Les cultures fourragères, des solutions variées pour mieux faire face au changement climatique

Publié le : 12 mai 2022

Les évènements climatiques de ces dernières années, avec des sécheresses de plus en plus fréquentes, précoces et/ou tardives, amènent à réfléchir à la production de fourrages pour les élevages de ruminants. Pour fournir une alimentation suffisante aux animaux et sécuriser le système fourrager, l’introduction de cultures fourragères s’est développée.

Photo de méteilTravailler sur l’adaptation du système fourrager n’est bien entendu qu’une piste parmi d’autres, dans une réflexion plus globale sur la résilience de la ferme qui intègre le niveau de chargement, le potentiel des sols, le niveau de productivité des animaux, la spécialisation de la ferme…

Par ailleurs, avec une capacité de production en moyenne supérieure aux cultures fourragères et surtout un faible coût à la tonne de matière sèche récoltée, les prairies naturelles et temporaires restent la base de la production de fourrages. Le prix de revient d’une tonne de matière sèche se situe autour de 20 à 25 €/tonne de MS* pour une prairie naturelle ou temporaire pâturée, de 75 €* pour une prairie temporaire enrubannée, de 55 €* pour une prairie temporaire fanée, de 105 €* pour un méteil fourrager ensilé, et jusqu’à 190 à 220 €** selon l’année pour l’achat d’un foin issu de prairie temporaire.

Il n’y a rien de moins cher que de l’herbe pâturée pour l’alimentation des ruminants, et cela se vérifie chaque année ! Avant toute autre chose, il faut donc tout mettre en place pour s’assurer d’avoir de belles prairies. Toutefois les cultures fourragères peuvent apporter des solutions intéressantes pour adapter son système au changement climatique et le sécuriser davantage, en particulier face aux épisodes récurrents de sécheresse.

Les méteils fourragers y figurent en bonne place : ils se sont largement développés du fait de leur productivité et de la valeur alimentaire du fourrage obtenu. Ces mélanges céréales-protéagineux permettent de produire des stocks de bonne heure au printemps, mais ils peuvent aussi être pâturés. De nombreuses cultures dérobées, semées en fin d’été-automne ou au printemps, peuvent aussi permettre une intéressante production fourragère complémentaire.

Les méteils fourragers

Les méteils fourragers augmentent la période d’implantation de cultures fourragères à l’automne et peuvent ainsi venir compléter des cultures dérobées fourragères. S’ils sont implantés à l’automne et récoltés au printemps, ils permettent de constituer des stocks avant la période sèche. Les méteils fourragers doivent être semés au cours du mois d’octobre : un semis après le 15 novembre pénalise la production. Voyons les différentes stratégies possibles pour en produire.

Deux stratégies possibles pour la production de méteils fourragers

Selon le type d’aliment recherché, en priorité du tonnage ou de la valeur alimentaire, la stratégie sera différente. Si on cherche à obtenir un aliment qui comporte une bonne valeur alimentaire, on optera plutôt pour une coupe précoce, qui se fera au détriment du tonnage. Si on souhaite privilégier le volume produit, on prévoira une récolte « classique », à un stade plus tardif, au détriment de la valeur alimentaire.

1/ Une récolte classique au stade laiteux-pâteux de la céréale

Ce type de fourrages permet de récolter du volume : jusqu’à 8 T de MS/ha. Avec une valeur alimentaire intermédiaire, il doit être destiné à des animaux ayant des besoins limités. La valeur alimentaire moyenne d’un enrubanné se situe autour de 0,75 UFL/kg de MS et de 11% de MAT/kg de MS. Il permet également de refaire des stocks (ensilage, enrubannage). Pour l’enrubannage, il faut prévoir 6 couches minimum de film plastique pour éviter les perforations.

  Quelques exemples de mélanges Dose de semis (en kg/ha)
  Triticale – Pois fourrager 100 – 50
  Triticale – Pois fourrager – Féverole 180 – 20 – 20
  Triticale – Féverole 100 – 100
  Triticale – Avoine – Pois fourrager 80 – 15 – 40
  Triticale – Avoine – Pois fourrager – Vesce 150 – 30 – 20 – 15

Ce dernier mélange, Triticale-Avoine-Pois fourrager-Vesce, est le plus productif. Les trois premiers mélanges ont l’avantage de pouvoir se moissonner, s’il s’avérait que la saison était bonne et qu’il n’était pas nécessaire d’enrubanner le méteil. On peut implanter à l’automne différentes formules de méteils : on garde ainsi de la souplesse quant à l’utilisation future de la culture (en fourrage ou en grains).

