement des ruchers

L’environnement des ruchers doit être compatible avec les règles de production biologique. Il n’est pas toujours aisé de trouver ces emplacements, et des outils cartographiques (ex. Géoportail) peuvent aider à identifier des emplacements propices à la production bio. Il faut aussi privilégier les contacts directs avec les agriculteurs bio (céréaliers, arboriculteurs) de votre territoire, en prenant contact avec votre GAB/GRAB, pour favoriser la pollinisation de ces cultures et profiter des récoltes potentielles.

Faut-il s’installer en bio ou bien engager sa conversion après une installation en conventionnel ?

Une fois considéré toutes les spécificités techniques et réglementaires de l’apiculture bio, la question peut être posée des conditions de développement de la production apicole bio. Vincent Girod, technicien à l’ADAPRO (service du développement de la filière apicole en Languedoc-Roussillon) pour évoquer avec lui ce sujet. Il revient sur sa façon d’accompagner les producteurs bio sur les enjeux de traitements alternatifs, les expérimentations en cours dans le cadre des ADA et de l’ITSAP, et dit son point de vue préférentiel sur une conversion progressive plutôt qu’une installation directe en apiculture bio.

Points d’attention pour la commercialisation

Les produits de la ruches bio (miel, pollen, gelée royale, mais aussi les produits transformés comme le pain d’épice, nougat, etc.) sont très recherchés sur le marché. Pour autant, le différentiel de prix entre les produits bio et non bio est relativement faible en apiculture et ne constitue pas la motivation première des candidats à la conversion en bio.

Les apiculteurs commercialisent leur production pour l’essentiel en vente directe ou via des revendeurs (magasins spécialisés, grandes surfaces,…). La certification permet d’accéder à de nouveaux débouchés (magasins bio). Il s’agira alors de respecter les règles d’étiquetage des produits bio.

Des projets de structuration de filières s’appuyant sur des groupes d’apiculteurs bio sont entrain de se développer pour assurer un approvisionnement plus régulier en miel biologique français.

En savoir plus sur la commercialisation en apiculture bio.

Les aides à l’apiculture biologique

L’apiculture ne fait pas l’objet d’aides à la conversion dans le cadre de la Politique Agricole Commune. En revanche, les apiculteurs biologiques peuvent demander tous les ans le crédit d’impôt bio. Par ailleurs, certaines régions proposent des aides à l’agriculture biologique (aide au coût annuel de certification, par exemple), et les apiculteurs bio peuvent bénéficier des autres aides à l’apiculture.

En savoir plus sur les aides à l’apiculture biologique.

Être accompagné

Des questions techniques ? Besoin de contacts dans les filières bios ? Besoin d’évaluer la faisabilité de votre conversion ? Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter les groupements de producteurs bio du réseau FNAB qui accompagnent les agriculteurs dans leur réflexion. Expert de ces questions, le réseau des producteurs bio peut vous accompagner dans votre conversion.

Ressources utiles

Commandez le guide « Devenir apiculteur professionnel » édité par l’ADA France, contenant un chapitre spécifique sur l’apiculture biologique

Découvrez les vidéos sur l’apiculture biologique sur la chaîne Youtube dédiée de la FNAB :