Vu d’Europe : Des outils pour aider les éleveurs de bovins à évaluer le bien-être de leur troupeau

Publié le : 22 avril 2020

L’observation du troupeau par l’éleveur est la clé de réussite de ces méthodes

Guide Bien-être animal – Bioland-Naturland-Demeter (2013)

Guide Bien-être bovins – BioAustria (2016)

C’est l’observation attentive de l’ensemble du troupeau qui est au cœur des méthodes de bonne gestion des bovins bio développées par les organisations de producteurs bio en Autriche et en Allemagne. S’ils peuvent au premier abord rappeler la méthode OBSALIM© (bien connue des éleveurs bio français pour évaluer l’état nutritionnel de leur troupeau), ces deux outils allemand et autrichien se focalisent surtout sur l’évaluation du bien-être animal grâce à la vérification visuelle du respect de critères de santé et de bien-être animal. Plongez avec nous dans le détail de ces deux outils !

Des outils pour aider les éleveurs à offrir un haut niveau de bien-être animal

Si le règlement biologique érige comme principe le respect « des normes élevées en matière de bien-être animal »[1], il ne donne cependant pas toutes les clés pour évaluer le niveau de bien-être dans les élevages bio. Partant de ce constat, des organisations de producteurs bio en Autriche et en Allemagne s’organisent pour proposer aux éleveurs des méthodes à mettre en place facilement dans leur ferme.

En Allemagne, les trois principales organisations de producteurs bio (Bioland, Naturland et Demeter) ont travaillé ensemble à l’élaboration d’un guide commun sur le bien-être animal à destination de leurs adhérents. Ce guide publié en 2013 n’aborde pas uniquement l’élevage bovin : il traite également l’élevage de petits ruminants (caprins et ovins) et des monogastriques (porcs et volailles).

En Autriche, l’association BioAustria a également rédigé en 2016 un guide spécifique sur le bien-être des bovins (plus fourni et détaillé) accompagné d’une grille d’évaluation pour faciliter l’évaluation par les éleveurs.

Il n’existe pas, pour l’heure, de traduction de ces 3 documents en langue française.

[1] Règlement (CE) N°834/2007, Article 3(a)(iv).

BioAustria

BioAustria est l’organisation des producteurs et productrices bio en Autriche. Comme la FNAB en France, elle est l’unique organisation bio à fédérer et à défendre les intérêts & les valeurs des agriculteur-rices bio. Elle compte en 2020 plus de 12 500 adhérents.

BioAustria a développé un cahier des charges différenciant, une marque et un logo pour la valorisation commerciale des produits de ces adhérents.

Bioland - Naturland - Demeter

Il existe 9 organisations de producteur-rices bio en Allemagne. Ces organisations se sont structurées autour de cahiers des charges différenciant, de marques privées et de logos. Toutes ces associations ont à la base un ancrage très régional, mais certaines se sont beaucoup développées et comptent des adhérents sur l’ensemble du territoire allemand, voire à l’étranger. Les 3 principales associations sont Bioland (8150 adhérents en 2020), Naturland (3920 adhérents) et Demeter pour les biodynamistes (1695 adhérents).

Une méthode simple : des critères vérifiables à l’œil nu

Ces deux guides allemand et autrichien sont basés sur la même approche, qui se veut simple et accessible pour les éleveurs.

Les guides recensent des indicateurs de santé et de bien-être animal (BEA) vérifiables directement et facilement par l’éleveur, via l’observation des animaux et de leur environnement :

  • indicateurs liés directement à l’état général des animaux (propreté, plaies/blessures/irritations, état des onglons/boiterie, maladies de peau, qualité du lait, mortalité, etc.) ;

    Indicateur « condition physique » – Guide BEA BioAustria

  • indicateurs relatifs à l’aménagement intérieur des bâtiments (aire de repos de taille suffisante, facilement accessible et suffisamment paillée, état de l’aire d’exercice, luminosité & ambiance du bâtiment, taille et état des box de vêlage, état de la salle de traite, etc.) ;

