Ferme du Maubertin – Caprins – Chevrettes au lait en poudre et viande de chèvres
Eyliac (24)
La ferme en quelques mots
- SAU : 75 ha
- Ateliers : vaches allaitantes (15), brebis (55) et chèvres (160)
- Commercialisation : filière longue (100% de la production livrée au Chêne Vert)
- UMO : 2
- Volume produit : 40 000 litres
- Taille du troupeau : 160 chèvres (285 l/an) et 40 chevrettes
- Races présentes : Saanen et Alpines principalement, avec quelques Poitevines pour compléter
- Alimentation des chèvres : pâturage, foin, luzerne, céréales (blé, orge, maïs, féverole)
Historique de la ferme
- 1926 : la ferme est créée par les arrière-grands-parents de Kévin, actuel associé sur la ferme avec sa mère, Martine, qui ont toujours adopté des pratiques associées à l’AB, étant situés sur une zone de captage de la ville de Périgueux
- 2016 : après plusieurs achats de foncier agricole, les parents de Kévin ont pu passer en bio, c’est chose faite en 2016
- 2019 : Kévin rejoint ses parents sur la ferme, depuis son père est sorti du GAEC et il gère la ferme avec sa mère
La conduite de l’élevage des jeunes : colostrum et lait en poudre
Les mises-bas au GAEC du Maubertin ont lieu entre février et mars. Les chevrettes et chevreaux sont alors mis pendant une journée sous les mères, pour renforcer leur immunité, puis ils sont nourris au colostrum des mères au biberon. Les chevreaux sont vendus à un engraisseur en conventionnel au bout d’une semaine et les chevrettes, quant à elles, poursuivent leur phase lactée en étant nourries au colostrum des mères et à la poudre de lait conventionnelle (Néolait). Il faudra donc attendre la durée de la période de conversion, à partir du sevrage, pour pouvoir valoriser les chevrettes en bio.
L’objectif de poids au sevrage que se fixent les éleveurs est de 15 Kg, atteint autour de 2 à 2,5 mois de phase lactée. Ensuite, les chevrettes restent dans un lot à part, en bâtiment, pour réduire le risque parasitaire et elles intègreront le troupeau en octobre-novembre. En bâtiment, elles sont nourries au foin et à la luzerne (autour de 800 tonnes consommées par l’ensemble du troupeau chaque année), ainsi qu’à un mélange de blé, orge, maïs, féverole (30 tonnes consommées chaque année par le troupeau). Tous ces aliments sont produits sur la ferme.
Les boucs sont intégrés au troupeau à partir de fin août-début septembre, pour viser des mises-bas toujours aux mois de février-mars.
Les chevrettes sortiront pour la première fois après leur première mise-bas, et après avoir été converties en bio suite à la période de conversion, comme évoqué ci-dessus.
Transformation de la viande de chèvre : construction d’un nouveau débouché
Jusqu’à il y a peu, les éleveurs réformaient leurs chèvres en les faisant collecter par un engraisseur qui leur en donnait 5 €/chèvre. Désormais, après avoir fait abattre leurs animaux en bio à Villeneuve-sur-Lot, et avoir transformé la viande dans un laboratoire loué à cet effet, les éleveurs peuvent vendre leurs produits sur des marchés de producteurs avec restauration. En effet, ils ont notamment élaboré une recette de burgers paysans, qui attirent de nombreux clients et permettent de faire découvrir et apprécier la viande caprine. Cela leur permet de gagner 100 € par chèvre réformée, le calcul est vite fait.
Cependant, ils aimeraient développer de nouveaux débouchés pour la viande de leurs chèvres, en suivant pourquoi pas l’exemple de leurs veaux et de leurs agneaux vieillis qu’ils fournissent à la restauration collective locale, notamment par le concours du département et du collectif les Pieds dans le Plat. Cela permet, en plus de trouver de nouveaux débouchés durables, de faire découvrir localement leurs produits, de faire connaître leur ferme, de rapprocher les consommateurs locaux des paysans voisins, et ainsi d’ancrer encore un peu plus leur ferme dans le territoire. Ils doivent pour cela poursuivre le rajeunissement de leur troupeau, afin de proposer des chèvres de réforme à forte qualité organoleptique et ainsi offrir un produit de qualité.
En plus de la livraison de lait de chèvre à une laiterie, la transformation de la viande de leurs chèvres permet de diversifier leurs activités, leurs sources de revenus, de créer un débouché là où les chèvres étaient jusqu’à présent seulement collectées, et aussi de se rapprocher d’une clientèle locale, ce que la livraison à la laiterie ne permet pas.
Transformer son système pâturant pour gérer les problèmes parasitaires
Cependant, un des problèmes auquel sont confrontés les éleveurs est le parasitisme qui affecte leur troupeau. La ferme étant très ancienne, située sur une zone humide (plusieurs parcelles sont sur les Aires d’Alimentation de Captages du Grand Périgueux), avec une présence de chèvres depuis plusieurs décennies, la problématique parasitaire s’est fortement amplifiée. Ainsi, certaines prairies ont été et continuent d’être utilisées depuis plus de 30 ans uniquement pour l’alimentation des chèvres. Or nous savons désormais, avec les progrès des recherches sur le parasitisme caprin et les moyens de le réguler (tels qu’une bonne gestion des pâtures) que l’utilisation cyclique d’une même parcelle pour l’alimentation des chèvres renforce grandement le risque de voir se développer une présence parasitaire sur la prairie. C’est ce qui s’est produit au GAEC du Maubertin, comme l’ont montré les analyses coprologiques effectuées.
Un des grands chantiers en cours sur la ferme est donc la transformation du système pâturant, en adoptant une gestion bien plus fine du calendrier de pâturage afin de rompre les cycles de passage, d’élargir la durée de retour sur une parcelle et de profiter de la présence d’autres animaux sur la ferme, notamment les vaches, qui ne sont pas soumises aux mêmes parasites que le troupeau caprin. Un travail est aussi effectué sur la génétique du troupeau, à la fois en termes de production mais aussi de résistance aux parasites. Ils achètent ainsi chaque année de nouveaux boucs et sélectionnent les meilleurs de leurs chèvres pour tirer le troupeau vers le haut.