Gonzague Proot – Somme – Grandes cultures et bovin viande

Gonzague Proot fait le choix d’introduire de l’élevage sur sa ferme lors de sa conversion : une démarche globale pour un système durable

Alors que le nombre de fermes d’élevage diminue chaque année (-15% entre 2010 et 2016), Gonzague Proot, agriculteur bio dans la Somme, a décidé lors de sa conversion en 2010 de réintroduire un cheptel de 20 salers allaitant sur sa ferme de 140 ha en grandes cultures.

La ferme en quelques mots

  • SAU : 139 ha

Historique :

  • 1997 : Installation individuelle sur 60ha, reprise de l’exploitation familiale
  • 2001 : Création d’une SCEA sur 300ha en famille sur deux sites à Herleville et Rosière en Santerre
  • 2004 : Reprise de 80ha
  • 2007 : Implantation de 3ha de Miscanthus
  • 2009 : Création de 8 logements sociaux chauffés exclusivement par la biomasse du Miscanthus
  • 2010 : Conversion en bio de la ferme de Herleville (140ha) – Achat d’un cheptel de 20 Salers allaitants pour créer une synergie élevage et terre
  • 2012 : Sortie de la SCEA
  • 2015 : Plantation de 5km de haies via un chantier participatif

Gonzague s’installe en 1997 et s’intéresse à la bio dès 2001. A l’époque l’assolement se compose de blé, betteraves sucrières, pommes de terre, haricots verts et pois de conserve et il n’y a pas d’élevage sur la ferme. Il fait le choix cependant de mettre en pratiques de nouvelles techniques :

  • Non labour sur les cultures de printemps
  • Mulchage
  • Compostage de fumier
  • Mise en place de haies et buissons
  • Redécoupage du parcellaire pour favoriser la biodiversité

Un cheminement complet vers le développement durable

En 2007, Gonzague implante 3ha de miscanthus dans le but de chauffer 8 logements sociaux qui seront chauffés exclusivement avec la biomasse du miscanthus.

Particulièrement sensible aux problématiques environnementales, Gonzague continue son cheminement vers la bio jusqu’en 2010. Il décide alors de réintroduire de l’élevage au moment de sa conversion en bio afin de recréer un équilibre sol – plante – animal. Ce principe est le socle fondateur de l’agriculture biologique. Il favorise l’autonomie des fermes en système polyculture élevage. La ration des vaches est principalement composée de féveroles, avoine, pois fourrager, épeautre ainsi que des déchets de légumes et surtout de l’herbe (prairies temporaires de 3 ans et paturage tournant dynamique), le tout provient à 100% de la ferme.

Il commercialise aujourd’hui 15% de sa production de viande en vente directe dans une zone où l’élevage a fortement diminué ces 15 dernières années.

Gonzague a également fait le choix de planter 5km de haies via un chantier participatif en 2015. Les haies favorisent la biodiversité notamment car elles créent un habitat pour de nombreux auxiliaires, les haies représentent également une protection contre le vent et le gel, font de l’ombre pour les vaches, permettent la production de biomasse, participent à la fertilité du sol grâce au stockage du carbone, luttent contre l’érosion et enfin sont une barrière contre les produits phytosanitaires des voisins non bio.

En plus de Gonzague et son épouse (conjointe collaboratrice), la Ferme du Développement Durable emploie un salarié à plein temps et un saisonnier durant la moitié de l’année ainsi que dix salariés saisonnier pour le désherbage manuel des légumes de plein champ.

 « Une agriculture sans compromission où animal et végétal recréent un cycle environnemental innovant, durable et humain. »

Un cas isolé en région Hauts de France ?

En Hauts de France, ces dernières années, de plus en plus de producteurs réintroduisent de l’élevage sur leur ferme. Les motivations sont diverses : élargissement de la gamme pour les producteurs en vente directe, recherche de solutions au déficit de fertilité des sols ou encore intérêts paysagers. Dans tous les cas, ces initiatives participent à recréer de la cohérence dans les systèmes agricoles en recherchant une plus grande autonomie. Il y a une diversité croissante de producteurs qui se lancent : création de nouveaux ateliers bovins lait, création d’atelier caprins ou ovins en plaines céréalières, introduction de moutons en arboriculture ou l’introduction de volailles de chairs pour disposer de fientes en maraîchage par exemple.

Une démarche globale

L’introduction d’un nouvel atelier d’élevage sur une ferme doit se réfléchir à l’échelle du système et non de l’atelier. L’approche globale permet une plus grande cohérence sur la ferme. Chez Gonzague, l’introduction de l’élevage permet de gagner sur la performance économique de par la moindre dépendance aux intrants et environnementale grâce à l’équilibre sol – plante – animal.