    Indicateur « état de la litière »- Guide BEA allemand

  • indicateurs relatifs au pâturage (nombre de jours de pâturage, état des chemins d’accès aux pâtures, accès à l’eau dans les pâtures, etc.) ;

    Indicateur « chemin d’accès au pâturage » – Guide BEA allemand

  • indicateurs pour l’aliment et la distribution d’eau (état des silos et des zones de stockage, qualité et disponibilité de l’aliment, état des abreuvoirs, etc.) ;
  • indicateurs spécifiques pour les veaux (santé, hygiène, ébourgeonnage, mortalité, état de la litière, etc.) ;
  • indicateurs sur le comportement des animaux avec l’éleveur (et les humains en général).

Une méthode simple : une évaluation par un code couleur

Feu tricolore – Indicateur « état du pelage » – Guide BEA BioAustria

Pour chacun des indicateurs identifiés, l’éleveur procède à une auto-évaluation basée sur un système de feu tricolore pour situer son élevage par rapport à des données de référence. L’éleveur peut ainsi situer sa conduite d’élevage en fonction des bonnes pratiques attendues en agriculture biologique. De nombreuses photos assorties de commentaires qualitatifs sont également proposés pour illustrer chaque indicateur, afin d’aider l’éleveur à positionner son élevage sur l’échelle tricolore.

Si tous les animaux doivent bien être concernés par la phase d’observation, l’évaluation est quant à elle réalisée sur l’ensemble du troupeau et non par individu pris isolément.

Prenons l’indicateur « état du pelage » à titre d’exemple (voir illustration ci-contre) :

  • L’éleveur observe l’ensemble des individus de son troupeau et comptabilise le nombre d’individus concernés par des zones pelées.
  • C’est le pourcentage d’individus touchés sur la totalité du troupeau qui permet de positionner l’élevage sur l’échelle tricolore. Dans notre exemple, si moins de 15 % du troupeau est concerné, le feu est vert. Si entre 15 et 30 % des individus sont touchés, le feu est jaune. Si plus de 30 % des animaux présentent des zones de pelade, le feu est rouge.

« Avec ce guide, l’éleveur peut évaluer lui-même le bien-être de son troupeau et peut-être améliorer la situation de sa ferme […] mais ce guide ne remplace aucunement les soins vétérinaires ou la modification des pratiques d’élevage éventuellement nécessaires. »

Guide « Bien-être animal – bovins » de BioAustria (2016).

Une méthode qui encourage les éleveurs dans une démarche de progrès

Page Conseil – Indicateur « état du pelage » – Guide BEA BioAustria

Le feu tricolore ne fait pas que positionner l’élevage en fonction de données de références établies. Les couleurs indiquent également si des mesures doivent être mises en place par l’éleveur pour améliorer la situation :

  • vert pour un niveau de bien-être optimal : des améliorations ne sont pas nécessaires ;
  • jaune pour un niveau de bien-être animal acceptable : des améliorations possibles. Dans ce cas, il est rappelé que l’éleveur peut se faire accompagner par son groupement d’agriculteur-rices bio ;
  • rouge pour un niveau de bien-être animal inacceptable : des mesures urgentes doivent être mises en place. Dans ce cas, l’éleveur est invité à prendre rapidement contact avec son groupement bio, voire avec un vétérinaire, pour se faire aider.

Pour dépasser les phases d’observation et d’évaluation, les guides laissent aussi une large place aux recommandations et conseils à destination des éleveurs. Pour continuer avec notre exemple sur l’indicateur « état du pelage », une page du guide vient donner quelques éclairages sur la cause potentielle des pelades (manque de litière, parasite, champignon, etc.), des photos illustrent les différents cas de figures pour aider l’éleveur à diagnostiquer la cause, puis une liste de conseils et améliorations est également proposée.

Pour approfondir :

Toutes les informations et illustrations présentées dans cet article sont issues des guides de bien-être animal allemand et autrichien. Pour l’heure, il n’existe pas de traduction de ces 3 documents en langue française : ils sont uniquement disponibles en allemand.