Sébastien Beaury et Claire Proust – Caprin lait et PPAM – Indre-et-Loire

Sébastien Beaury et Claire Proust se sont installés en 2009 sur la ferme du Cabri au Lait,  en élevage caprin fromager et plantes aromatiques et médicinales bio, à Sepmes (Indre-et-Loire).

La ferme en quelques dates

  • 2009 :  installation en bio
  • 2010 : transformation des premiers fromages
  • 2012 : démarrage de la ferme pédagogique
  • 2014 : démarrage de l’activité PPAM
  • 2016 : certification Nature & Progrès

Pouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques mots ?

Sébastien : Claire et moi nous sommes installés en 2009. S’installer en bio était pour nous une évidence. Nous n’étions pas issus du milieu agricole, cela n’a donc pas été simple. Nous avons cherché des terres, on a repéré plusieurs fermes, dont une qui nous a été indiquée par le maire et qui n’était pas à vendre au départ. Nous avons négocié avec les propriétaires, qui exploitaient  les terres. Ils ont  accepté de nous en vendre une partie.

C’est grâce à la Foncière de Terre de Liens et à la mobilisation citoyenne que nous avons pu nous installer sur ces terres, grâce aussi à une banque alternative, la Nef, qui nous a suivis dans notre projet alors que les autres refusaient de le faire ! Terre de Liens nous loue 22 ha de terres, et nous avons acheté les bâtiments d’exploitation, et la maison d’habitation avec un peu de terres autour.

Comment s’est passé le démarrage de votre activité ?

Sébastien : Les premières chevrettes sont arrivées au printemps 2009, nous avons aujourd’hui 90 chèvres. La première saison, nous avons vendu le lait à une laiterie, car nous n’avions pas l’équipement pour le transformer nous-mêmes. Nous avons mené les premiers essais de fromages en 2010. Depuis 2011 nous transformons tout le lait à la ferme. Nous produisons des yaourts, du fromage de Sainte-Maure et du Cabri rond, du fromage frais aux herbes, de la tomme et de la confiture de lait, certifiés en agriculture biologique.

Lors de mon installation, mon objectif était d’être mon propre chef d’entreprise, afin de maîtriser mon travail de A à Z. La transformation trouve donc toute sa place dans ce système et c’est intéressant économiquement pour une petite ferme à taille humaine : en transformant nous-même, on garde la plus-value, on valorise mieux.

Nous avons été accompagnés dans toute cette démarche par l’ADEAR pour le montage du projet, puis par le GABBTO et surtout les collègues qui m’aident à progresser. Je veux souligner aussi le soutien des consommateurs, qui ont été avec nous dès le début, qui nous ont aidé à faire les premiers travaux, et cela avant même que nous soyons en mesure de livrer les AMAP. L’agriculture biologique, c’est comme une grande famille, on y trouve un soutien moral et un réseau qui favorise les échanges entre professionnels et avec les consommateurs.

Depuis, vous avez fait d’autres changements sur la ferme, comme l’ouverture de l’accueil à la ferme…

Claire : Nous avons ouvert en 2012 une activité de ferme pédagogique, puis un atelier de plantes aromatiques et médicinales en 2014.

Sachant que nous serions moins mobiles que par le passé, nous avons décidé de proposer de l’accueil à la ferme. Rester ouverts aux autres, ne pas se laisser isoler par le travail est important à nos yeux et accueillir à la ferme est un moyen évident d’atteindre cet objectif.

J’ai l’expérience de l’animation depuis mes 16 ans et cet atout nous permet de développer pleinement cette activité.

Nous recevons également de nombreux stagiaires et woofers désireux de découvrir le monde agricole, une ferme biologique, les chèvres et les plantes..

Nous recevons des visiteurs presque toute l’année, de février à novembre, entre 2 à 3 groupes par semaine. En 2016, cette activité de ferme pédagogique représente 3.500 personnes pour 40 à 50 journées de travail. C’est une activité importante de la ferme qui nécessite des moyens humains. Nous avons donc recours ponctuellement à des saisonniers..

En 2017, notre ferme s’engage dans la qualification « Accueil Tourisme et Handicap » pour valoriser notre volonté d’adapter nos visites et ateliers à tous.

Comment fonctionne l’atelier PPAM (Plantes à parfum, aromatiques et médicinales) ?

Claire : En 2014, nous avons ouvert un atelier PPAM « Les Jardins du Cabri ».

C’est un atelier dont je m’occupe plus particulièrement avec l’appui de Sébastien pour les cultures. Cet atelier ne faisait pas partie du projet initial mais notre sensibilité aux plantes, au jardinage et notre jardin pédagogique nous ont conduit vers cette nouvelle activité.

Après une formation en « Production et transformation de PPAM bio » dans la Vienne pendant un mois, nous avons commencé la cueillette, le séchage et la transformation de plantes aromatiques et médicinales.

La construction du séchoir et de l’atelier de transformation a fait l’objet d’un financement participatif via la plateforme Zeste, pour aménager un bâtiment de 50m², inoccupé et en mauvais état. Ce bâtiment nous sert aujourd’hui pour l’accueil des groupes, l’atelier de transformation des PPAM, et nous le prêtons occasionnellement aux structures associatives dans lesquelles nous sommes impliqués comme l’ADEAR, Nature et Progrès…

Je produis une gamme assez large avec une quarantaine de références : hydrolats, eaux florales, tisanes, sels aux herbes, sucre aux fleurs, macérât huileux, huiles alimentaires aromatisées aux fleurs ou aux plantes, et confits de plantes et de fleurs. Je fais beaucoup de cueillette, sur la ferme, mais également sur les fermes certifiées biologiques de notre réseau de collègues céréaliers, maraîchers…On arrive à bâtir de vraies complémentarités entre producteurs bio, c’est important !

Comment commercialisez-vous vos produits ?

Sébastien : Tout est vendu en circuit court, principalement par le biais des AMAP, de la vente à la ferme tous les matins, et des marchés-événements. Nous fournissons également une dizaine de magasins bio du département. Les PPAM se sont intégrées aux mêmes circuits de commercialisation que les fromages.

Comment se porte votre ferme au niveau du temps de travail ?

Claire : Nous avons toujours employé une salariée saisonnière, plutôt sur l’atelier fromagerie-élevage, et cette année [2017], on embauchera en complément quelqu’un pour nous aider sur la cueillette des roses et la ferme pédagogique. Nous nous versons un salaire depuis 2015 (prélèvement familial), et j’ai pu réduire mon temps de travail à l’extérieur, avec l’objectif à terme de pouvoir vivre exclusivement de notre travail à la ferme. Nous prenons une semaine de vacances, et deux week-ends par an depuis que nous nous sommes installés.

 

Témoignage issu du guide « Regards croisés en terre naturelle » réalisé par BioCentre en 2013, mis à jour en 2017 par la FNAB.