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Chantal et Jean-Sébastien GASCUEL sont installés à Gerzat en polyculture avec élevage. Ils produisent leur propre semence, fabriquent leurs aliments, font de la vente directe de mélanges céréales/protéagineux à des éleveurs, cultivent du mélange pour engrais vert… et font de l’agroforesterie. Une recherche d’autonomie à tous les niveaux !
• 80 hectares dans le Puy-de-Dôme
• Elevage de volailles en vente directe à la ferme : poulets, pintades, canettes et oies, environ par an
• Agroforesterie : bois d’œuvre, haie restaurée, haie plantée
Installés depuis 1984, ils passent en bio en 2004. Les terres qui appartenaient à un GFA familial ont été rachetées en 2014 par l’association Terre de Liens, avec un financement participatif.
Sur les 80 ha de terres noires de Limagne, dont 60 ha irrigués, la rotation est : luzerne /luzerne / luzerne / maïs / blé / soja / avoine / orge-pois / tournesol / triticale-fèverole /orge. Avec la stratégie suivante :
Les GASCUEL produisaient déjà une bonne partie de leurs semences en conventionnel et ont continué pour une autonomie maximale sur la ferme. Ils utilisent 80 % de semences de ferme et 20 % de semences certifiées. Ils produisent plus précisement :
Les seules semences achetées actuellement sont le tournesol et le mélange pour engrais vert, et parfois le pois protéagineux.
Ils ont 6 cellules de stockage sous un hangar : 3 cellules de 90 tonnes chacune et 3 autres plus petites. Les cellules de 90 t, qu’ils avaient avant de passer en bio, sont trop grandes pour le système bio plus diversifié et sont en général pleines au tiers. D’où le projet d’adapter leur stockage au bio, avec des cellules plus petites mais plus nombreuses (3040 tonnes par cellule).
Autre amélioration en projet : un système de séchage ou de ventilation séchante permettrait de passer de 18-19 % d’humidité dans les certaines récoltes, à 15 % d’humidité pour une meilleure conservation.
Pour le tri, plusieurs trieurs : un gros trieur rotatif pour la mise en cellules, plusieurs petits trieurs ainsi qu’une table densimétrique pour trier la semence.
Avec un mélange de leur récolte de triticale, orge, pois et féverole, passé au broyeur, ils fabriquent l’aliment pour nourrir les volailles. Mais le taux de protéines dépasse difficilement 19 %. Cela convient aux canards et aux oies, mais pour les poulets et les pintades, il faut 20-21 % de protéines pour avoir une bonne croissance. Ils font des essais pour torréfier du soja pour cela. Les années où il y a assez de pois, féverole et soja, leur mélange convient. Sinon ils doivent acheter un aliment complémentaire. Ils achètent aussi un aliment pour démarrer les poussins.
La luzerne est vendue sur pied à un voisin. La part des récoltes d’orge, triticale, féverole et pois protéagineux qu’ils n’utilisent pas pour les volailles est vendue en partie en direct à des éleveurs sous forme de mélanges, en partie à Bio Agri (pour l’alimentation animale). Le maïs et le tournesol sont intégralement vendus à Axéréal bio (dès la moisson car la ferme n’est pas équipée de séchoir pour le stocker). L’avoine blanche et le soja sont vendus à CELNAT et le blé au moulin de GRIBORI, pour les deux sur échantillon à la récolte en raison des exigences de qualité.
Ils ont démarré l’agroforesterie par la plantation de haies en 1989. Sur la période 1989-2003, 3.5 km de haie ont été plantées ou rénovées autour des parcelles avec le plus souvent une bande herbeuse au pied de la haie. Puis ils se sont mis à l’agroforesterie de bois d’œuvre, avec plantation d’une parcelle de 6 ha en en 2011, puis à nouveau en 2013 et en 2014. Ils ont aujourd’hui 18 ha d’agroforesterie de bois d’œuvre, et un projet de 32 ha supplémentaires.
L’arbre et l’agriculture biologique
« A notre installation, il n’y avait plus un arbre en plaine. Dans les années 80, nous avons replanté des arbres pour des aspects paysagers avant de prendre conscience qu’ils étaient indispensables à la production agricole (protection des vents, refuges pour les auxiliaires, …). L’arbre est indispensable. J’aurais dû en planter plus tôt. »Comment bien démarrer l’agroforesterie ?
« Il faut se déplacer, aller voir plusieurs plantations pour bien définir ses objectifs et partager ses expériences. »Jean-Sébastien Gascuel
Sur 400 mètres et sur 2 lignes, une haie comprend de nombreuses espèces plantées, par exemple :
La plantation sur 2 lignes donne un bon effet brise-vent. Avec l’espacement de 2 m entre les rangs et la plantation tous les 2 m en quinconce, on a une densité qui permet une sélection naturelle des plants.
Après la préparation du sol à la sous-soleuse, déchaumage puis pose de film plastique, viennent les travaux post-implantation : passage de tondeuse entre les rangs d’arbres, puis élagage des arbres.
L’avantage est la production de fruits au bout de quatre à cinq ans, essentiellement pour les guêpes et les hérissons, et le bois de chauffe : en plus de la protection contre le vent, les haies permettent de maintenir la biodiversité (faune et flore) et donnent du bois de chauffage pour le poêle à bois.
Après une phase de formation, de visite de fermes et domaines expérimentaux, et d’échanges entre producteurs en 2010, Jean-Sébastien et Chantal se sont lancés dans la plantation de bois d’œuvre sur 6,70 ha fin 2011, accompagnés par la Mission Haie Auvergne et Frédéric SANTI de l’INRA d’Orléans. Ils ont planté plusieurs espèces : merisier, orme, alisier-torminal, févier d’Amérique, cormier. Pour la production du bois d’œuvre, il faudra attendre 40 à 50 ans minimum.
Les arbres sont plantés en double tous les 9 m pour effectuer une sélection des arbres dans 6 à 10 ans. La densité est de 50 arbres/ha avant sélection et 25 arbres/ha après sélection. Les rangs sont espacés de 25 m (24 m : multiple des outils agricoles et 1 m de bande enherbée).
La préparation du sol se fait à la sous-soleuse puis déchaumage. Viennent ensuite les travaux post implantation : Bois Raméal Fragmenté (BRF) au pied de chaque arbre, suivi manuel plan par plan pour la première année, taille chaque année, broyage sur le rang au coupe fil, sous solage au ras des arbres chaque année. La couverture du sol par les branches broyées (BRF) apporte de la lignine au sol et limite la concurrence des herbes de vis-à-vis de la croissance des arbres. Jean-Sébastien envisage de semer une bande herbeuse en pré-implantation afin de limiter l’enherbement sauvage.
La plantation de la haie et la parcelle d’agroforesterie ont été financée à 80% par le Conseil Général du Puy-de-Dôme (coût : 836 € pour la haie comprenant plants et protection, 1 613 € pour l’agroforesterie de bois d’œuvre). Tout le travail a été réalisé par Jean-Sébastien et sa famille.
Jean-Sébastien et Chantal ont bénéficié de la sélection participative des arbres avec l’INRA d’Orléans pour la plantation de bois d’œuvre, ainsi que d’une sélection possible des arbres post implantation.
Bio 63 – http://auvergnebio.fr/par-departement/gab-63/
Recueil d’expériences d’Agroforesterie en Bio : « Arbre et agriculture biologique. Regards des paysans bio de France »
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