Lutte obligatoire contre Xylella fastidiosa : où en est-on ?

Publié le : 24 janvier 2016

Depuis le premier foyer confirmé en Corse le 20 juillet dernier 2015, la bactérie Xylella fastidiosa fait beaucoup parler d’elle en France. La maladie qui lui est associée, contre laquelle il n’existe toujours pas de traitement curatif, a été décrite pour la première fois sur vigne en Californie en 1887. Elle avait alors détruit environ 14 000 ha de vignobles. Depuis 2013, c’est en Italie qu’elle sévit, où plus de 200 000 ha sont contaminés. Qu’en est-il en France et en Europe ? Le point sur la situation.

 

Oliviers contaminés © Max FRIGIONE / AP / SIPA

Le dispositif européen de lutte obligatoire

Sur une zone de 100 m autour du cas positif :

  • Traitement insecticide (court et moyen terme) et / ou lutte biologique (long terme) contre les insectes vecteurs ;
  • Prélèvement d’échantillons de toutes les plantes pour analyse ;
  • Arrachage et brûlage sur place de toutes les plantes potentiellement sensibles à X. f. quelle que soit la sous-espèce ;
  • Dévitalisation chimique des souches restantes et désherbage ;
  • Désinfection des instruments de coupe, de taille et d’arrachage ;
  • Dans le cas de culture sous abris (serres par exemple), réalisation d’un vide sanitaire accompagné d’une désinfection des structures.

Sur une zone tampon d’un rayon de 10 km autour du plant positif :

  • Interdiction de circulation de végétaux potentiellement sensibles à X.f. ;
  • Interdiction de plantation ;
  • Mise en place d’une surveillance des plantes et vecteurs.

La situation en France

Xylella Zyginidia Scutellaris @ P. Falatico

La France a mis en place dès septembre 2014 un plan d’action national contre Xylella fastidiosa, dont les objectifs sont les suivants :

  • Prévenir l’entrée du pathogène et le cas échéant la détecter au plus vite par des contrôles renforcés à l’importation, des enquêtes de filière, un plan de surveillance renforcé ;
  • Se préparer à gérer une contamination en s’appuyant sur la connaissance de la bactérie, les méthodes d’analyse disponibles, les moyens de gestion disponibles et le plan d’urgence ;
  • Mobiliser les acteurs et communiquer (informations régulières au niveau national et régional, notes dans les bulletins de santé du végétal, informations dans les lieux sensibles type aéroports, ports, etc.).

Le plan de surveillance a été renforcé en 2015.

Le premier cas de contamination a été détecté le 20 juillet dernier en Corse : 299 prélèvements, dont 283 échantillons de polygales à feuilles de myrte, se sont depuis révélés positifs à la sous-espèce multiplex. Les 16 autres prélèvements positifs concernent six plants de faux genêts d’Espagne, cinq plants de Pelargonium graveolens, deux plants de Cytisus racemosus, un plant de véronique arbustive, un plant de Lavandula dendata hybride et un plant de Genista ephedroides.

Un aménagement de la lutte contre la bactérie en Corse

Les mesures à prendre ont été précisées par arrêté préfectoral, conformément à la réglementation européenne, et adaptées à la sous-espèce multiplex : la destruction des végétaux dans la zone infectée concerne les polygales à feuilles de myrte et les végétaux hôtes de la sous-espèce, les végétaux infectés et ceux présentant des symptômes douteux.

De plus, pour lutter efficacement contre l’extension de la maladie, des mesures complémentaires ont été adoptées :

  • Interdiction de plantation, multiplication et distribution de polygales à feuilles de myrte pour une durée d’un an renouvelable ;
  • Recensement de l’ensemble des polygales à feuilles de myrte et encadrement de la destruction ciblée de ceux présentant des symptômes évocateurs de la maladie.

Remarque : un travail est en cours concernant les indemnisations des producteurs par les fonds du FMSE.

Enquête sur l’origine des foyers

Lorsqu’un cas est détecté positif à Xylella fastidiosa, une enquête épidémiologique est réalisée par la DRAAF et la FREDON. Elle vise en priorité à établir la traçabilité amont des plants contaminés via des prélèvements autour de chacun des plants infectés.

Concernant le premier foyer de Propriano du 20 juillet 2015, les plants proviennent d’une pépinière située à 500 m du lieu de plantation qui s’était elle-même approvisionnée dans une pépinière de Toscane en Italie en 2010. Il semble que celle-ci ait fermé depuis.

L’origine du deuxième foyer détecté serait une pépinière du Var : le ministère de l’Agriculture a confirmé le 13 octobre la présence de la bactérie à Nice. Sans attendre, des mesures ont été mises en œuvre pour éviter la propagation de la bactérie (identification des vecteurs sur place, désinsectisation, protection des plantes par filets) : plus de 370 échantillons ont été analysés, tous négatifs pour le moment. Une cellule de crise a été montée au niveau de la Chambre du Var. Les enquêtes se poursuivent, affaire à suivre.

Spécificités corses:

  • 11 insectes potentiellement vecteurs (mais pas la cicadelle verte) ;
  • Plus de 2000 prélèvements de végétaux réalisés ;
  • Majoritairement transmission verticale (plaies de taille ou engins de coupe) ;
  • Uniquement Xylella fastidiosa multiplex dont les plantes hôtes sont entre autres de type prunus, oliviers, chênes, etc.

Pour aller plus loin

Mission d’expertise sur Xylella fastidiosa en Corse, Gilbert CHAUVEL, Astrid CRUAUD, Bruno LEGENDRE, Jean-François GERMAIN, Jean-Yves RASPLUS, 2015

Alerte contre la bactérie Xylella fastidiosa, DGAL – Anses, 2015