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« Nous sommes trop haut pour avoir des vignes. Et cependant, nous en avons » disait Jean Giono. Le vin de Prébois – le vin du Trièves – a failli disparaitre mais, grâce à une poignée de passionnés, renaît et est maintenant en 100 % bio. Zoom sur ce territoire.
L’association Vignes et vignerons du Trièves (VVT) s’est lancée dans la sauvegarde et la reconquête des coteaux viticoles du Trièves, il y a de cela maintenant 9 ans. Les coteaux voués à devenir des friches, n’étaient plus parsemés que de quelques vignes familiales. Certaines de ses vignes ont été reprises, entretenues par des jeunes d’ici et venus d’ailleurs s’installer dans cet écrin de verdure, créant du lien social avec les anciens qui ne pouvaient plus s’en occuper. Pour améliorer la production des vins locaux, un petit local de vinification partagé a été mis en place par l’association à Prébois.
L’association replantait avec l’aide d’un salarié pour s’occuper de ces vignes délaissées. Ce salarié, c’est Samuel Delus, qui depuis 2004 cherche à s’installer. Après 10 ans d’attente, c’est chose faite depuis 2012 avec une première production en 2014 sur son propre domaine de l’Obiou qui s’étend sur un peu plus de 2 ha de vignes de montagne sur le coteau de Prébois, et qu’il a engagé en bio en 2016. Et ce n’est pas le seul à avoir fait le choix de l’AB, puisque d’autres suivent : Le domaine des P’tits Ballons à Mens avec Pascale et Gilles Barbe, la reconquête du coteau de Brion sur la commune de Roissard par Jérémy Bricka, les vignes de Maxime Poulat aux Bernardes à Vareilles et Jérémy Dubost qui a choisi la diversité dans le choix des coteaux.
Quand vous arrivez dans le Trièves, tout est vert, nature. L’association Terre Vivante se trouve à proximité. Il était donc tout naturel pour ces néo vignerons de s’engager dans une démarche qualitative, respectueuse de l’homme et de l’environnement. C’est ainsi qu’ils ont fait le choix d’une certification en agriculture biologique voire Nature & Progrès.
« Dès le début de l’association, nous voulions aller vers le bio, précise Gilles Barbe, président de VVT. Nous avons donc investi dans du matériel de travail du sol, avec de l’intercep rotatif, une herse rotative, une griffe actisol, un broyeur. Nous ne cherchons pas à faire du labour mais un travail superficiel sur 10 cm maxi, juste pour que la vigne soit bien. » A ce matériel de l’association s’ajoute un peu de matériel acheté ensuite au fur et à mesure par les vignerons, lui aussi partagé afin d’avoir le meilleur outillage adapté aux coteaux, par exemple un treuil pour les vignes plus étroites (1m20) avec une charrue Plumett. Certains vont même jusqu’à fabriquer des outils, telle que l’adaptation d’un cadre avec lames intercep humus associé à des griffes en pâte d’oie. Sur Prébois, les pentes sont légères jusqu’à 20% alors que sur Mens et Brion, c’est plus entre 35 et 40%, et tout cela à une altitude de 800 mètres en moyenne. Assurément le travail se réfléchit différemment.
Un des grands travaux de l’association a aussi été la réinscription au catalogue national du cépage Onchette, cépage autochtone qui a manqué de disparaitre lui aussi. Après une dizaine d’années de travaux en collaboration avec le Centre d’Ampélographie Alpine Pierre Galet et l’Inra, la réinscription est effective depuis le 19 avril 2017.
Article rédigé par Arnaud FURET, ADABio
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