Grandes Cultures

Avec une demande insatisfaite et en forte croissance, tant pour l’alimentation humaine que pour l’alimentation animale, un marché non spéculatif et des prix souvent plus stables, les grandes cultures bio offrent des perspectives d’avenir aux agriculteurs qui envisagent la conversion.
Au-delà des aspects financiers, passer en bio nécessite d’abord d’engager une réflexion autour de la cohérence de son système et de s’approprier les grands principes et les techniques de la bio, mais c’est aussi une affaire de convictions. Échanger avec des producteurs bio et avec le réseau des GAB facilitera le passage à la bio, en permettant d’identifier et de résoudre les principales difficultés.

La conversion de sa ferme à l’agriculture biologique demande du temps, de l’énergie et de la volonté ! C’est la période de transition entre l’agriculture conventionnelle et le moment où les produits pourront être certifiés sous le label AB. La conversion débute au moment où le producteur notifie son activité auprès d’un organisme certificateur et respecte rigoureusement les principes du cahier des charges européen de production biologique.

La période de conversion pour les grandes cultures est de 2 ans. Pendant cette phase, le producteur respecte strictement le cahier des charges de l’agriculture biologique mais ne peut pas valoriser ses produits en bio.

Être céréalier bio, qu’est-ce que c’est ?

Quand on passe en bio, on peut redonner du sens au métier de céréalier aujourd’hui très individualisé. Les groupes d’échanges permettent de retisser des liens et de faciliter la période de conversion et post conversion : quand on le fait à plusieurs c’est plus rassurant ! Nos GAB et GRAB sont en mesure d’assurer l’intégration des nouveaux paysans bio dans les groupes existants.

Passer en bio en grandes cultures, c’est sortir d’un marché spéculatif et rentrer à nouveau sur un marché physique : on quitte les aléas de la volatilité des prix internationaux, on peut aller vers de la contractualisation, avoir une stabilité des prix, une visibilité sur les prix sur 5 à 10 ans.
On passe de l’objectif de 1000 € de produit à l’hectare en conventionnel  à l’objectif de 1000 € de marge par ha en bio ! Car si l’objectif de rendement passe de 70 à 35 qx/ha et le coût des intrants de 600 à 300 €/ha, le prix du marché, lui, passe de 150 à 400-420 €/ha…

On n’a pas forcément plus de travail qu’en conventionnel : il y a le binage, mais moins de passages de produits, et tous les céréaliers, bio ou pas, doivent observer leurs champs.

Et enfin, on contribue à la préservation de l’environnement, de la biodiversité, de la santé : ces questions environnementales seront un des piliers de l’économie de demain, alors autant prendre le train en marche !

Guillaume Riou, polyculteur bio dans les Deux-Sèvres et secrétaire national grandes cultures bio à la FNAB

Quels changements prévoir pour une conversion réussie?

Avant d’entrer dans la phase de conversion, le projet doit être mûrement réfléchi car il peut avoir des impacts sur l’ensemble des dimensions de la ferme : humaine & organisationnelle, technique (changement de système de culture, rotation, fertilité..) et économique (pas les mêmes débouchés, besoins d’investir au départ…). Il est conseillé de prendre le temps de bien se préparer et d’être accompagné.

 

Points d’attention pour la réussite technique

Pour être durable, la conversion à la bio nécessite souvent des réorientations techniques importantes :

La gestion durable de la fertilité des sols

L’objectif n’est pas uniquement de remplacer des produits de synthèse par d’autres d’origine organique. En bio, l’approche globale de la fertilité et l’amélioration de la vie des sols est recherchée sur le long terme. Pour l’alimentation minérale des cultures, le principal élément limitant est l’azote, il faut donc enrichir les sols en azote, avec plusieurs moyens :

  • Introduire dans la rotation des légumineuses, qui enrichissent le sol en azote
    • Cultures de ventes (féverole, pois chiche, lentilles, soja…) ou fourragères (prairies) ou utilisées comme engrais verts (luzerne, trèfles, vesces, féverole, pois, sainfoin…).
    • En culture principale (luzerne en tête de rotation), en interculture, en culture associée avec une céréale, ou comme couvert végétal incorporé comme engrais vert.
  • Introduire des cultures intermédiaires « pièges à nitrate » (CIPAN), intéressantes pour ne pas perdre l’azote du sol.

