GAEC du Païdol – Caprins – Chèvres et poudre de lait bio en système mixte
Meljac (12)
La ferme en quelques mots
- SAU : 36 ha
- Ateliers : poules pondeuses et chèvres
- Commercialisation mixte : 80% du volume pour un fromager local et 20% pour la fromagerie de la ferme
- UMO : 2,5
- Volume produit : 80 000 litres
- Taille du troupeau : 160 chèvres (500 l/an) et 40 chevrettes par an
- Races présentes : Saanen et Alpines principalement, avec quelques poitevines et provençales en complément
- Alimentation des chèvres : pâturage, foin, céréales, complément azoté et aliment Euro Phyto
Historique de la ferme
- 1981 : création de la ferme par les parents d’Émilie
- 2019 : installation d’Émilie, qui rejoint ses parents
- 2020 : construction d’un atelier de transformation fromagère sur la ferme, pour passer en système mixte et ainsi gagner en flexibilité
- 2024 : départ en retraite du père d’Émilie
La conduite de l’élevage des jeunes : poudre de lait bio
Les mises-bas ont lieu aux alentours du 15 février, et les chevrettes et les chevreaux sont alors nourris pendant 15 jours au lait maternel thermisé. Si les chevreaux sont vendus entre 8 et 15 jours à un engraisseur en conventionnel, les chevrettes entament leur phase lactée en passant à la poudre de lait bio. Celle-ci est très appréciée des chevrettes et permet une bonne croissance, puisqu’il s’agit seulement de lait entier bio de vache déshydraté, bien que quelques problèmes digestifs aient tout de même parfois été observés par les éleveurs.
Au bout d’un mois, on introduit dans la ration un aliment à base de paille et un complément azoté, pour commencer à les habituer à de l’alimentation solide et renforcer leur croissance. Elles sont sevrées au bout de 2 mois environ, alors qu’elles font autour de 16 Kg. Le sevrage est brutal, et suivi par la mise en place d’une ration entièrement solide pour les chevrettes, avec 500 g d’aliments/jour ainsi que des céréales.
Vers juin, les chevrettes sortent et passent au pâturage, sur des parcelles à faible pression parasitaire et qui sont spécialement dédiées à elles, afin de réduire encore davantage le risque parasitaire. Quand il n’y a plus d’herbe sur ces parcelles spécifiques, les chevrettes sont mises sur le reste des pâtures.
Confort et adaptabilité : l’intérêt du système mixte
Comme nous l’a dit Émilie : « Le système mixte offre beaucoup de confort : si on veut partir week-end, on peut. On met tout dans le tank et le livreur vient chercher ». En effet, travailler en système mixte offre plus d’adaptabilité, notamment dans la gestion des volumes transformés, puisqu’on peut décider assez facilement de ne pas transformer un jour dans la semaine par exemple, en mettant la totalité du lait dans le tank, afin de s’offrir une journée plus tranquille.
Cela permet aussi d’adapter les volumes livrés en fonction du prix de vente du lait, selon la saison, les taux, etc., mais aussi si la demande en fromages est très forte, en période de fêtes notamment, et d’avoir ainsi une certaine flexibilité sur les débouchés. A l’heure actuelle, ce sont environ 15 000 litres de lait sur les 80 000 litres produits au total qui sont transformés en fromages chaque année, directement à la ferme. Émilie a fait le calcul : elle valorise à 3 € son litre de lait transformé en fromage contre 1,20 € en moyenne sur l’année quand il est vendu à la fromagerie de la Ginestarie.
« Cependant il est plutôt moins résilient qu’un système 100% fromager avec un petit troupeau, car là nous avons besoin d’un nombre conséquent de chèvres pour fonctionner ». Émilie nous indique ainsi les limites d’un tel système selon elle, qui contraint quand même à produire un volume de lait assez significatif pour être collecté tout en étant capable de transformer une partie en fromages. Cela nécessite donc d’avoir une taille de troupeau suffisamment grande. Ainsi, être en système mixte présente tout de même quelques contraintes et c’est une des raisons pour laquelle Émilie trouve difficile l’engraissement de chevreaux sur sa ferme, en raison d’un manque de temps, d’un nombre important de chevreaux et d’une quantité requise de lait à fournir à la laiterie.
Ainsi, à l’avenir, Émilie aimerait développer la transformation fromagère, afin de pouvoir réduire la taille de son cheptel et être en mesure d’envisager l’engraissement à la ferme de ses chevreaux. De nombreux éleveurs présentent le nombre de mises-bas comme le principal frein à l’engraissement des chevreaux sur leur ferme… Or, dans un système mixte avec une place proéminente de la livraison du lait, il est difficile de vivre sans avoir un troupeau de taille conséquente, donc beaucoup de mises-bas.
Structurer la filière viande caprine : un impératif économique
Émilie aimerait pouvoir engraisser ses chevreaux à la ferme, car elle trouve difficile de les voir partir si jeunes, mais elle doit alors faire face à un dilemme et quelques questions se posent :
- Soit transformer progressivement son système pour passer plus de volumes de lait en transformation fromagère, afin d’être capable petit à petit de réduire la taille de son cheptel. La transformation permettant à la ferme d’ajouter davantage de valeur au volume de lait produit (3 €/l contre 1,20 €/l), tout en ayant moins de chevreaux qui naissent, il sera plus facile d’envisager sereinement leur engraissement à la ferme. Cela impliquerait tout de même d’être en capacité de transformer davantage de lait en fromage, de pouvoir le vendre, d’aménager les bâtiments et le cycle de pâturage pour accueillir les chevreaux… et aussi, in fine, de pouvoir abattre et vendre ces chevreaux.
- Soit trouver un moyen de réduire le nombre de mises-bas, sans trop transformer sa production et son mode de commercialisation, par exemple grâce à la lactation longue. Cependant, Émilie s’est déjà posée la question : cela engendrerait plusieurs problèmes relatifs à la structure de la ferme puisqu’il faudrait faire des lots, ce qui nécessite de la place dont ils ne disposent pas actuellement. De même, il faudrait sélectionner des chèvres performantes et saines, pour éviter le risque que leurs mamelles s’atrophient. Et enfin cela exigerait d’être présent même en hiver, ce qui imposerait une charge de travail supplémentaire. Il faudrait également trouver la place et l’équipement nécessaire pour engraisser ces chevreaux, ainsi que les débouchés pour leurs ventes.
Émilie se pose aussi la question de tendre vers un système 100% fromager, qu’elle juge plus résilient, nécessitant un plus petit troupeau, même s’il suppose d’accentuer l’alimentation au pâturage, de développer la transformation à la ferme et la vente en direct. Cela supposerait de transformer radicalement son système, de modifier les bâtiments, le labo, de se former sûrement, mais après tout pourquoi pas ?