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Les couverts végétaux sont, en région PACA, de plus en plus insérés par les agriculteurs dans les champs de PPAM, au premier rang desquels la lavande et le lavandin. Si un travail important de recherche et d’expérimentation semble encore nécessaire, les premiers résultats sont prometteurs.
A l’instar des vignerons, quelques producteurs de PPAM se mettent à couvrir leurs sols. La lutte contre l’érosion et l’augmentation des taux de matière organique –faibles en région PACA- sont, comme souvent dans ce type de pratiques, des objectifs recherchés par les producteurs. Depuis le milieu des années 2000, agriculteurs innovants et centres d’expérimentations de la filière ont mis en évidence un autre effet de la présence d’un couvert végétal dans l’inter-rang des plantations de lavande et lavandin : la diminution du dépérissement.
Ce dernier est causé par un phytoplasme véhiculé par une cicadelle. Les suivis comparés de piégeage de cicadelles entre des modalités enherbées de lavandin et des témoins « sols nus » montrent une diminution plus ou moins importante selon les secteurs de la présence de l’insecte hôte du phytoplasme lorsqu’un couvert végétal est implanté.
Les premières expériences ont été menées essentiellement sur des couverts de graminées (triticale, orge ou avoine), suffisamment hauts en paille, pour laisser supposer un effet barrière physique limitant le vol de la cicadelle. Aujourd’hui, les essais se poursuivent et se diversifient. Des légumineuses sont ainsi testées et mises en place dans l’inter-rang des lavandins (sainfoins, trèfles, ers …).
Les résultats vont tous dans le même sens : en présence d’un couvert végétal, le pourcentage de plants dépéris est d’en moyenne 50 % moindre par rapport à un témoin sol nu placé dans les mêmes conditions d’itinéraires techniques et pédoclimatiques (Figure 1).
Outre l’effet « barrière physique » du vol de la cicadelle constaté dans le cas de graminées hautes, les hypothèses permettant d’expliquer la baisse du dépérissement en présence d’un couvert végétal sont nombreuses et restent à vérifier expérimentalement.
La coupure de la monoculture de lavandin que constitue l’introduction des couverts laisse également supposer une diminution des chances pour la cicadelle de trouver sa plante hôte. D’autres hypothèses sont étudiées, comme celles de services écosystémiques plus larges rendus par la présence d’un couvert pouvant abriter des antagonistes de la cicadelle (parasitoïdes, prédateurs, champignons entomopathogènes, etc) ou permettant de modifier l’environnement de culture pour le rendre plus favorable à la vigueur des plants de lavandin, alors moins fragiles vis-à-vis d’attaques.
Par ailleurs, des analyses de sols réalisées par le Parc Naturel Régional du Verdon ont montré les importantes possibilités de nutrition azotée des lavandins, dont les besoins sont modestes, par les couverts végétaux. Le relargage azoté potentiel de différentes stratégies de couvert est également étudié en station d’expérimentation dans le cadre d’un programme CASDAR. Ce projet dit RECITAL, impliquant le CRIEPPAM (Centre Régionalisé Interprofessionnel d’Expérimentations en PPAM) et piloté par l’Iteipmai, s’attache à évaluer les couverts végétaux comme réponse au changement climatique notamment par l’étude de la température et de l’humidité des sols et par la création de références technique sur le stress hydrique des lavanderaies.
Une des premières craintes des agriculteurs provençaux quant à la mise en place de couverts végétaux dans l’inter-rang des lavandes est celle de la concurrence hydrique avec le lavandin. Pouvoir réguler des couverts judicieusement choisis ou les détruire au bon moment est donc un enjeu majeur.
Les études menées par le CRIEPPAM tendent à montrer l’importance de pouvoir réguler le couvert dans une zone comprise entre 20 et 30 cm autour du rang. Un couvert mal maîtrisé peut expliquer des pertes de rendement en huiles essentielles à la récolte, malgré un effet positif sur le dépérissement. Cependant des résultats préliminaires du CRIEPPAM suggèrent aussi que la présence d’un couvert rasant permettrait une meilleure incorporation des pluies jusqu’au rang de la culture, par rapport à un sol nu.
Pour avancer ensemble sur la question, agriculteurs et partenaires techniques se sont réunis notamment autour du projet PEI (Partenariat Européen d’Innovation) « gestion des couverts végétaux sans herbicide en région PACA dans les filières grandes cultures et PPAM ». Piloté par Agribio 04 et démarré en août 2017, ce projet va permettre d’évaluer les performances agronomiques d’une vingtaine de couverts végétaux différents et notamment de caractériser leur capacité de résistance aux stress hydriques. Des plateformes d’essais de couverts ont donc été implantées, complétées par des diagnostics en plein champ de de l’insertion des couverts végétaux dans les rotations des producteurs. Enfin, pour une gestion sans herbicide des couverts végétaux, une réflexion sur le machinisme adapté est engagée en fonction des objectifs des producteurs : détruire un couvert annuel ou simplement maîtriser un couvert pluriannuel. Plus difficile techniquement, cette deuxième solution a le mérite de ne pas risquer l’implantation d’un couvert tous les ans dans des conditions parfois très sèches. Rouleaux-faca, scalpeurs, bineuses, voir même tondeuses ou broyeurs peuvent répondre à ces différents objectifs.
La force de la démarche collective engagée entre les agriculteurs et avec différents partenaires sera d’imaginer, de tester et de diagnostiquer ensemble les innovations pour mutualiser la prise de risque. Rendez-vous donc dans quelques années pour plus de résultats !
Article rédigé par Mathieu Marguerie, Agribio 04 –Bio de PACA et Thomas Costes, CRIEPPAM
Pour en savoir plus sur le projet PEI, voir l’article « PEI Couverts végétaux sans herbicides en PACA : trois ans pour avancer ensemble » sur le site de Bio de PACA
Partenaires du projet : Bio de PACA, Agribio 04, Arvalis, CRIEPPAM, Supagro Montpellier, ISARA, Chambre d’Agriculture 04, Atelier Paysan, Lycées agricoles d’Aix-Valabre et La Ricarde.
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