PPAM bio : vers des filières relocalisées, durables et créatrices d’emplois ?

Publié le : 28 juin 2023

Retour sur la conférence FNAB du 21/09/2022 au salon La Terre est Notre Métier à Retiers (35)

Crédit photo FNAB

La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) était présente le 21 septembre 2022 à Retiers (35) sur le salon La Terre est Notre Métier, le salon des professionnels de la bio. Elle organisait notamment une conférence sur les filières PPAM bio françaises, autour de l’enjeu de structurer des filières relocalisées, durables et créatrices d’emploi.

En introduction, Catherine Mahé, Secrétaire Nationale PPAM à la FNAB et productrice de PPAM mécanisées en Mayenne, a rappelé que la filière PPAM bio était en pleine expansion en France, ce mode de production représentant près de 20% des surfaces totales cultivées en PPAM au niveau national. Les structures départementales et régionales du réseau FNAB sont très sollicitées pour accompagner des porteurs de projets candidats à l’installation en PPAM bio, ainsi que pour appuyer les acteurs de la filière cherchant à sécuriser leurs approvisionnements en plantes bio, françaises et de qualité. On note ainsi un enjeu à accompagner le changement d’échelle de cette filière, et à travailler à la structuration des débouchés et du dialogue amont-aval.

La demande en  PPAM bio des acheteurs de l’aval

Caroline Chavrier, technicienne en maraîchage et PPAM au GAB 29, a présenté à ce propos des résultats du projet I3D PPAM financé par France Agrimer et porté par Bio Nouvelle-Aquitaine, sur lequel plusieurs structures du réseau FNAB ont été amenées à collaborer en 2020-21 afin de travailler sur ces enjeux liés à l’Installation, la Diversification et le Développement de la Demande en PPAM Bio. L’un des axes du projet a consisté à caractériser la demande en PPAM bio des opérateurs des filières, en circuits courts et en filières longues, dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes et PACA. Des questionnaires d’enquête et des fiches méthodologiques d’étude de marché ont été construits et mis en œuvre ; une fiche de synthèse sur les leviers et freins pour les entreprises à s’approvisionner en PPAM bio origine France a été produite.

Les motivations principales des structures à se tourner vers un approvisionnement local sont liées à retrouver du lien avec les producteurs tout en intégrant une démarche éthique dans la filière et à répondre à une demande du consommateur. Les freins aux approvisionnements locaux sont plus divers : manque de visibilité sur l’offre, difficulté et complexité pour gérer la logistique, prix plus élevés et absence de certains produits demandés. Les critères de choix et freins éventuels à un approvisionnement en PPAM françaises en circuits longs portent sur la conformité sanitaire des lots, la présence d’une traçabilité, le fait de privilégier des partenariats historiques et de confiance pour sécuriser les approvisionnements, un certain niveau de qualité exigé, et les prix.

Développer sa commercialisation et structurer ses débouchés en circuits courts, en circuits longs : témoignage de producteurs

Deux témoignages d’actions de structuration de débouchés mises en œuvre par des producteurs, l’un en circuit court en Bretagne, l’autre en filière longue en Nouvelle-Aquitaine, ont ensuite été partagés.

Développer sa vente directe en circuits courts : partage d'expérience de Grain de Méliss

      

Crédits photos : Grain de Méliss & Agence 1D2

Le 1er témoignage a été exposé par Gwenole Mell, producteur de PPAM en circuits courts, installé avec sa conjointe Sarah à Hédé Bazouges (35), au sein du GAEC « Grain de Meliss » sur 2ha de SAU dont 1ha de PPAM plein champ et commercialisant l’intégralité de sa production en vente directe. Ce témoignage a permis de mettre en lumière des facteurs de réussite d’une commercialisation en circuits courts : un positionnement clair appuyé sur une étude de marché ; une gestion rigoureuse du temps de travail et de la trésorerie ; un travail sur le prix de revient ; un travail de marketing (packaging, logo, mélanges) et de communication (présence sur les réseaux sociaux et les marchés) pour se faire connaitre.

Développer et structurer ses débouchés en filières longues : retour d’expérience de la coopérative BIOLOPAM

Le 2ème témoignage a été exposé par Didier Dorin, président de la coopérative Biolopam en Charente-Maritime. Ce projet a été initié en 2009 par six agriculteurs rassemblés au sein d’un groupement d’intérêt économique afin de produire du thym biologique. Accompagné par Bio Nouvelle Aquitaine, il fédère désormais 22 producteurs-associés, organisés depuis 2018 en coopérative. Biolopam propose du thym bio pour l’herboristerie, d’autres plantes aromatiques et médicinales et quelques huiles essentielles pour une quinzaine de clients. Didier Dorin a partagé certains facteurs-clés de réussite de ce projet : s’entourer des bonnes personnes/ structures, avoir un leader, s’intégrer dans la filière, maîtriser la conduite de la culture et le séchage, être capable de garantir la qualité (traçabilité, analyses).

Crédits photo : Bio Nouvelle-Aquitaine et BIOLOPAM

 

Joël Labbé, sénateur du Morbihan, est intervenu pour souligner que les attentes sociétales d’une part, et la part encore importante d’importations dans les filières PPAM d’autre part, interpellaient les élus. Il a souligné l’intérêt de construire des filières d’excellence, relocalisées et bio. Concernant les plantes médicinales, il a enfin évoqué l’intérêt d’une structuration des professions de paysans-herboristes et herboristes et le rôle que peuvent jouer les filières courtes. Le rapport parlementaire « Herboristerie et plantes médicinales, des filières et des métiers d’avenir » voté par le Sénat en 2018 à l’initiative de Joël Labbé, confirme ce constat d’une filière dynamique, porteuse de nombreux atouts pour le développement durable des territoires ruraux.

 

Pour conclure, Vincent Segretain, référent dossier filières courtes PPAM à la FNAB et producteur de PPAM diversifiées en Auvergne, a rappelé les valeurs de la FNAB, à l’écoute de la société civile ainsi que son rôle d’accompagner les producteurs dans la structuration de leurs débouchés. Il a salué le travail collectif effectué par différents acteurs à différentes échelles, réunis autour d’un même mouvement, et a rappelé l’enjeu de travailler main dans la main amont et aval, évoquant sur ce point l’intérêt du projet d’interprofession PPAM en cours de structuration.

Pour plus de renseignements, contactez Catherine Golden, chargée de mission Grandes cultures, semences et PPAM à la FNAB : cgolden@fnab.org