Médecines alternatives : des vaches laitières au naturel

Publié le : 26 juin 2018

Jean-Michel et Isabelle LEPAGE, éleveurs dans l’Avesnois, utilisent les médecines alternatives pour soigner leurs vaches laitières bio. « C’est grâce aux médecines naturelles que nous arrivons à gérer les maladies et maintenir la santé au sein de notre exploitation » affirme Isabelle.

Les médecines alternatives, aussi appelées « complémentaires », « douces » ou « traditionnelles » recensent toutes les pratiques n’appartenant pas à l’allopathie. Elles s’intéressent aux causes, aux facteurs déclenchant, à la globalité de l’individu et cela à l’aide de moyens naturels.

Une réflexion vers les médecines alternatives qui fait sens lors du passage en bio

Convertis au bio depuis 2009, Jean-Michel et Isabelle possèdent aujourd’hui, un troupeau d’une soixantaine de vaches laitières. Quelques Normandes et des races plus locales comme la Flamande et la Bleue du Nord. Le parcellaire de la ferme est composé de 70 hectares de prairies permanentes, ce qui permet de ravir les ruminants du 15 mars au 15 décembre.

Avant la conversion en élevage biologique, les éleveurs recouraient aux traitements allopathiques sans utiliser d’alternatives. Depuis leur passage en bio, les éleveurs ont adapté leurs pratiques suite aux exigences du cahier des charges bio qui n’autorise les traitements allopathiques que sur prescription vétérinaire et dans la limite maximum de 3 traitements par vache et par an, et aux plans ÉcoAntibio exigeant une baisse de l’utilisation antibiotique.

Des techniques pointues qui nécessitent de solides compétences

Face à ces constats, les « médecines alternatives » se sont révélées une option intéressante pour les deux éleveurs. Jean-Michel et Isabelle utilisent toutes les médecines alternatives mais au fur et à mesure des protocoles, leur connaissance sur le sujet s’est précisé : l’homéopathie était la médecine qui convenait le mieux à leur système. « Je connaissais l’homéopathie car nous l’utilisions sur nous. Quand nous sommes passés en bio, Jean-Michel et moi avions suivies plusieurs formations, c’est alors que j’ai découvert la phytothérapie et l’aromathérapie. Il est parfois difficile de trouver le bon remède mais l’expérience vient en persévérant. Cependant, se former reste impératif pour utiliser correctement les médecines alternatives. Ce n’est pas parce qu’elles sont appelées « médecines douces » qu’elles sont inoffensives ! Par exemple, certaines huiles essentielles sont hépatotoxiques, neurotoxiques, néphrotiques, allergisantes, photosensibles, dermocaustiques et hormon-like » nous apprend Isabelle.

Les médecines alternatives présentent de nombreux intérêts

  • Environnementaux : elles respectent la nature, luttent contre l’antibiorésistance et permettent surtout la mise en place d’actions préventives (« mieux vaut prévenir que guérir »)
  • Économiques : elles réduisent les coûts vétérinaires. En effet, les médecines alternatives sont moins onéreuses (ex : un tube d’homéopathie de 80 granules coûte de 1,89 € à 2,35 €)
  • Sociétaux : elles répondent aux attentes des consommateurs désireux de consommer des produits plus sains, sans traitements chimiques
  • Le respect du bien-être animal : le traitement est naturel et son application, rapide. Elle réduit en outre la contention.
  • Le bien-être de l’éleveur : il est plus autonome et ne manipule pas de produits chimiques.

Aujourd’hui, à l’heure de l’industrialisation agricole, Jean-Michel et Isabelle LEPAGE disposent d’un système assez particulier qui été très répandu en 1945 et que l’on retrouvait plutôt en zone montagneuse, il s’agit de l’étable entravée [1]. Lors de la traite, les vaches sont immobilisées grâce au système d’attaches canadiennes. La soixantaine de vaches laitières est branchée à l’aide de 8 pipelines qui sont directement reliées au lactoduc qui l’est lui-même au tank à lait. « Avec ce système, l’homme est physiquement plus proche de l’animal contrairement aux salles de traite et aux robots. J’utilise l’homéopathie car je la trouve plus précise, il faut se poser la question de quelle est la cause de la maladie ou du mal être de l’animal. C’est en observant, manipulant et touchant l’animal que j’arrive à adapter mon traitement. Grâce à cette réflexion, je finis toujours par trouver la cause » nous explique l’éleveuse.

[1] Le futur règlement européen de l’agriculture biologique n’autorisera ce système que pour les exploitations de moins de 50 bovins adultes.

 

Pour aller plus loin :

De nombreuses thérapeutiques existent, les plus courantes en élevage sont la phytothérapie, l’aromathérapie et l’homéopathie.

La phytothérapie

C’est l’utilisation thérapeutique des principes actifs naturels contenus dans les plantes. On utilisera sous forme fraîche, sèche, d’extraits ou de teinture mère l’intégralité ou une partie de la plante (racines, feuilles, fleurs…).

Il existe différentes manières d’utiliser les plantes :

En tisane, on utilise la plante fraîche, sèche ou hachée. Les principes actifs sont extraits par l’eau bouillante. On distingue trois modes de préparation : en infusion, en décoction et en macération. En plante sèche ou en poudre de plante, cela peut être intéressant pour l’incorporation dans les condiments minéraux ou en mélange avec un aliment appétant. En teintures mères, c’est une macération alcoolique réalisée avec la plante fraîche dans de l’alcool (60 à 90°).

L’aromathérapie

C’est l’utilisation des huiles essentielles dans un but thérapeutique. Elles peuvent s’utiliser par voie cutanée, orale, nasale, auriculaire, vaginale ou rectale, en préventif comme en curatif. Pour obtenir l’essence d’une plante, on la distille. Pour les agrumes, on réalise une « expression ». Enfin, pour certaines plantes dont les fleurs sont trop fragiles (ex : le jasmin), la distillation est impossible, on procède alors à un enfleurage.

L’homéopathie

L’homéopathie a été créée en 1796 par le docteur allemand Samuel Hahnemann. Elle repose sur trois grands principes :

  • Le principe de similitude : administration de la substance provoquant chez un individu sain les symptômes présents chez l’individu malade.
  • Le principe infinitésimal : les quantités de molécules actives sont extrêmement diluées, plusieurs centaines de fois.
  • Le principe de globalité : le patient est appréhendé dans sa globalité, physique et psychique pour trouver le traitement adapté. Un même virus peut introduire deux corps qui ne réagiront pas de la même manière. Ces éléments sont à prendre en compte. L’homéopathie est une médecine qui individualise le traitement.

Article rédigé par Lucille LUTUN, Chargée de projet médecines alternatives chez BIO en Hauts-de-France.