2/ Une récolte plus précoce

Avec un mélange pouvant contenir davantage de légumineuses, il est possible de récolter au stade tout début épiaison de la céréale ou début floraison du pois fourrager. On recherche dans ce cas la valeur alimentaire au détriment du volume : prévoir 4 à 5 T de MS/ha. La valeur alimentaire moyenne est de 0,83 UFL/kg de MS et de 16 à 17,5% de MAT selon la proportion de légumineuses dans le méteil. Ce type de fourrage est utilisé majoritairement par les éleveurs laitiers, il est intéressant également en engraissement.

Semis d’automne :

  Quelques exemples de mélanges pour semis d’automne Dose de semis (en kg/ha)
  Triticale – Pois protéagineux – Féverole 25 – 80 – 100
  Triticale – Pois protéagineux – Féverole – Vesce commune – Vesce velue 60 – 45 – 45 – 6 – 3
  Avoine – Féverole – Pois fourrager – Vesce 20 – 80 – 40 – 20
  Féverole – Pois fourrager 100 – 100
  Triticale – Avoine – Pois fourrager – Féverole – Vesce commune – Trèfle incarnat 30 – 10 – 30 – 80 – 10 – 3

Dans ces mélanges, l’avoine et la vesce apportent de l’appétence, le triticale et la vesce du volume de production.

Les semenciers commercialisent des méteils fourragers prêts à semer, tels que : M-Protéique de Jouffray-Drillaud, CS Méteil bio Mix de Caussade Semences, Tritimix de Semences de Provence, Green Spirit Cerealim de Barenbrug.

Semis de printemps :

  Quelques exemples de mélanges pour semis de printemps Dose de semis (en kg/ha)
  Avoine – Pois fourrager 75 – 30
  Avoine – Féverole 70 – 160
  Avoine – Pois fourrager – Vesce commune 50 – 35 – 10
  Avoine – Pois fourrager – Féverole de 20 à 50 – 25 – de 80 à 100

En méteil de printemps, il ne faut pas utiliser la vesce velue.

Il est possible d’utiliser un triticale en remplacement de l’avoine.

Quelques conseils pour le semis et la récolte des méteils fourragers

Méteil fourrager

Tous les mélanges contenant de la vesce sont destinés uniquement à la production de fourrage, et non à la récolte en grains.

Dans les mélanges contenant de la féverole, il est préférable de faire 2 passages pour le semis : un premier pour la féverole déposée à 7-8 cm de profondeur, et un 2e à 3 cm de profondeur pour les autres graines.

Les méteils de printemps peuvent être semés à partir du mois de mars à fin mai. Il faut compter environ 3,5 à 4 mois pour arriver au stade de la fauche.

Pour les semis d’automne, il est conseillé de choisir des variétés à épiaison tardive pour le triticale et l’avoine. La période de semis des méteils fourragers à l’automne s’étale de la mi-octobre à la mi-novembre. Mieux vaut ne pas semer trop tôt pour retarder l’épiaison des céréales, et limiter les maladies et le gel sur les protéagineux. Mieux vaut aussi ne pas semer trop tard pour ne pas pénaliser la production du méteil.

Pour obtenir une bonne conservation de l’ensilage, il faut réaliser un préfanage et viser un taux de 30 – 35% de MS à la mise en silo. Il est conseillé d’utiliser un conservateur à base de ferments lactiques pour acidifier l’ensilage et contrer le pouvoir tampon des légumineuses.

Pour l’enrubanné, il faut atteindre au minimum 40 % de MS pour assurer la conservation, mais il est préférable d’atteindre 50 à 60 % de MS. Les méteils riches en protéagineux ne sont pas bien adaptés à l’enrubannage, du fait de leur teneur élevée en eau et de la difficulté à arriver à 40-50 % de MS.