Les fertilisants organiques autorisés en bio (farines de plumes, protéines animales transformées…) sont à utiliser avec parcimonie, en raison de leur coût et de leur efficacité très variable, dépendante de la structure du sol, de la climatologie, etc. Des complémentarités avec des éleveurs sont à réfléchir pour des échanges de fertilisation organique (déjections animales) contre des céréales ou de la paille.

Des rotations longues et diversifiées

Des rotations longues et variées permettent une meilleure gestion des maladies et des ravageurs, des adventices, de la structure et de la fertilité du sol. Alterner les cultures d’hiver, de printemps et d’été permet de lutter contre les adventices (annuels) en cassant leur cycle de développement.

La gestion et la maîtrise des adventices

Qui dit agriculture bio dit interdiction des herbicides… On utilise d’autres méthodes, notamment préventives, pour gérer les adventices, avec l’objectif de les maintenir en dessous d’un seuil de nuisibilité, plutôt que de les éradiquer. Pour limiter la prolifération des adventices, plusieurs solutions sont envisageables : semer plus tard et plus dense, pratiquer des cultures associées (céréales/légumineuses), mettre en place des rotations longues et diversifiées avec une tête de rotation nettoyante, avoir travail du sol adapté. Ces mesures préventives peuvent être complétées si besoin par le désherbage mécanique.

Des semences biologiques

Les semences et matériels de reproduction végétative doivent être bio. Des dérogations sont possibles en cas d’indisponibilité. La vérification obligatoire de la disponibilité en semences biologiques passe par le site Semences biologiques.

Le passage en bio peut amener à repenser les variétés utilisées, pour choisir les  variétés les plus adaptées au mode de production bio dans les conditions de sa ferme, qu’il s’agissent de semences hybrides ou de variétés « populations ».

 

Points d’attention pour la commercialisation

Un projet de conversion doit intégrer des questionnements sur la commercialisation : où irai-je vendre mes produits ? Ma coop prend-elle en charge les produits bio ? Quels sont les besoins du marché ?

En effet, la conversion en bio peut parfois impliquer un changement d’opérateur économique, ainsi que des changements dans l’assolement et les rotations pour mieux répondre aux attentes du marché. Quelques points de repère :

  • Les prix sont plus élevés en bio, mais les cours peuvent varier rapidement sur certaines espèces (lentilles bio, épeautre bio…).
  • Les cultures associées (mélanges) sont très intéressants agronomiquement mais il faut s’assurer du débouché lorsqu’ils sont destinés à la vente.
  • Les produits en 2ème année de conversion (C2) ne peuvent être valorisés en bio, mais peuvent parfois avoir un débouché particulier, notamment pour l’alimentation animale : les aliments bio pour les animaux peuvent actuellement contenir 30 % de C2.
  • S’il n’y a pas d’élevage sur la ferme, la vente à des éleveurs est un débouché à ne pas oublier, pour l’usage alimentation animale.
  • Le stockage à la ferme, le tri, voire la transformation peuvent être envisagés pour une bonne valorisation des cultures.

Les aides à la conversion bio

Des aides à la conversion bio sont ouvertes sur tout le territoire, avec des conditions qui varient selon les régions. Les mesures bio sont déclinées selon le même principe que les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) avec des engagements pluriannuels (5 ans) et visent à compenser les surcoûts et manques à gagner liés aux pratiques biologiques. Ces aides directes destinées aux producteurs en conversion sont mises en place dans le cadre des programmes de développement ruraux régionaux (PDRR). Ces programmes s’insèrent dans le second pilier de la politique agricole commune, pilier du développement rural. En savoir plus sur les aides à la conversion bio.

Être accompagné

Des questions techniques ? Besoin de contacts dans les filières bio ? Besoin d’évaluer la faisabilité de votre conversion ? Contactez les groupements de producteurs bio du réseau FNAB qui accompagnent les agriculteurs dans leur réflexion. Expert de ces questions, notre réseau de producteurs bio vous propose des diagnostics de conversion, des simulations du passage en bio via outil informatique, des études de marché, des formations, ou vous accompagne dans vos démarches administratives (aides, notifications).

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