Réussir son passage en bio

Vous réfléchissez à l’opportunité de passer votre exploitation en agriculture biologique ? La transition vers la bio est un parcours riche en questionnements, en rencontres et en découvertes. C’est l’occasion de vous réapproprier votre exploitation, son fonctionnement et votre place dans la filière. Principes de la bio, cahier des charges, assolement, gestion du troupeau, investissements matériels, commercialisation, adéquation entre vos projets professionnels et personnels : les questions que vous vous posez sont nombreuses. Voici quelques pistes, générales puis par filière, pour vous orienter…

Passer en bio, c’est un projet conséquent pour vous et votre exploitation. Ce choix modifiera, entre autres, votre façon de travailler, votre stratégie de commercialisation, votre organisation du travail, vos investissements et vos revenus. La définition de votre projet de conversion va se faire progressivement. Votre projet évoluera au fil de vos rencontres, de vos expériences, de vos formations. Ce temps de maturation peut prendre six mois, un an, deux, trois, cinq ans ou plus.

La première étape de votre passage en bio, c’est donc de prendre le temps de construire et mûrir votre projet par rapport à vos objectifs et à votre situation.

Prendre le temps de construire son projet

Informez-vous ! Sur ce site, découvrez ce qu’est la bio, le cahier des charges bio, les débouchés et la structuration des filières, les pratiques et les actualités des différentes productions bio : grandes cultures, fruits, légumes, viticulture, PPAM, semences, lait, bovin-ovin viande, porcs, volailles, apiculture.

Vous pouvez également participer à des réunions d’information ou des formations de découverte de la bio près de chez vous. C’est aussi l’occasion d’échanger avec des producteurs qui se posent les mêmes questions que vous. Renseignez vous auprès du réseau des producteurs bio.

Rencontrer des producteurs bio et visiter des fermes bio

Pour mesurer plus concrètement les réalités de la production en agriculture biologique, il est essentiel d’échanger avec ceux qui ont vécu cette transition. Vous pourrez comprendre leur choix par rapport à leurs objectifs et à leur situation, profiter de leur expérience pour éviter les écueils. Vous pouvez prendre contact avec les groupements locaux du réseau des producteurs bio pour visiter des fermes bio et rencontrer des producteurs et des conseillers du réseau bio. Les salons professionnels bio sont également une bonne occasion d’échanger avec ces producteurs.

« Il faut essayer de voir et de rencontrer des producteurs sur le terrain. Des producteurs qui sont déjà en bio. Pour voir comment ils font. C’est comme ça que l’on apprend le plus : voir comment les bio travaillent et font. »

Alain & Cécile Fleury – Retrouvez le témoignage de leur conversion

Retrouvez sur ce site les témoignages de producteurs qui parlent de leur passage en bio :

Faire des diagnostics de conversion et des simulations sur votre ferme

Il faut également évaluer ce qu’il faudrait changer sur votre exploitation pour vous inscrire dans les principes de la bio et dans les règles du cahier des charges et surtout pour construire un projet cohérent avec vos objectifs, faisable techniquement, viable économiquement et vivable socialement.

Vous pouvez réaliser un diagnostic de conversion et des simulations sur le passage en bio de votre exploitation, ainsi que des études de marché sur les débouchés possibles dans vos filières et dans votre territoire. Ces outils, proposés par le réseau des producteurs bio, vous permettront d’identifier concrètement les changements à effectuer sur votre ferme et de mesurer les impacts d’un passage en bio sur votre activité.

Une période de transition technique, économique et sociale

Pendant la conversion, qui durera 2 à 3 ans, votre système de production ne sera pas nécessairement stabilisé (matière organique et vie du sol, régulation biologique des ravageurs, gestion du troupeau, etc.), vos rendements ne seront pas à leur rythme de croisière et vous ne bénéficierez pas du label et donc des prix plus rémunérateurs de la bio. C’est une phase de transition technique, économique et sociale ! Elle demande du temps, de l’énergie et parfois des moyens.

Ils sont plus de 32 000 producteurs, toutes filières confondues, à avoir passé le cap. Ils étaient 3 500 pour la seule année 2016. C’est à votre portée.

Mettre en place les changements sur votre ferme pour trouver son équilibre

À mesure que votre projet mûri, vous mettrez en place les changements techniques, organisationnels et commerciaux pour adapter votre système. Lorsque vous vous engagerez auprès d’un organisme certificateur, vous devrez respecter le cahier des charges de la bio. Il est donc important de vous y préparer en amont.

Retrouvez les éléments par filière pour réussir votre conversion…

Travailler en valorisant les services rendus par votre environnement

L’enjeu de la transition technique, pour vous, sera de travailler en valorisant au mieux les services rendus par votre environnement : vie des sols, auxiliaires de culture, haies, etc. Ce qui signifie techniquement des rotations plus longues, des intercultures et des légumineuses, la valorisation des effluents d’élevage, la gestion des haies, le désherbage mécanique, des semences bio issues de variétés adaptées à la bio, etc. L’adaptation de votre système d’exploitation à une conduite bio (nouvel assolement, nouveaux matériels, autonomie sur la ferme, etc.) aura des répercussions sur les équilibres économiques de votre exploitation.