Les prairies sous couvert de méteils

© Bio Centre

Il est possible de semer une prairie sous un couvert de méteil fourrager. L’intérêt de réaliser ce type de mélange est de sécuriser les semis, ce qui peut s’avérer utile vu les risques de sécheresse que nous connaissons. L’intérêt est de faire du stock avec le méteil, en le récoltant tôt au printemps, et en laissant ainsi la prairie déjà en place se développer par la suite. Cela peut aussi être plus sécurisant et présenter moins d’incertitudes que de casser une prairie pour en semer une nouvelle : pas besoin d’attendre que la prairie soit productive, il est possible de faire du stock dès le printemps grâce au méteil.

Exemple :

  • 25 à 30 kg de semences de prairie à flore variée (fétuque élevée, dactyle, RGA, pâturin des prés, luzerne, TV, TB, lotier possible)
  • Triticale : 130 kg/ha
  • Pois fourrager : 30 kg/ha.

Bien que certains réalisent le semis en un seul passage, il est préférable de le faire en deux passages : les céréales-protéagineux à 4 cm puis les semences de prairie à 2 cm de profondeur.

Ce type de semis (couplant un méteil et une prairie) doit être fait avant le 25 octobre. La céréale protège les légumineuses du froid, notamment la luzerne. Ce type de mélange permet ainsi de semer de la luzerne assez tardivement.

Afin de ne pas pénaliser la prairie qui est dessous, il faudra récolter tôt le méteil (au tout début de l’épiaison du triticale).

Les cultures dérobées fourragères

Semis d’été-automne

RGI – Trèfle incarnat ou RGI – Vesce velue

Cette association est très adaptée pour disposer d’un pâturage de bonne heure au printemps : intéressant quand les stocks hivernaux sont réduits par les sécheresses. Ce mélange est appétent, précoce, productif et le trèfle incarnat n’est pas météorisant. Cette association peut aussi être ensilée.

RGI – Trèfle incarnat

Grace à un système radiculaire exceptionnel, le trèfle incarnat a un effet structurant pour le sol. Cette association permet une large période de semis à l’automne : elle peut se semer jusqu’à fin octobre. Toutefois avec un semis tardif (après mi-octobre), on augmente les risques s’il venait à geler de bonne heure, ce qui diminuerait la production printanière.

De plus si le temps n’est pas propice au printemps pour implanter une culture à la suite, on peut conserver cette association. En coupant le trèfle incarnat au stade bourgeon, il va faire une autre pousse.

Concernant le choix des variétés, Blaza et Aldo sont des variétés intéressantes de trèfle incarnat : précoces et productives, elles s’associent bien avec le Ray-grass d’Italie (RGI).

En RGI, mieux vaut choisir les variétés alternatives de courte durée car elles vont se développer plus rapidement (ce qui permettra d’avoir plus rapidement du tonnage au printemps) : Bartimum, Bartigra pour un pâturage précoce ; Barveloz, Lactimo, Ulrik, Pulse, pour faire du stock. Le semis se fait à 10-12 kg/ha de RGI et 12-15 kg/ha de trèfle incarnat.

Le trèfle incarnat peut être remplacé par de la vesce velue : 10-12 kg de RGI et 10-12 kg de vesce velue. La production semble plus importante avec de la vesce velue et elle améliore la valeur alimentaire du mélange grâce à la teneur élevée en protéines de la vesce velue. Les variétés de vesce velue sont Nickel et Savane pour les implantations de fin d’été et automne, Massa pour les implantations de printemps. Il faut faire attention cependant à la vesce velue, car sa graine est toxique. Il faut donc récolter suffisamment tôt.

Des mélanges de ce type, prêts à semer, sont proposés par les semenciers chez Barengrug, Caussade Semences, Jouffray-Drillaud, Semences de Provence, Carneau.

RGI – Colza fourrager

Ce mélange de Ray-grass d’Italie (RGI) et de colza fourrager peut être semé de juillet à octobre, à une dose de 10-12 kg/ha de RGI et 5 kg de colza fourrager. Ce mélange est destiné à la pâture. Il permet une production de fourrage 2 mois après le semis : une dérobée des plus rapides.

Il est conseillé de réaliser un semis tous les mois pour assurer une continuité de pâturage et de le faire pâturer au fil pour éviter le gaspillage. Faire une transition si les animaux étaient alimentés avec un fourrage sec ou semi-sec avant de pâturer ce mélange.

Concernant le choix des variétés de colza fourrager, on note Bonar, Barsica, Kentan Nova. En Ray-grass d’Italie (RGI), comme pour le mélange précédent, il est conseillé de choisir les variétés alternatives de courte durée car elles vont se développer plus rapidement : Bartimum, Bartigra pour un pâturage précoce ; Barveloz, Lactimo, Ulrik, Pulse, pour faire du stock.

