Couverts végétaux sans herbicide : trois ans pour faire progresser collectivement les pratiques en PACA

Publié le : 24 octobre 2017

Pour les multiples services qu’ils apportent, les couverts végétaux intéressent de plus en plus de producteurs céréaliers et lavandiculteurs en région PACA. Le climat exigeant de la région et les difficultés de gestion sans herbicide de ces couverts ont incité producteurs et partenaires techniques à travailler collectivement sur un projet d’une durée de trois ans.

Un projet partenarial, piloté par les agriculteurs

Se donner trois ans pour progresser collectivement. C’est le pari que font la quarantaine de participants à la réunion de lancement du projet « Gestion des couverts végétaux sans herbicide en grandes cultures et plantes à parfum, aromatiques et médicinales en PACA », le 12 septembre 2017 à Vinon-sur-Verdon dans le nord du Var. Financé par l’Union Européenne, ce projet est piloté techniquement par les groupes d’agriculteurs qui le composent. Ce sont essentiellement des producteurs bio purement céréaliers ou alternant dans leurs rotations de la lavande ou du lavandin avec des grandes cultures. Des producteurs non bio, également intéressés par la thématique de réduction des herbicides et fin connaisseurs des couverts végétaux sont également partie prenante du projet. La grande majorité des producteurs reste encore dépourvue d’accès à l’irrigation. Porté administrativement par la fédération régionale Bio de PACA, le projet est animé techniquement par Agribio 04. Il vise à acquérir des références sur l’implantation, la gestion et la régulation mécanique des couverts végétaux. Le contexte climatique exigeant de la région –printemps secs, étés chauds et secs- peut rendre délicate la levée des couverts et leur production suffisante de biomasse pour espérer en attendre des effets significatifs.

Les actions : plateforme d’essais, suivis en plein champ, et prototypage de matériel

Le projet s’organise en trois grands volets d’action :

  • La mise en place sur trois années consécutives de plateformes de couverts végétaux. En fin d’été, une vingtaine de couverts ont été implantés à deux endroits différents (terres assez profondes de vallée et superficielles, et terres caillouteuses de plateau) représentatifs des conditions de production d’une grande partie des agriculteurs de la région. Afin de quantifier l’impact du stress hydrique sur le développement des couverts, une partie d’une plateforme bénéficie de l’irrigation.
  • Des suivis en plein champ de l’insertion des couverts dans les rotations. Le but est de partager, avec une méthodologie fine de diagnostic, les réussites et les échecs des essais des producteurs. Les essais sont élaborés lors de réunions de partages d’expériences collectives. Comprendre finement les effets produits par les couverts dans les rotations, en tenant compte des contraintes et du matériel des producteurs est un gage de développement durable de ces pratiques. Une attention particulière sera portée aux conditions favorisant un apport azoté maximal des couverts et à l’éventuelle concurrence hydrique observée entre le couvert et la culture de la rotation.
  • Un prototypage de matériel permettant la régulation sans herbicide des couverts. Cette action, encadrée par l’Atelier Paysan et le Lycée Agricole de la Ricarde, vise à élaborer, sur la base des nombreuses innovations déjà réalisées par les producteurs, des prototypes d’outils adaptés à la large palette de pratiques.

L’association de culture et le couvert semi-permanent

Pour des raisons climatiques, les producteurs ont souligné l’impossibilité de réaliser des semis post-moisson et la difficulté de semer au printemps (précipitations incertaines).

Des expérimentations de semis de couverts conjoints avec les céréales ont donc été imaginées. Ces associations se feront à plein (tous les rangs) avec des couverts végétaux peu concurrentiels ou supposés gélifs, pour, dans le dernier cas espérer des fournitures azotées pour la fin de cycle des blés, période critique en bio. Des couverts de trèfles rampants, de gesse ou d’ers, une lentille locale, seront testés dès cette année.

Autres tests à venir, plus périlleux : le semis associé de couverts dans des inter-rang larges de blé, semés 1 rang sur 2, ou 2 rangs sur 3, pour profiter en prime d’un effet bordure sur chaque rang de blé. Dans ces configurations, les couverts ont vocation à être détruits par binage, roulage ou tonte en cours de culture, à différentes dates afin de définir le moment optimal permettant à la fois de maximiser les services apportés par le couvert et d’en minimiser les inconvénients. En lavandin, des expérimentations de couverts de trèfles annuels à l’automne pouvant se re-semer tout seul sont envisagés.

Rechercher dans la convivialité

L’ensemble de ces expérimentations sera suivi par le collectif, via des visites et des réunions régulières en bord de champ ou autour d’une table. Le pari est ici fait que des solutions adaptées aux contraintes et besoins des producteurs émergeront dans un partage convivial d’informations les plus précises possibles. L’expérience des producteurs conjuguée aux apports des instituts techniques et de développement agricole permettra de comprendre les facteurs de réussite des pratiques innovantes venant du terrain, et de trouver des solutions adaptées aux besoins des producteurs. Les lycées agricoles et les écoles d’enseignement supérieur en agriculture sont également associés, afin de transmettre aux futurs conseillers, agriculteurs ou ingénieurs les résultats de cette expérimentation.

Article rédigé par Mathieu Marguerie, Bio de PACA – Agribio 04

Partenaires du projet :

Les agriculteurs, Bio de PACA, Agribio 04, Chambre d’Agriculture 04, Arvalis, CRIEPPAM, ITAB, Atelier Paysan, ISARA, Montpellier Supagro, Lycée agricole de La Ricarde, Lycée agricole Aix-Valabre.