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En agriculture biologique, les éleveurs doivent s’adapter au cahier des charges qui proscrit les traitements curatifs systématiques. Cela passe par la prévention des maladies et des risques sanitaires. L’observation de ses animaux, l’alimentation, la gestion du pâturage et un logement adapté sont les facteurs principaux à considérer pour une santé animale optimale. Focus sur la méthode Obsalim®.
A partir de l’observation de son troupeau, des yeux, des pieds, du poil, de la robe, des bouses, de l’urine, etc., il est possible d’établir un diagnostic précis de l’état nutritionnel et des besoins de l’animal, puis de corriger ou améliorer les rations alimentaires de vos vaches, brebis ou chèvres.
Un jeu de 51 cartes est à disposition de l’éleveur. Ces cartes sont regroupées par couleur, autant que les 12 « sites » à observer sur les animaux (Figure 1). À chaque symptôme est associée une note jugeant du niveau d’excès ou de déficit sur des critères clés :
Dans un premier temps, il vous faut, face au troupeau, sélectionner les cartes des symptômes les plus visibles et représentées avec au moins trois sites (donc trois couleurs).
Puis, faites les totaux de chaque critère des cartes choisies, afin de hiérarchiser les facteurs limitants ou excédentaires.
Enfin, analysez et interprétez ces facteurs pour corriger et/ou améliorer la ration de ses animaux.
Voici, dans le détail, les différentes étapes à mettre en œuvre – pour chacune, une ou plusieurs cartes peuvent être sélectionnées si le symptôme semble représenté à plus de 75% du troupeau :
Les ¾ du lot ont-ils le même aspect ? La vitalité (port de tête, oreilles tombantes), l’état d’engraissement (l’échine) et la propreté générale sont à observer.
Attention, le diagnostic doit être réalisé sur un lot homogène. Si les primipares sont différentes des autres vaches, il faut faire un diagnostic spécifique sur le lot de primipares.
La croix du Grasset, c’est l’orientation du diagnostic. Cette étape est basée sur l’hygiène du pelage des animaux, observée selon deux axes se croisant sur le pli du grasset (Figure 2 ci-dessous).
C’est une des clés de la bonne valorisation par la flore ruminale des aliments ingérés. Cette stabilité concerne essentiellement le pH qui règle la sélection, le développement, l’activité des différentes populations microbiennes et les vidanges du rumen. Donc la priorité est la régulation du pH, par la gestion des fibres.
Les critères d’observation sont :
Tableau 1. Exemple de l’observation d’un troupeau avec la méthode Obsalim® :
Energie fermentescible Ef | Energie globale Eg | Azote soluble Af | Azote global Ag | Fibres fines
Ff |
Fibres indigestes Fs | Stabilité ruminale Sr | |
Cou tombant | -1 | -1 | 0 | -1 | 0 | 0 | 0 |
Œdème paupière | 1 | 0 | -1 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Urines variables | 2 | 0 | 1 | 0 | 0 | -1 | -1 |
Bouses fibres courtes | 1 | 0 | -2 | -1 | 2 | 0 | -1 |
Bouses élastiques | 1 | 2 | 0 | 0 | 1 | 0 | -1 |
Nez coule | 2 | 1 | 0 | 0 | 0 | -1 | 0 |
TOTAL | 6 | 2 | -2 | -2 | 3 | -2 | -3 |
Une valeur proche de 0 indique un apport alimentaire respectant la physiologie de l’animal, le niveau de production est parfaitement adapté à l’animal. Si tel est le cas, l’éleveur a la possibilité d’augmenter les apports pour augmenter la production de ses animaux, sans risque !
Sinon, il faut réajuster la ration. Dans le cas présenté ci-dessus, il y a un excès d’énergie fermentescible : la ration est trop riche, les bactéries de la panse ne peuvent dégrader suffisamment l’aliment. De plus, il y a un excès de fibres fines dans la ration. Cette dernière présente donc un fort risque acidogène. En ce qui concerne l’azote soluble et global, une carence est relevée.
Pour augmenter la stabilité ruminale, une solution est de diminuer la part de maïs ensilage, dont l’énergie fermentescible est la plus élevée, contre un fourrage plus grossier. Il faut aussi augmenter la part d’azote. Pour cela, il est possible d’augmenter le pâturage (ou l’affouragement en vert selon l’exploitation) de prairies équilibrées en énergie et en azote, soit en graminées et légumineuses.
« Dans la méthode Obsalim®, il n’y a pas de calcul mais simplement du pilotage de l’équilibre de la ration grâce à nos observations du troupeau. Le mieux, c’est de pratiquer en groupe, car face à son propre troupeau, soit on ne voit rien, soit on voit tous les signes, et là on peut paniquer ! D’autres regards sont fondamentaux, et surtout, des préconisations cohérentes par rapport à nos objectifs d’élevage, notre temps de travail, … etc. ».
Article rédigé par le GAB 85 et publié dans le bulletin de la CAB Pays de la Loire de septembre 2018
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