En ovin, compter 1 ha pour 30 brebis et pour un mois, ou 1 ha pour environ 35 agneaux et pour un mois. En bovin, donner 5 m par vache et avancer le fil de 1,5 à 2 m par jour (35 ares/mois pour 10 vaches). Cela permettra de faire pâturer progressivement et d’éviter les refus.

Avoine – Vesce commune

Cette association est à semer en juillet pour pouvoir faire une récolte à l’automne, ou jusqu’à mi-septembre pour être utilisée en pâturage. La dose de semis est de 70 kg/ha d’avoine et 20 kg/ha de vesce commune.

Il est aussi possible d’utiliser l’avoine rude (ou avoine brésilienne) : l’implantation est plus rapide, c’est une céréale productive et résistante à la rouille. L’inconvénient de cette semence, au-delà du fait qu’il faille l’acheter, c’est qu’elle est gélive : il faut donc faire un semis précoce. La dose de semis est de 20 kg/ha d’avoine rude et 20 kg/ha de vesce.

Les 2 types d’avoine se comportent bien face à la sécheresse. Souvent leur production est supérieure à un mélange à base de RGI.

Seigle ou triticale – Vesce commune ou vesce velue

Ces différentes associations sont à semer d’aout à début octobre. Les semis d’aout permettent de faire un pâturage à l’automne. Le seigle présente une bonne tolérance à la sécheresse et à l’excès d’eau. La dose de semis est de 70 kg/ha de la céréale et 20-30 kg/ha de vesce commune, ou 15 kg/ha de vesce velue.

Il est possible d’utiliser du seigle fourrager : il est productif, présente un fort tallage et pousse même à de basses températures. La dose de semis est de 50 kg/ha de seigle fourrager et 25 kg de vesce commune, ou 15 kg/ha de vesce velue. Si la vesce commune est remplacée par une vesce velue, il faut faire attention à la toxicité de sa graine. Dans ce cas, il est très important de récolter suffisamment tôt.

Navet – Navette – RGI

Le semis de ce mélange se fait d’aout à mi-octobre, à une dose de 1,5 kg/ha de navet, 4 kg/ha de navette, et 10 kg/ha de RGI. Il s’agit d’un mélange appétant, particulièrement apprécié des ovins. Selon la date de semis, il permet un pâturage l’automne et l’hiver.

RGI – Colza fourrager

Semis de printemps

Sorgho fourrager

Les sorghos fourragers peuvent se semer au semoir à céréales à la dose de 20 à 25 kg/ha à 2-3 cm de profondeur. Ils doivent être utilisés avant l’épiaison pour garder toute leur valeur alimentaire (autour de 0,8 UFL/kg de MS, certaines variétés d’hybrides pouvant aller jusqu’à 1 UFL).

Le sorgho présente beaucoup d’intérêt en alternative au maïs. Il a besoin de 2 fois moins d’eau, et il produit plus efficacement de la MS pour la même quantité d’eau que le maïs. Sa résistance à la sécheresse est importante : le sorgho continue de se développer jusqu’à 40°C, tandis que le maïs s’arrête à 30°C. En cas de sécheresse, il repart dès le retour de la pluie et parvient à maintenir sa valeur alimentaire, alors que le maïs va avoir tendance à la perdre.

Il existe deux sortes de sorgho fourrager, les multicoupes et les monocoupes.

Les sorghos multicoupes se caractérisent par leur capacité de repousse. Ils se divisent eux-mêmes en 2 types :

  • Les sorghos sudan grass, plus précoces que les types hybrides.
    • Leur pâturage est possible à partir de 50 cm de haut.
    • Les tiges et les feuilles étant fines, ce fourrage pourra être enrubanné, voire fané, ou ensilé.
    • Leur utilisation peut se faire 2 mois après le semis, avec 2 à 4 coupes sur l’année.
    • Ils peuvent être utilisés en culture dérobée après la moisson jusqu’à mi-juillet.
    • Variétés : Barsudan, Piper, Jalisco (Jalisco se sème à 18-20 kg/ha).
  • Les sorghos sorgho x sudan grass, appelés aussi hybrides.
    • Avec ce type de sorgho, il faut attendre environ 70 cm de haut pour le faire pâturer.
    • Ils ont un potentiel de production supérieur au sudan et sont plus tardifs que les sudan.
    • Variétés pour l’ensilage : Sherkan, Lussi, Karim, Latte, Octane, Tonga, BMR 333.
    • Variétés pour la pâture et l’ensilage : Jumbo Star, Vercors, Hay-King, (ces 3 variétés vont bien pour le pâturage), Lurabo.