Repenser vos débouchés et votre stratégie commerciale

Diversification ? Transformation ? Circuits courts ou filières longues ?

Il s’agit de s’inscrire dans de nouvelles filières, parfois avec de nouveaux opérateurs amont et aval. Avec des prix différents, plus stables et rémunérateurs. Ce sont également davantage de marges de manœuvre en matière de trésorerie et de revenus (moins d’intrants et des prix plus élevés et plus stables) et parfois de nouveaux investissements (matériel, bâtiment, etc.) et plus de main d’œuvre. Du point de vue commercial, il est important d’échanger avec les opérateurs économiques avec lesquels vous travaillez pour savoir s’ils continueront de vous acheter vos produits et dans quelles conditions. Sinon, il faut au moins prendre connaissance des conditions pour rompre vos contrats.

Quoi qu’il en soit, rencontrez également les opérateurs locaux de la bio (laiteries, coopératives 100% bio, magasins spécialisés, magasins de producteurs) pour comprendre leur fonctionnement, leur organisation et connaître les prix pratiqués. Un panorama des circuits de vente en bio dans votre territoire peut vous être très utile.

Des regards qui changent, de nouveaux réseaux et plus d’emploi sur les fermes bio

Passer en bio, c’est souvent vivre un changement de regard sur votre travail : de la part de vos voisins (pas toujours simple au démarrage), de la société (plutôt positif) et d’autres rapports avec vos clients (un label clair et reconnu) et des riverains (plus de stress de la sortie du pulvé en combinaison !). C’est aussi une activité qui crée de l’emploi, et pourra amener une nouvelle organisation du travail sur votre ferme. Et enfin, c’est un nouveau réseau professionnel où l’échange entre pairs est central.

Dans l’ensemble de votre parcours, de votre réflexion à la mise en œuvre de votre projet, n’avancez pas seul : échangez, formez-vous, demandez conseil à des producteurs ou à des conseillers.

J'appréhende le regard des autres...

« Que vont dire les proches et les collègues ? » Le regard des autres sur votre choix de passer en bio peut vous angoisser. Et pourtant, ils sont nombreux à en témoigner, si les regards des autres changent, c’est souvent dans le bon sens !

Eric Gobard (Seine-et-Marne) témoigne de la curiosité de ses collègues sur ses céréales bio en avance sur les cultures conventionnelles ou encore des mêmes convaincus après l’avoir accompagné sur la moissonneuse-batteuse. De son côté, Sébastien Lemoine s’est engagé en même temps que 3 autres fermes dans le Cambrésis (Nord), une démarche qui a interrogé puis séduit au sein de la Cuma et dans le territoire.

Il n’y a pas que le regard des voisins : les opérateurs économiques aussi vont changer leur regard et considérer différemment votre démarche de qualité. Si vos partenaires habituels ne sont pas prêts à payer de façon juste vos efforts, compte-tenu de la demande colossale en France, de nombreux acteurs de filières accueilleront positivement votre production bio. Certains opérateurs soutiennent également les producteurs pendant la période de conversion (par les prix en C2 ou par des primes).

D’autres part, le regard des consommateurs et des riverains change également : ils reconnaissent les impacts positifs de la bio et portent un jugement différent sur une activité agricole qui est en phase avec les attentes de la société.

Combien ça va me coûter ?

… Ou combien ça va me rapporter ?

Les situations varient d’une exploitation à l’autre. De manière générale, les économies réalisées sur la consommation d’intrants de synthèse et sur les sorties du pulvé permettent de dégager des moyens pour investir dans du matériel de désherbage mécanique par exemple et pour compenser les baisses de rendement pendant la phase de conversion. L’investissement collectif (en Cuma ou entre voisins) est une bonne façon de ne pas engager des dépenses trop importantes.

L’enjeu pour vous est bien de construire un système de production relativement autonome. S’il s’agit de remplacer les produits autorisés en conventionnel par des produits autorisés en bio, votre système ne sera pas davantage autonome et vos charges en intrants resteront élevées. En élevage, il est important de chercher une bonne autonomie fourragère. Si votre système est peu autonome aujourd’hui, vous pouvez être accompagnés pour travailler cette autonomie dans le temps.

Par ailleurs, les prix plus hauts des produits bio permettent également de dégager un revenu plus satisfaisant mais aussi de créer de l’emploi.

Chaque situation est particulière en la matière. Réalisez des simulations avec vos conseillers conversion.

Et ensuite ? La certification AB, la production et la commercialisation en bio

Ça y est ! Après une intense réflexion, divers changements sur votre exploitation et le passage d’un organisme certificateur vous obtiendrez la certification AB . Félicitations !

Vous produisez bio et travaillez avec un environnement vivant et avec de nouveaux acteurs économiques !

Pour relever les défis agronomiques et technico-économiques qui s’offrent à vous, vous n’êtes pas seul. Au plus près de chez vous, vous pourrez vous appuyer sur des groupes d’échange technique, des formations, des démonstrations et des journées thématiques organisées par le réseau des producteurs bio et ses partenaires. Prenez contact avec le réseau près de chez vous

 

En savoir plus…

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