Benoit Payot et Julie Ledoux – Caprin lait et maraîchage – Alpes-de-Haute-Provence

Pourquoi vous-êtes vous installés en bio ?

Nous n’avons jamais envisagé de nous installer autrement qu’en bio au niveau des pratiques. Nous ne nous voyions pas utiliser de pesticides de synthèse ou piquer nos bêtes systématiquement aux antibiotiques. Pour la labellisation bio, c’était autre chose, mais notre contrat de location particulier (convention avec un parc naturel régional) nous encadre sur ce point et exige une labellisation claire en AB. C’était donc à la fois évident et obligatoire pour nous.

Comment fonctionne votre ferme ? Quel est votre modèle économique  ?

Notre installation repose sur un format particulier. Nous sommes 2 associés en GAEC, locataires de notre foncier (100 ha de parcours et 1 ha de terres cultivables) auprès du Conservatoire du littoral et du PNR du Verdon via une convention d’usage agricole tripartite, ainsi que de notre bâti (bergerie, fromagerie, stockages).
Nous avons ainsi un gros avantage d’installation, avec 0 emprunts car pas d’investissements lourds (les investissements restants à notre charge étant véhicule, tracteur, troupeau, petit matériel de fromagerie et aménagement de la fromagerie, claies, rateliers et autres matériels d’élevage), avec un foncier groupé et cohérent (sans bataille avec des voisins pour l’accès aux terres).
En « contrepartie », nous avons un certain nombre de « devoirs », tels qu’être en AB, participer à la sauvegarde de la race Commune Provençale (la race de chèvre locale, à très petit effectif), avoir certaines pratiques sur les haies, la mise en défens de murs en pierre sèche ou autre patrimoine bâti, et permettre et accompagner l’ouverture de la ferme à de l’accueil pédagogique. Notre activité repose ainsi sur trois pieds : l’élevage de 55 chèvres qui via leur fromage représente la part principale de notre chiffre d’affaire, le petit maraîchage plein champs (production uniquement estivale) et l’accueil pédagogique (sans hébergement).

Nos débouchés de vente sont pour le moment très locaux, avec l’essentiel vendu sur la commune même via marchés, vente à la ferme, restaurateurs, supérette locale. Pour la gamme de produits, sur les fromages, nous produisons du lactique frais, de la tomme, de la fêta, des yaourts, faisselles et tartinades de chèvre. Côté légumes, nous produisons des tomates, courgettes, concombres, aubergines, oignons, ail, fèves, fraises, melons, pastèques, salades, vendus entre fin juin et octobre.

 

Comment avez-vous été accompagnés ?

Nous nous sommes d’abord installé sur cette ferme à 3 associés en février 2015. Depuis, une des associées s’est lancée sur la reprise d’une autre ferme en Ardèche et nous poursuivons à deux. Pour notre installation, nous avons fait appel à l’ADEAR du Var, qui nous a accompagné pour écrire notre prévisionnel économique (PDE). Nous avons ainsi pu toucher des DJA, d’ailleurs à un niveau très élevé car nous sommes en zone de montagne. C’est Solidarité Paysans qui nous a aidé à écrire nos statuts et notre règlement intérieur. Nous nous sommes aussi fait accompagner pour la communication dans le collectif et la gestion de ce groupe de 3 associés. Côté technique, nous avons beaucoup fait appel à des collègues, qui ont été fantastiques, en nous donnant sans compter tous les conseils nécessaires. Nous avons aussi suivi des formations via le réseau Inpact ou encore via Eliose pour l’élevage, ainsi qu’une formation en fromagerie à Actalia, à Carmejane, grâce au financement d’un programme franco-italien (fonds FEADER). Nous avons enfin fait réalisé des analyses de sol via Agribio 04 sur la partie en culture maraîchère.

Pourquoi avoir choisir de vous installer en GAEC ?

Nous avons choisi le statut GAEC, car au niveau installation sociétaire, c’est celui qui collait le mieux à notre situation : associés exploitants, à responsabilité et pouvoir de décision égaux, avec la possibilité de la transparence GAEC pour les aides agricoles et une responsabilité juridique limitée et proportionnelle au capital.

Quelle est votre insertion dans le territoire ?

Nous avons une très bonne intégration dans le réseau des producteurs caprins et maraîchers autour de chez nous. Nous faisons un peu d’échange de coups de main ou de matériel. Nous échangeons également régulièrement des avis sur tel ou tel point technique. Nous avons aussi de bonnes relations avec notre voisinage dans la commune, que ce soient les voisins directs (qui sont très tolérants avec la bêtise de nos patous !), les chasseurs (qui nous préviennent régulièrement de la présence de loups dans le secteur) ou la commune et ses habitants (dont un très bon accueil sur le marché de la commune, pourtant assez compétitifs). J’en profite d’ailleurs pour remercier l’accueil et la gentillesse de tous.

Témoignage recueilli par Gaëlle Caron, Agribio 04