Pour le pâturage, il est intéressant d’associer ces sorghos à du trèfle d’Alexandrie. Il vaut mieux éviter de faire pâturer le sorgho en milieu de journée. En cas de refus, il est possible de le faucher, le laisser un jour au sol et donner ensuite à pâturer au fil ou en affourragement.

Ces variétés peuvent s’ensiler 3 à 3,5 mois après le semis. En cas de sécheresse ne pas hésiter à retarder l’ensilage ou l’enrubannage. Les feuilles de sorgho restant vertes, le critère visuel pour réaliser la coupe est lorsque les grains du bas de l’épi sont laiteux et ceux du haut sont pâteux. Pour l’enrubannage, laisser sécher au sol 2 à 3 jours. Comme il faut couper à une hauteur minimum de 10 cm du sol, attention aux perforations de la bâche par la tige du sorgho.

La production totale peut aller de 8 à 12 T de MS/ha. Les repousses repartent rapidement, une nouvelle coupe est possible après 45 jours si la météo s’y prête.

Les sorghos monocoupes sont destinés à l’ensilage.

Ces variétés de sorgho (Buffalo, Gold X, Nutritop Star) sont de plus grande taille que les sorghos multicoupes, de 1,70 à 2,50 m.

Les variétés ayant le caractère BMR ont la nervure de la feuille qui est brune. Ces variétés ont moins de lignine, donc leur valeur alimentaire est supérieure, et elles sont plus sensibles à la verse.

Sorghos grains ensilage

Les variétés grains de grandes tailles se récoltent en ensilage. La forte proportion de grains entraine une teneur en amidon de ce type de sorghos supérieure aux autres sorghos. Ils ont une valeur en énergie supérieure aux autres sorghos (0,95 à 1 UFL/kg de MS), c’est pourquoi ils sont plutôt utilisés en élevage laitier.

Le sorgho grain s’ensile au stade grain laiteux-pâteux. Après ce stade, on observe une baisse des performances animales.

Variétés : Swingg, Véga, Supersile 20, Supersile 18, Arbatax.

Dose de semis : 220 000 grains/ha.

Quel que soit le groupe de sorgho utilisé, il faut attendre la 2e quinzaine de mai pour semer, le sorgho ayant besoin d’une terre chaude pour lever. Les sorghos valorisent bien les apports de fumier : épandre 15 à 20 T/ha de fumier ou de compost de préférence à l’automne.

Millet perlé fourrager

Le millet perlé est une plante proche du sorgho, qui est encore plus résistante à la sécheresse et à la chaleur que ce dernier. Sa production est inférieure à un sorgho, mais supérieure à un moha.

Le millet perlé a besoin d’un sol plus chaud au semis que le sorgho : semer à partir du 20 mai à début aout. Il peut être utilisé en dérobée derrière un ensilage de méteil, ou après une céréale moissonnée. Par contre il craint le gel.

La dose de semis est de 15 kg/ha en pur et en association : 12 kg de millet et 12 kg de trèfle d’Alexandrie, ou 10 kg de vesce commune.

Le millet est aussi mieux adapté au pâturage que le moha et il y a moins de refus au pâturage qu’avec du sorgho. Pour favoriser son tallage, il est préférable de faire la première pâture à 1,5 mois environ après le semis (30 cm de haut). Les autres passages auront lieu à 50 cm de hauteur, c’est-à-dire toutes les 3 à 4 semaines, selon la météo.

Moha

Le moha est difficile à gérer au pâturage du fait d’une chute de l’appétence et de la valeur alimentaire à partir de l’épiaison, celle-ci arrivant vite du fait d’une croissance très rapide. Malgré tout, son appétence avant l’épiaison est très bonne.

Le moha n’a pas de repousse, il y a donc une seule récolte. Il est mieux adapté pour la fauche (foin, enrubannage) que pour le pâturage. Sa valeur alimentaire est moyenne, plus faible que celle du millet et du sorgho.

