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Jean-Luc ORTEGAT, agriculteur bio dans l’Oise, intègre le principe de cultures associées sur son exploitation depuis quelques années. En plus de l’intérêt agronomique, la conduite en mélange lui permet d’améliorer sa productivité et de sécuriser sa production. Le triage à la ferme ouvre également d’autres opportunités de développement et de revalorisation de sa récolte.
Installé en GAEC avec sa sœur et son frère depuis 1991 en polyculture-élevage sur 210 ha, Jean-Luc a commencé la conversion de 55ha en 2001. En 2011, la conversion de l’ensemble des terres est entreprise avec une production 100% bio en 2013. « La bio était un nouveau challenge dans ma carrière et présentait une approche de l’agriculture qui me correspondait plus ». Avec l’installation de son neveu et le désir de Jean-Luc de se focaliser sur les grandes cultures, le GAEC est scindé en deux : 140 ha en grandes cultures avec Jean-Luc et sa sœur ; 70 ha ainsi que le troupeau allaitant (35 mères) avec son frère et son neveu.
L’assolement de l’exploitation est très diversifié avec 11 cultures différentes sur l’exploitation.
Les mélanges représentent près de 20% de la surface :
L’essentiel des associations sont des mélanges binaires à base de céréale/protéagineux avec pour objectif de favoriser la production de la légumineuse à graine. L’exploitation est équipée d’un trieur rotatif 4 grilles ainsi qu’un trieur toboggan pour la lentille.
La première motivation à la conduite en mélange pour Jean-Luc est l’augmentation de la productivité. Les cultures associées permettent une meilleure revalorisation des ressources naturelles dans l’espace (optimisation du couvert pour la luminosité, exploration racinaire différente) et dans le temps (étalement des besoins en fonction des cultures). La production moyenne est 1,27 fois supérieure comparativement à une culture pure. « Je cultive des pois en association avec un peu de triticale. La céréale capte l’azote du sol plus tôt dans la saison, ce qui favorise la fixation symbiotique par la légumineuse. Je privilégie son implantation en fin de rotation ou après une seconde paille ». Le pois et le triticale sont ensuite séparés au trieur rotatif et vendues au détail à un éleveur voisin.
Le deuxième point clé des associations pour Jean-Luc est la gestion de l’enherbement dans la parcelle. Les légumineuses sont plus lentes à l’implantation comparée à une céréale. La conduite en association permet une couverture du sol en début de cycle par la céréale en attendant que la légumineuse prenne le relais. Pour la culture de féverole, cette couverture intervient également en fin de cycle lors de la chute des feuilles. « Habituellement, je cultive mes féveroles de printemps en pur en gérant le salissement par le désherbage mécanique (houe, herse étrille, bineuse). J’ai testé un mélange Féverole/engrain qui a été très concluant et m’a permis d’économiser 5 passages d’outils. »
Le dernier point important pour Jean-Luc est la sécurité qu’apportent les mélanges dans la conduite des protéagineux. Les cultures compagnes offrent un effet tuteur à la légumineuse ce qui évite grandement les risques de verse (lentille/cameline, lentillon/épeautre, pois/triticale). Ce compromis permet de maintenir les protéagineux dans le système de culture et d’améliorer la fertilité dans la parcelle (bon effet précédent). De plus, les cultures en mélange sont plus résilientes face aux incidents climatiques et sont capables de se compenser l’une et l’autre. « Il est rare qu’une année soit mauvaise pour les deux cultures en même temps. On a toujours quelque chose dans la remorque ».
« Aujourd’hui je revalorise essentiellement mes mélanges de pois/triticale et de féverole/orge en alimentation animal. Il me reste toujours des brisures de féveroles ou de pois dans mes céréales que je n’arrive pas à retirer avec mon trieur rotatif. Je pense investir en commun dans des outils de triage plus fin pour les retirer et revaloriser du blé, de l’engrain ou de l’orge en alimentation humaine. De plus, cela me permettra de trier moi-même ma lentille et ma cameline, d’implanter d’autres mélanges comme lentille/lin, féverole/engrain et d’autres encore ! Concernant la charge de travail, le triage fin peut être fait durant hiver pendant les périodes plus calmes »
Article rédigé par Antoine Stoffel, conseiller animateur Grandes Cultures, BIO en Hauts de France
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