Qualité toxicologique de la cire en apiculture : que s’est-il passé depuis 2016 ?

Publié le : 14 février 2019

La journée technique sur la qualité toxicologique de la cire organisée par l’ADA AURA et AgribioDrôme le 6 décembre 2018 a rassemblé plus d’une centaine de personnes. Apiculteurs, ciriers et distributeurs ont pu faire le point sur les avancées en matière de réglementation, prise en compte de la problématique en agriculture biologique, santé des colonies, bonnes pratiques et techniques alternatives. Retour sur les présentations de la journée.

L’enquête administrative sur la filière cire

Suite aux remontées du terrain et à la journée technique organisée en 2016, la Brigade Nationale des Enquêtes Vétérinaires et Phytosanitaires (BNEVP – DGAL) a mené une enquête administrative sur la filière cire. Ainsi, ce sont 43 contrôles qui ont été réalisés chez des professionnels (ciriers, distributeurs et importateurs). Ces investigations ont permis d’identifier des points critiques dans la fabrication des cires, de proposer des mesures correctives et d’initier des actions coercitives (dépôts de dossiers judiciaires suite à des suspicions de falsifications/tromperies).

L’enquête a permis de mettre en lumière l’adultération des cires à usage apicole par l’ajout de graisses animale ou végétale et cires d’origine minérale ou synthétique. De plus, il apparaît que de nombreux professionnels ne maîtrisent pas les procédés de fabrication.

La prise en compte de la problématique des cires en apiculture biologique

Depuis 2016, un groupe de travail dédié à l’apiculture s’est mis en place à l’INAO (Institut en charge des signes officiels de qualité et d’origine dont l’agriculture biologique). La réglementation indique que la cire doit être « issue de l’agriculture biologique ». Dans le contexte actuel de disponibilité et de contamination de la cire, il est possible de demander une dérogation pour utiliser de la cire conventionnelle d’opercule sous certaines conditions (dont l’absence de toutes substances interdites en AB). A partir des résultats d’analyses disponibles (fournis par les organismes certificateurs et l’ADA AURA depuis 2016), une liste de 40 molécules a été validée ainsi qu’un seuil unique pour toute ces molécules de 0,05 ppm net (0,05 mg/kg).

Enfin, le groupe de travail formule diverses propositions : privilégier les techniques alternatives (cadre à jambage), ne recycler que la cire d’opercules, travailler avec des sources fiables présentant des garanties de lots, effectuer des analyses toxicologiques.

Liens entre la qualité des cires et la santé des colonies

Différentes études montrent que la qualité des cires est un des facteurs essentiels à la bonne santé des colonies.

La présence de contaminants de type pesticides induit par exemple des effets délétères sur le développement et la survie des larves, et la longévité des abeilles adultes (Judy Y. Wu, 2011). De plus, la présence de pesticides augmente la sensibilité des abeilles aux pathogènes (Judy Y.Wu,2012). Enfin, l’ajout d’agent de coupage (paraffine, stéarine…) dans la cire engendre également des mortalités de couvain (Reybroeck, 2017).

L’ITSAP – Institut de l’Abeille et l’INRA se sont saisis de la problématique et depuis 2018, une étude (Cire²) est menée afin de définir des seuils toxicologiques de référence permettant aux apiculteurs, ciriers, certificateurs et revendeurs de qualifier la qualité toxicologique des cires sur la base des résultats d’analyse chimique.

Pour répondre à cet objectif, des seuils de toxicité pour les ouvrières et les reproducteurs seront définis à partir de données expérimentales. Des indicateurs de risque seront testés afin de définir les seuils à partir desquels la contamination de la cire affecte le développement du couvain d’ouvrières, la survie des larves d’ouvrières, la longévité des ouvrières et la qualité des reproducteurs. Enfin, ce projet vise ainsi à établir un référentiel toxicologique sur lequel les parties prenantes de la filière apicole pourront s’appuyer pour mieux gérer le risque lié à la contamination des cires.

Observatoire régional de la qualité toxicologique des cires : quel bilan ?

Un observatoire régional de la qualité toxicologique des cires a été mis en place par l’ADA AURA à l’automne 2018 dans l’objectif d’avoir d’un état des lieux toxicologique de la cire introduite dans les colonies de leurs adhérents et de disposer d’une base de données au niveau régional sur la qualité des cires dans les exploitations apicoles et dans le commerce.

Pour cela, trois types d’analyses ont été réalisées sur chaque échantillon par deux laboratoires  :

  • une première analyse multi résidus (173 molécules recherchées dont 18 fongicides, 19 herbicides, 92 insecticides/acaricides) afin d’avoir une idée de la contamination globale des échantillons,
  • une analyse spécifique aux acaricides utilisés en apiculture (11 molécules)
  • une détermination des substances adultérantes (14 substances).

Au total, 56 échantillons ont été analysés : 282 détections de résidus, 33 molécules retrouvées et 1 cire gaufrée de 1990.

De plus, des entretien avec les apiculteurs ayant participé ont été réalisés afin de connaître « l’historique » de chaque échantillon (sanitaire, environnements autour des ruchers et parcours de transhumance, gestion interne de la cire, etc.). L’objectif étant de mettre en évidence un lien entre une contamination et les résultats d’analyse de chaque échantillon. Ce travail d’observatoire sera renouvelé tous les ans à l’automne.

Des ateliers à la carte pour approfondir et des stands pour échanger

L’après-midi de la journée du 6 décembre a proposé aux participants diverses interventions et stands pour partager des retours d’expérience, améliorer la gestion de sa cire sur son exploitation, échanger autour des alternatives à l’utilisation de la cire gaufrée…

Un guide sur la qualité toxicologique de la cire en apiculture

La FNAB et l’ADA-AURA ont rédigé un guide sur la qualité toxicologique de la cire en apiculture.

Ce guide est le fruit de deux années de collecte de références bibliographiques, de contacts avec différents acteurs de la filière, d’échantillonnage de cire et de témoignages d’apiculteurs.

Les aspects règlementaires, sanitaires, techniques et pratiques sont abordés dans ce document qui doit permettre aux apiculteurs d’être plus avisés sur ce qu’ils introduisent dans leurs colonies et la meilleure façon d’éviter les difficultés dans les exploitations.

  • Voir ICI pour en savoir plus.

Des ateliers à la carte pour approfondir et des stands pour échanger

L’après-midi de la journée du 6 décembre a proposé aux participants diverses interventions et stands pour partager des retours d’expérience, améliorer la gestion de sa cire sur son exploitation, échanger autour des alternatives à l’utilisation de la cire gaufrée…

 

Atelier Intervenant
Indicateurs de qualité de la cire d’abeille et Points de vigilance à observer avant l’achat de cire Jean Paul Martinet (BNEVP)
Fonte de la cire, les points essentiels à retenir Thomas Mis (Apiculture Remuaux)
Création d’une CUMA pour le gaufrage des cires Hervé Blanchard et Benjamin Guilbault
Renouvellement des cires lors de la conversion en AB Antoine Gueidan (FNAB)
Observatoire de la qualité des cires en Auvergne Rhône Alpes Victor Denervaud (ADA AURA)
Stands Intervenants
Le développement technique en apiculture ADA AURA et FNAB
La réglementation en AB Gisèle Larrieu (INAO) et Sylvaine Lartigaud (Alp’contrôle)
Les trucs et astuces des apiculteurs Michael Sabatier, Dominique Cambie, Romain Potier