Le moha peut être associé à du Trèfle d’Alexandrie. Il est à semer à une dose de 25 kg/ha en pur ; en association : moha 10 kg et Trèfle d’Alexandrie 10 kg/ha.

RGI – Trèfle incarnat ou RGI – Trèfle d’Alexandrie

Cf. présentation de la culture au paragraphe « semis d’été-automne ».

Pour les semis de printemps, ce sont les variétés non alternatives de RGI qu’il faut utiliser pour faire un pâturage : Jedor, Focus, Choisi, Virgyl. Pour faire du foin ou de l’ensilage l’année du semis, les variétés alternatives conviennent.

Dose de semis : RGI 15-18 kg/ha et trèfle d’Alexandrie 10-12 kg/ha.

En culture dérobée de printemps, on peut remplacer le trèfle incarnat par du trèfle d’Alexandrie. Ce dernier est le trèfle annuel qui supporte le mieux les fortes chaleurs, mais craint le gel. La période de semis s’étale de mars à avril, et en mai si les conditions météorologiques sont adaptées.

RGI – Trèfle de Micheli

Le trèfle de Micheli présente les mêmes caractéristiques que le trèfle incarnat : productif, agressif, non météorisant, et il repousse s’il est coupé au stade bouton floral au plus tard. Il s’implante bien dans les sols humides, et résiste à l’inondation de courte durée. Il est peu gourmand en eau.

Le trèfle de Micheli a une bonne valeur alimentaire. Sa production est supérieure en semis de printemps par rapport au semis d’automne.

Dose de semis : 15-18 kg/ha de RGI et 5 kg/ha de trèfle de Micheli.

Comme dans le cas du mélange présenté ci-dessus, pour les semis de printemps, ce sont les variétés non alternatives de RGI qu’il vaut mieux utiliser si on veut les faire pâturer : Jedor, Focus, Choisi, Virgyl.

Nouvelles espèces fourragères d’été

Les légumineuses Lablab et Cowpea ont été testées dans plusieurs régions : leur production a déçu. Ces nouvelles espèces participent peu au rendement et leur semence est couteuse. Des inoculum pour ces espèces sont en cours de test, ce qui pourrait améliorer leur production.

Les graminées « blé égyptien » (disponible chez Semental) et Teff grass ont été testées en France (originaires d’Afrique). Le blé égyptien semble disposer d’une bonne productivité, mais sa semence est très chère, et rend donc cette culture peu intéressante. Le Teff grass est un peu moins productif, mais il fait des pousses en situation sèche.  Sa semence est disponible chez Barenbrug.

Fertilisation

Ce type de culture fourragère utilise beaucoup de minéraux du sol et ne restitue presque rien. Il faut donc apporter une fertilisation conséquente : autour de 20 T/ha de fumier frais, ou environ 12 tonnes de compost de 2 à 3 mois maximum.

Si l’épandage est réalisé peu de temps avant le semis, il faut de préférence utiliser du compost plutôt que du fumier. Qu’il s’agisse de fumier ou de compost, il est préférable de l’épandre à l’automne.

Par ailleurs, il faudra éviter de faire des dérobées tous les ans sur les mêmes parcelles afin de limiter les conséquences des forts prélèvements de ce type de culture.

Au niveau d’une ferme, il est possible de panacher ces différents types de culture. Cela permet ainsi de limiter les risques (mauvaise levée, sécheresse d’hiver et/ou de printemps). Ce mix doit être réfléchi selon les besoins en fourrage, la recherche d’un pâturage précoce, et bien-sûr le type d’animaux (les ovins et caprins étant plus adaptés à du pâturage d’hiver, par exemple).

Ces cultures fourragères permettent de réaliser des stocks, ou des fourrages de bonne valeur alimentaire, mais également de sécuriser sa production de fourrage dans le cas de sécheresse. Elles peuvent remplacer totalement ou partiellement l’ensilage de maïs en production laitière et en engraissement. A partir d’une bonne base de prairies, les cultures fourragères peuvent faire un bon complément pour disposer d’aliment pour son cheptel, en faisant attention d’avoir un chargement adapté au potentiel de ses sols.

Article rédigé par Jean-Marie Mazenc (Bio Centre)

* Sources : Réseau Chambre d’agriculture ou FNCUMA
** Source : Bio Centre (données issues de relevés de prix rendus)