Découvrez les pratiques et techniques par filière
La coopérative bio SICARAPPAM située à Aubiat, au Nord de Clermont-Ferrand, a été créée il y a 30 ans par un cueilleur et un cultivateur. Comme ce dernier a quitté la coopérative après quelques années, celle-ci s’est naturellement orientée vers l’activité de cueillette. Ainsi, c’est la première coopérative de cueilleurs professionnels en France.
La coopérative compte aujourd’hui 45 adhérents (provenant d’Auvergne, Lozère, Aveyron, Loire et Haute-Vienne), principalement cueilleurs ou cueilleurs-cultivateurs, mais les orientations changent et la part des cultivateurs augmente.
Depuis quelques années, la coopérative voit son chiffre d’affaire augmenter régulièrement, passant de 400 000€ en 2002 à 1,3M€ en 2016. Selon William Marotte, beaucoup de jeunes cueilleurs sont arrivés il y a une dizaine d’années, motivés et souhaitant vivre de cette activité, en lien avec le boom commercial et médiatique des plantes médicinales.
La SICARAPPAM propose plus de 600 références de plantes, sèches, fraîches ou congelées. Principalement organisée autour de la commercialisation de plantes sèches destinées en grande partie à l’agro-alimentaire (tisanes pour la grande distribution et les magasins bio, vente en gros et demi gros), la production de plantes sèches s’est étendue à l’herboristerie, notamment pour les plantes de culture et se tourne également vers les laboratoires (produits pharmaceutiques, compléments alimentaires).
La Reine des près (9 tonnes de plantes sèches), la vigne rouge (7t) et la gentiane (5t) sont les plantes les plus vendues en 2016. Depuis quelques années, la coopérative commercialise aussi des plantes fraîches (arnica) et jeunes pousses pour la gemmothérapie et les laboratoires (principalement pour de l’homéopathie, en France et en Allemagne). Des préparations sont également destinées à la cosmétologie, à la liquoristerie, mais aussi aux agriculteurs (éleveurs, viticulteurs, arboriculteurs, maraîchers, …) utilisant la phytothérapie sur leurs productions animales et végétales.
Pour en vivre mieux, et parce que la coopérative le demande, les cueilleurs se professionnalisent de plus en plus. 15 des coopérateurs cueilleurs vivent essentiellement de la cueillette. Les autres sont pluriactifs. Certains sont cueilleurs sédentaires et d’autres nomades, cueillant partout en France et en Europe.
Juridiquement, ces cueilleurs doivent avoir une existence officielle pour pouvoir vendre leur cueillette. Ainsi, ceux qui n’ont pas de terre, les « Paysans Sans Terre », se déclarent socialement en tant que cotisants solidaires et doivent, pour avoir un numéro de SIRET et un statut fiscal, être micro-entrepreneur. Les producteurs qui pratiquent la cueillette peuvent commercialiser sous leur statut d’agriculteur ce qu’ils cueillent sur leurs parcelles. En revanche, s’ils cueillent sur d’autres sites, ils doivent eux aussi créer également une micro-entreprise pour vendre. Dans tous les cas, il faut un numéro de SIRET et une certification bio pour travailler avec la SICARAPPAM.
Les cueilleurs, comme les cultivateurs, sont tous individuellement certifiés en bio. Cette certification porte sur les dates de cueillette, les coordonnées GPS des sites de cueillette, les plantes cueillies. La coopérative peut ainsi assurer une traçabilité à ses clients sur la certification en bio.
La coopérative veille aussi aux pratiques des cueilleurs. Une attention particulière est apportée à leur impact sur la nature : la coopérative et plusieurs de ses cueilleurs ont ainsi adhéré à l’Association Française des Cueilleurs qui élabore des règles de « bonnes pratiques de cueillette ». Pour certaines plantes à fort risque de pollution (cynorhodon, ortie, aubépine, sureau, vigne rouge), la coopérative procède à des analyses de lots. En cas de pollution, ils peuvent être vendus en conventionnel, ou sont détruits.
Les apports des cueilleurs sont variables : une moyenne de 2t de plantes sèches/an/cueilleur est nécessaire pour que l’activité soit viable. Certains vont jusqu’à 10t et d’autres se contentent de 200kg (surtout des pluriactifs avec une autre source de revenus).
Pour faire face aux demandes toujours plus nombreuses, et pour assurer une stabilité des volumes disponibles, la coopérative recherche aujourd’hui des cultivateurs, en priorité sur le territoire auvergnat, mais aussi sur toute la France, principalement pour de la menthe verte, menthe poivrée, mélisse, verveine, camomille, cassis, souci…
Chaque coopérateur, cueilleur ou cultivateur contractualise en début de saison avec la coopérative sur un volume et un prix prévisionnel. Comme dans chaque coopérative, il y a une politique d’apport total : les coopérateurs peuvent vendre en direct, mais ne peuvent entrer en concurrence avec la coopérative sur ses circuits de vente.
La SICARAPPAM demande à chacun de ses adhérents de posséder son matériel de séchage. Les cultivateurs doivent être équipés pour l’irrigation, afin de se donner les meilleures conditions pour assurer la récolte.
Certains ont également du matériel de transformation chez eux (coupeuse de type Hache paille) mais ce n’est pas imposé par la SICARAPPAM, qui met à la disposition de ses coopérateurs ce matériel : ils peuvent venir à Aubiat faire leurs travaux d’émondage, de broyage, de sassage.
Aujourd’hui, la SICARAPPAM emploie 5 salariés, mais les cueilleurs restent principalement en charge de la gestion et de la commercialisation avec un responsable pour chaque secteur : plantes sèches, plantes fraîches, gentiane, cultures. C’est aussi un cueilleur qui est en charge de la recherche de nouveaux producteurs pour la coopérative.
Les cultivateurs sont encore peu impliqués dans la gestion de la structure. Cela s’explique probablement par l’historique « coopérative de cueilleurs » de la SICARAPPAM : impliquer plus les cultivateurs et relancer une dynamique autour de ceux-ci n’est pas aisé, mais cela fait partie des objectifs à court terme de son président.
Deux objectifs principaux pour la SICARAPPAM aujourd’hui :
Vous avez besoin d'une information qualifiée (évolution réglementaire, recherches et expérimenations en cours...), organisée par grand système de production ? Abonnez-vous à votre lettre filière !