Optimiser l’alimentation du troupeau et le garder en bonne santé : la méthode OBSALIM

Publié le : 13 janvier 2015

La méthode OBSALIM (observation des symptômes alimentaires) a été développée dans les années 1990 par Bruno GIBOUDEAU, docteur vétérinaire à Arbois (Jura), passionné de nutrition et de médecines naturelles. Méthode d’observation et de conception des rations alimentaires, elle permet la maîtrise des pathologies, l’expression du potentiel productif des vaches et l’établissement de rations sans gaspillage. Cet article présente les étapes et principes de cette approche systémique de l’alimentation et de la santé des herbivores.

Évaluation de l’état global du troupeau

Quinze ans de travail de terrain et la connaissance pointue de la physiologie du bovin ont permis à Bruno GIBOUDEAU de développer une méthode d’observation des troupeaux de ruminants (bovins dans un premier temps puis ovins et caprins) et de régulation de l’alimentation. La méthode se décompose en quatre étapes.

Observations et diagnostic alimentaire

Pour faciliter les observations au sein du cheptel, un jeu de cartes, mettant en avant les signes cliniques repérables sur différentes parties du corps, a été créé. Dans la plupart des cas, pour être significatif, un signe doit concerner au moins 2/3 des animaux. Seuls quelques signes (métrites, boiteries, urines claires…) sont considérés comme majeurs même si peu d’animaux sont concernés.

Exemple de carte

Une fois les observations réalisées, la phase de diagnostic commence. Un diagnostic valide repose sur au moins trois symptômes alimentaires retenus par le praticien, chacun des symptômes étant associé à une zone différente d’observation des animaux. Ne se baser que sur un symptôme lié à l’examen des bouses par exemple ne suffit pas pour faire un diagnostic OBSALIM !

Les symptômes portent sur les indicateurs suivants :

  • L’énergie fermentescible (Ef) ;
  • L’énergie globale (Eg) ;
  • L’azote fermentescible (Af) ;
  • L’azote global (Ag) ;
  • Les fibres fines (Ff) ;
  • Les fibres de structure (Fs) ;
  • La stabilité ruminale (Sr).

Chaque symptôme se traduit pour chaque indicateur par une note de -2 à +2 (la note d’un symptôme pour chaque indicateur est indiquée sur la carte de ce symptôme). Les notes des différents symptômes sont ensuite additionnées pour chaque indicateur.

Lorsque le diagnostic est réalisé par une tierce personne ou un groupe (type rallye poil) vient ensuite le moment de la « négociation », c’est-à-dire comment l’éleveur, dans le cadre de ses objectifs et avec les moyens dont il dispose en fourrage/concentré, peut modifier la ration du troupeau (ou lot) observé.

Un réglage alimentaire basé sur le respect de la physiologie des ruminants

L’alimentation ne se résume pas à la ration avec des UFL (unité fourragère lait) et des PDI (protéines digestibles dans l’intestin). Pour éliminer les déséquilibres observés, la méthode remet en cause un calcul de ration pour 24 h : « Les normes alimentaires ne nous disent pas tout. L’éleveur, le vétérinaire ou le technicien doit savoir écouter un peu plus ce que « disent » les vaches, les brebis, les chèvres, de leur alimentation pour véritablement piloter les rations à leur optimum… » explique Bruno GIBOUDEAU dans son livre Les vaches nous parlent d’alimentation, complément indispensable au jeu de cartes.

Corriger l’alimentation, c’est revoir parfois l’organisation de la distribution et la composition des rations. Pour qu’un rumen fonctionne bien, il lui faut de la fibre efficace ! L’alimentation doit lui assurer ce tapis fibreux qui va ralentir le transit des concentrés et des fourrages riches en azote ou en énergie fermentescible. L’organisation des repas est également fondamentale. Il est ainsi important pour la remise en place du tapis fibreux de donner du foin qui fasse ruminer une demi-heure au minimum avant la distribution des concentrés. Des réglages plus fins sont bien sûr à opérer en fonction des observations.

L’éleveur doit observer les réponses des vaches qui peuvent être très rapides (en termes de disparition des symptômes et aussi d’amélioration de la production). Il pourra alors juger de la pertinence de son réglage alimentaire et l’affiner si besoin.

Pour aller plus loin

Plus d’informations sur le site Obsalim.

N’hésitez pas à contacter votre GAB qui peut organiser des sessions de formation avec le GIE Zone Verte ou Bruno GIBOUDEAU

« J’utilise cette méthode depuis mon installation en 2006. C’est un outil concret très utile en bio, réaliste et économe. Il permet d’être dans la prévention et d’avoir des vaches en forme grâce à une alimentation adaptée. Une vache en bonne santé, c’est une vache qui produit ! »

« Avec les cartes, tu observes le troupeau, repères les symptômes et ajustes ta conduite. Les cartes rendent la méthode très accessible. Mais de temps à autre, pratiquer ces observations en groupe avec un vétérinaire ou un technicien formé permet de renouveler son regard sur son troupeau, de s’extraire des routines et des habitudes. »

Bruno PASSARD, éleveur laitier bio en Haute-Saône