Structuration de filières PPAM bio locales : quels retours d’expériences et enseignements ?
Retour sur la conférence FNAB du 26/09/2024 au salon La Terre est Notre Métier à Retiers (35)
La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) était présente le 26 septembre 2024 à Retiers (35) sur le salon La Terre est Notre Métier, le salon des professionnels de la bio. Elle organisait notamment une conférence sur les filières PPAM bio françaises, qui visait à partager des retours d’expériences et des enseignements issus d’initiatives de structuration de filières PPAM dans plusieurs régions françaises à destination des conseillers et animateurs de la filière, des producteurs et de leurs groupements et des acteurs et acheteurs de l’aval impliqués.
En introduction, Didier Dorin, Secrétaire National PPAM à la FNAB, producteur et président de la société coopérative agricole BIOLOPAM en Charente-Maritime, a partagé le double constat suivant : d’une part, de nombreux producteurs de PPAM cherchent à identifier et à structurer de nouveaux débouchés pour leurs productions ; d’autre part, des acteurs de l’aval de la filière (herboristes, coopératives, distributeurs…) cherchent quant à eux à sécuriser leurs approvisionnements dans l’objectif de répondre aux demandes de leurs clients d’acheter des plantes bio, locales et de qualité. On note un enjeu fort à accompagner le changement d’échelle de cette filière PPAM bio et à travailler à la structuration des débouchés et du dialogue amont- aval.
Enjeux et motivations des acteurs à se structurer en filières PPAM
Catherine Golden, chargée de mission filières PPAM à la FNAB, a ensuite présenté des éléments issus du projet FIL’PPAM porté par la FNAB et financé par FranceAgrimer en 2023 qui a permis de recenser, décrire et analyser des initiatives de structuration de filières PPAM bio dans plusieurs régions françaises.
L’une des thématiques étudiées dans le cadre de ce projet a été celle des enjeux et motivations des acteurs à se structurer en filières PPAM bio en France.
Concernant les acteurs de l’aval, il s’avère que ceux-ci cherchent à :
- répondre aux attentes des consommateurs (bio, made in France/local…)
- bénéficier d’une meilleure stabilité de la qualité des plantes
- mieux maîtriser la traçabilité des produits
- mieux maîtriser la chaîne de production
Quant aux producteurs, ils souhaitent :
- travailler en collectif et non plus seuls
- mutualiser des moyens de production, limiter les investissements personnels
- élargir les opportunités commerciales via :
- Un volume de production suffisant
- Un point d’identification client unique
- Une gamme plus complète
- améliorer la rentabilité de la production et s’assurer une rémunération correcte
La suite de la conférence a présenté des initiatives et retours issus de ce projet ainsi que d’autres initiatives plus locales.
Se structurer en collectif pour développer ses débouchés en circuits courts, en circuits longs : témoignage de producteurs
Deux témoignages d’actions de structuration de débouchés mises en œuvre par des producteurs, l’un en circuit court dans les Hautes-Alpes, l’autre en filière plus longue en Pays de la Loire, ont ensuite été partagés.
Développer sa vente directe en circuits courts : partage d'expérience de la SAS Aiganha
Crédits photo : Aiganha/ Agribio 05
Le 1er témoignage a été exposé par Coralie Gaboriau, conseillère animatrice PPAM au sein d’Agribio05, au nom du collectif de cinq paysan-ne-s cueilleur-se-s haut-alpin-e-s « Aiganha », créé en 2021 dans l’objectif de travailler et commercialiser ensemble. Les premières années du collectif ont été dédiées à sa structuration : acquisition du matériel en commun, alignement autour de valeurs et objectifs communs, développement d’outils de gestion et de communication… La commercialisation, en vente directe uniquement, s’est davantage développée en 2024 auprès de magasins de producteurs ou spécialisés et lors de marché ou foires. La SAS a permis d’offrir une large gamme, de prospecter plus largement et d’augmenter les ventes. Ce témoignage a permis de mettre en lumière certains facteurs de réussite : se faire accompagner pour mettre en place les bons outils (organisation, gestion des stocks, gestion financière et calcul des prix de revient) et avoir un médiateur pour faciliter la communication et les réunions.
Crédits photos : PAM bio d’Anjou / Delaunay
Le 2ème témoignage a été exposé par Fabien Delaunay, producteur et président de PAM Bio D’Anjou, association de 11 producteurs bio dans le Maine-et-Loire créée en 2011. PAM Bio D’Anjou offre aux producteurs des outils de présentation d’une offre de PPAM regroupée (catalogue, site internet) ainsi qu’une mise en relation entre clients et producteurs ; chaque producteur restant autonome sur la conduite de cultures, la récolte, le séchage, la vente et la facturation. Les profils très variés des producteurs permettent d’adresser différents marchés : semis-gros, tisanes, produit brut qualité herboristerie… Cette structuration en collectif a permis aux producteurs de développer leur commercialisation (via plus de visibilité auprès des acheteurs, une prospection commerciale facilitée, un écoulement des stocks simplifié), d’échanger sur leurs pratiques culturales, et plus largement sur leurs questionnements et préoccupations. Des réflexions sur un potentiel changement de statut juridique et sur la taille adaptée pour le collectif sont en cours.
Accompagner la structuration d’un collectif de producteurs et d’une filière PPAM bio
Enfin, Mégane Véchambre, conseillère en PPAM bio chez Agribio04, est intervenue pour présenter les types d’accompagnement possibles à la structuration d’un collectif de producteurs.rices et d’une filière PPAM bio par le réseau FNAB : animation de groupe, appui technique, appui à l’organisation, mise en relation avec les entreprises de l’aval, appui à la communication, accompagnement à la recherche de financements ou au calcul de prix de revient… Des illustrations par des cas concrets ont été ensuite partagées : en filière longue, l’accompagnement des producteurs fournissant les laboratoires M&L du groupe L’Occitane en PACA dans l’amélioration de leurs pratiques, vers l’agroécologie et le bio, ou encore l’accompagnement sur le prix de revient et l’élaboration des prix de vente d’Arcadie dans le cadre de leur labellisation équitable, en Occitanie et PACA. En filière courte, l’appui des « paysannes-herboristes du bout du monde » en Bretagne dans le lancement d’un marché trimestriel dédié aux PPAM ou encore l’accompagnement de l’association de producteurs.rices de PPAM bio « les Serpettes du Sud » en PACA sur la valorisation et commercialisation de leurs produits.
Didier Dorin a conclu la conférence en soulignant l’élan et l’envie de faire-ensemble qui peut dynamiser certains collectifs de producteurs de PPAM bio, et ce, à l’échelle d’un territoire, d’un département, d’une ou plusieurs régions, en filière longue ou courte. Si le chemin est parfois long, les enjeux multiples, des étapes préalables d’interconnaissance et d’alignement souvent nécessaires, les aboutissements de filières PPAM bio françaises couronnées de succès existent. Ces initiatives sont souvent facilitées par un partenariat avec le réseau FNAB local, et permettent aux producteurs une meilleure valorisation de leur métier, et aux acteurs de l’aval une meilleure maitrise de l’origine, la qualité et la traçabilité de leurs approvisionnements.
Pour plus de renseignements, contactez Catherine Golden, chargée de mission Grandes cultures, semences et PPAM à la FNAB : cgolden@fnab.org