Augmenter la robustesse d’un troupeau de vaches laitières

Publié le : 10 décembre 2015

Les journées techniques de l’ITAB portant sur la sélection animale en agriculture biologique se sont tenues, il y a bientôt deux ans en région Centre-Val de Loire. Émilie OLLION (thèse à l’INRA, Vetagro Sup) et Luc DELABY de l’INRA de Rennes ont fait part de leurs travaux sur la prise en compte de la robustesse de l’animal et du troupeau. Face à la variabilité du prix du lait et des intrants, face au changement climatique, comment l’éleveur peut intervenir au niveau de son troupeau dans le cadre d’une agriculture durable ? Cet article décrit une conduite, au niveau du troupeau, d’adaptation à des contraintes climatiques et de travail. Cette conduite est issue des travaux de Luc DELABY à la station INRA du Pin au Haras.

 

Intérêt de la diversité des stades physiologiques au sein d’un troupeau

L’équipe du Pin au Haras a montré qu’un troupeau constitué de vaches à différents stades physiologiques est moins sensible à des perturbations qu’un troupeau de vaches ayant des lactations regroupées. Elle a constitué deux lots de neuf vaches chacun. Le lot numéro 1 est composé de vaches au même stade physiologique soit avec des lactations regroupées. Le deuxième lot rassemble des vaches aux lactations hétérogènes. Un mois et demi après le démarrage des lactations du premier lot, les vaches des deux lots subissent des perturbations (voir schéma).

La courbe de lactation de chaque lot figure sur le graphique ci-dessous (trait plein). Une deuxième courbe modélisée représente une estimation de la production des deux lots s’ils n’avaient pas eu de perturbation (trait en pointillé). Suite aux perturbations, le lot numéro 1 de vaches homogènes a produit moins de lait que le deuxième lot hétérogène.

 

Deux vêlages, de nombreux intérêts

À partir de cette expérience, l’équipe de la station du Pin au Haras a mis sur pied une conduite de troupeau avec deux périodes de vêlage : un lot en vêlage de printemps et un autre lot en vêlage d’automne. Il y a donc également deux périodes de tarissement l’une en décembre, l’autre en juillet (voir schéma n°2). La durée de la période de reproduction doit être bien encadrée et durer 2 mois maximum pour chaque lot. C’est la condition pour maintenir ce fonctionnement avec deux lots bien distincts.

Les avantages de cette conduite :

  • Durant les époques de moindre disponibilité en aliment (hiver et été), il y a toujours un lot de vaches taries (besoin réduit).
  • À l’issue de la période de reproduction, les vaches vides peuvent intégrer l’autre lot. Ainsi, elles auront une lactation rallongée et seront remises à la reproduction avec les vaches de ce lot.
  • Cette conduite apporte de la souplesse quant à l’âge de la première mise à la reproduction.
  • La pointe de travail due à une seule période de mise bas est supprimée.
  • Enfin, les livraisons de lait sont étalées sur l’année ce qui correspond aux attentes des laiteries.