Cire issue de l’apiculture biologique : ce que dit le règlement

Publié le : 25 octobre 2018

Point réglementaire

En apiculture biologique, la cire a un statut réglementaire particulier, elle n’est pas considérée comme un produit agricole et ne peut pas être certifiée « biologique ». Cependant, le règlement (CE) n°889/2008 impose que la cire provienne d’unités de production biologique. Elle doit être contrôlée comme étant « utilisable en agriculture biologique ». Il n’existe pas d’autres conditions réglementaires sur la cire telles que des seuils réglementaires tolérés en résidus de pesticides/produits de traitements vétérinaires ou des conditions sur le type de cire à recycler (cires provenant d’opercules, de cadres de hausses ou de corps).

De plus, il est possible que des cires de cadre de corps utilisées en apiculture conventionnelle et ayant accumulé des substances dont l’utilisation est interdite en production biologique rejoignent le circuit des cires en production biologique après la période de conversion d’un an. Il se pose alors la question de savoir comment distinguer une cire utilisable en apiculture biologique d’une cire conventionnelle sachant qu’aucun seuil en résidus n’est défini.

La nouvelle règlementation européenne sur l’agriculture biologique qui rentrera en application au 1er janvier 2021, propose, dans la dernière version du projet, l’entrée de la cire dans le champ règlementaire du cahier des charges. On pourra ainsi bientôt parler de cire biologique, sans utiliser un abus de langage.

La filière cire « biologique »

Le marché de la cire biologique souffre encore plus des difficultés d’approvisionnement que celui de la cire conventionnelle. Les apiculteurs installés depuis plusieurs années réussissent à atteindre l’autonomie en cire. Ce sont les apiculteurs nouvellement installés ou augmentant leur cheptel qui peinent à trouver des cires « biologiques ». Cependant, il existe des dérogations permettant d’utiliser de la cire conventionnelle en cas de pénurie de cire « biologique » sur le marché (Anonyme 2008). Toutefois, on constate de nombreuses limites à ces dérogations : la cire utilisée doit provenir uniquement des opercules des cadres de hausses et l’apiculteur doit apporter la preuve de l’absence totale de résidus dans la cire conventionnelle (bulletin d’analyses multi-résidus). Or, il apparaît aujourd’hui difficile de trouver une cire respectant ces critères et cela nécessite la réalisation par l’apiculteur d’analyses potentiellement coûteuses sans garantie de résultats.

L’évaluation de la conformité des cires « bio » par les organismes certificateurs : un manque de référentiel harmonisé

Les opérateurs en production biologique (apiculteurs et ciriers) sont contrôlés par des organismes certificateurs (OC) qui s’assurent du respect des règlements (CE) n° 834/2007 et n° 889/2008, notamment l’utilisation de cire certifiée « utilisable en production biologique ». Pour ce faire, ils réalisent des vérifications documentaires ainsi que des analyses de cire multi-résidus visant à rechercher des acaricides, des pesticides ou des antibiotiques. À titre d’exemple, l’un des OC effectue des analyses de cire pour 10% des apiculteurs audités. Les prélèvements peuvent être effectués sur des feuilles gaufrées stockées, de la cire de cadre de corps de la ruche ou de la cire d’opercules des cadres de hausses. Les résultats des analyses sont interprétés grâce à des seuils établis en interne par les OC eux-mêmes. Les seuils utilisés sont confidentiels, propres à chaque OC et ne sont pas communiqués aux acteurs de terrain.

Évolutions règlementaires : des réflexions en cours en France

Le Comité National de l’Agriculture Biologique (CNAB) de l’INAO a missionné le groupe de travail spécifique Apiculture biologique en 2017 et 2018 pour formuler des propositions concernant la cire biologique : réflexion sur les résidus à rechercher, les seuils de tolérance et l’impact sur les abeilles et les produits de la ruche, avec l’éclairage du Dr Klaus Wallner (Université de Stuttgart) et de l’ADA-AURA. Des évolutions sur la gestion de la dérogation pour l’achat de cire conventionnelle d’opercule seront proposés au CNAB de l’INAO en décembre 2018.

 

Anticipez vos achats de cire !

Face à une demande soutenue de cire utilisable en agriculture biologique, le manque d’offre entraîne des risques sur la qualité des approvisionnements et une hausse des prix. Compte-tenu des enjeux pour les exploitations apicoles dépendantes de ces achats extérieurs, il s’agit d’anticiper votre approvisionnement 2019 en privilégiant de la cire bio issue d’un circuit sécurisé et tracé. A défaut, demander à votre Organisme Certificateur une dérogation pour l’achat de cire conventionnel avec analyse (au titre de l’Art.44).