Famille Pignier – Viticulture – Jura

« En gagnant en qualité, on n’est plus dans la guerre des prix »

Viticulture biologique

La ferme en quelques mots:

GAEC du Cellier des Chartreux

Marie-Florence, Antoine et Jean-Etienne PIGNIER

 

  • Montaigu (Jura) – Alt. 296 m
  • 15 hectares de vignes dont 14,25 ha en production,
  • 5 cépages, vente en bouteilles
  • Création du GAEC : 1984
  • Date de conversion : 2002
  • 7 UMO : 3 associés, 2 salariés permanents et l’équivalent de 2 salariés avec les saisonniers

Pourquoi avez-vous fait la démarche de la conversion ?

On a vraiment franchi toutes les étapes : du chimique au raisonné, puis à la bio et à la biodynamie. Dans les années 1980, comme tout le monde on a d’abord appliqué les techniques apprises au lycée agricole. Puis en 1990, grâce à différents techniciens, dont Yves Hérody, et à l’exemple d’un voisin en bio, on a évolué vers l’enherbement et la lutte raisonnée. A l’époque, on n’était pas encore prêt à se passer totalement des intrants chimiques. Ensuite, en 1999, pour améliorer les sols et gagner en qualité, on est passé en bio puis très vite en biodynamie. Beaucoup de grands domaines viennent à la bio afin que le vin exprime réellement le terroir.

 

Marie-Florence, Antoine et Jean-Etienne PIGNIER

Quels sont les changements techniques depuis le passage en bio ?

En biodynamie, le travail est différent. On fait attention à tout, l’état du sol, les tassements… On cherche moins le rendement. Nous avons investi dans un dynamiseur 250 l, dans du matériel pour passer les préparations biodynamiques et dans du matériel pour l’entretien des sols. Afin d’utiliser de faibles doses de cuivre, on associe toujours au traitement des tisanes de plantes comme la prêle ou la reine des prés. On expérimente actuellement des traitements à base de lactosérum. Les résultats sont très prometteurs.

 

Êtes-vous satisfaits de vos résultats économiques en bio ?

Si on était resté avec notre clientèle classique, avec la baisse du pouvoir d’achat et de la consommation de vin, on serait fini ! Avec 30 ans de recul et de toutes les étapes que nous avons franchies, c’est la biodynamie qui nous a apportés les plus beaux changements, le plus en qualité du vignoble et des vins. Et en gagnant en qualité justement, on n’est plus dans la guerre des prix. On a perdu quelques clients mais nous avons ouvert de nouveaux marchés dont l’exportation.

 

Pratiques et résultats techniques

Des rendements entre 25 et 45 hl/ha, volontairement limités (si nécessaire par la vendange en vert).

Rendement moyen : 33 hl/ha

Au printemps, remise en activité du sol par la diffusion d’un préparat biodynamique de bouse de corne. Tout au long de l’année, renforcement de l’immunité des plantes avec un préparat à base de silice.

Maîtrise des maladies cryptogamiques avec 1,2 à 2,5 kg/ha de cuivre métal avec des traitements à 500 g/ha de bouillie bordelaise associées avec des tisanes de plantes.

Quels conseils donneriez-vous à un candidat à la conversion ?

Je crois qu’on a chacun son histoire et son contexte. On n’arrive pas tous au bio de la même manière mais lorsqu’on est prêt, il ne faut pas hésiter à tout mettre en bio dès le début et à intégrer un groupe pour progresser ensemble. Le partage des expériences entre viticulteurs est très profitable. Pour un jeune qui s’installe, il ne faut pas passer trop vite à la biodynamie car elle alourdit le coût de revient au litre. Il vaut mieux attendre d’avoir une bonne assise financière