L’acupuncture sur les animaux : 5 aiguilles suffisent !

Publié le : 24 avril 2022

L’acupuncture, une médecine douce ? Et non ! Une médecine alternative, complémentaire ou encore naturelle, ça oui ! Car l’acupuncture permet de travailler en profondeur les dérèglements de l’organisme, grâce à des connaissances aiguës du corps, de ses organes et des énergies.

C’est pour appréhender cette pratique médicale ancestrale, que 2 groupes d’éleveurs·ses du Puy de Dôme et de Haute-Loire ont commencé à participer à des formations d’initiation, puis ont souhaité approfondir l’hiver suivant par de nouvelles sessions de formation. Et tout ceci, avec la présence experte de Nayla Cherino-Parra, vétérinaire spécialiste reconnue de l’acupuncture, qui a réussi à démêler le sens des mots « méridiens », « régulation », « loge », ou encore « yin et yang ».

Aiguilles d’acuponcture
© Réseau de la FRAB AuRA

Les pratiques de l’acupuncture remontent à plus de 3000 ans, lorsque les médecins chinois privilégiaient les actes préventifs afin d’éviter au maximum l’apparition des maladies. En effet à cette époque, les médecins étaient rémunérés lorsque les patients étaient en bonne santé ! Aujourd’hui, l’objectif est d’appliquer ces principes sur les animaux de nos fermes. Et pour cela, 5 aiguilles suffisent à ré-équilibrer un animal.

Il est également possible de pratiquer par le toucher et les doigts directement sur l’animal : on appelle ceci la digipuncture. Cela demande une concentration plus forte au moment de l’application : les mains et l’esprit de l’éleveur·se doivent être en forme et fixés tout au long de la séance. L’utilisation d’aiguilles permet de se libérer de ces contraintes ; on laisse les aiguilles travailler à la place de la personne.

Ce qu’il faut comprendre dès le départ avec cette pratique, c’est que le corps est le refuge de plusieurs éléments :

  • les organes qui permettent de faire fonctionner le corps et qui se trouvent à l’intérieur
  • les méridiens qui se trouvent en périphérie du corps
  • les énergies intérieures et extérieures.

Les 12 organes principaux du corps peuvent être assimilés à des « ampoules » qui sont reliées par des circuits électriques (les méridiens) qui vont d’un organe à une extrémité. Les points d’acupuncture sur lesquels on agit sont alors assimilés à des « interrupteurs » qui permettent de réguler la circulation de l’énergie dans ces circuits.

Un corps est en interaction avec son milieu (terre et air), rempli lui aussi d’énergie. Un être vivant peut être en équilibre, mais aussi en manque ou en excès énergétique. Le but de l’acupuncture est de retrouver un état stable, grâce à l’action des aiguilles (ou des doigts). Les aiguilles placées sur les méridiens concernés récupèrent l’énergie extérieure pour l’acheminer à l’intérieur du corps, ou inversement en cas de trop-plein. Les problèmes que l’on peut détecter sur nos animaux (mammites, diarrhées des veaux, infertilité…), mais aussi sur les humains, peuvent être dus à des déséquilibres.

© Réseau de la FRAB AuRA

Avant d’en venir à la pratique de l’acupuncture sur les animaux, il est essentiel de respecter 2 conditions :

  • Que l’éleveur soit lui-même en équilibre : pour cela, il est préconisé de réaliser une « régulation émotionnelle » sur soi-même.
  • Que les besoins vitaux des animaux soient remplis au mieux :
    • respirer (loge de l’air), boire (loge de l’eau), manger (loge du bois/de la terre), dormir (loge du feu) ;
    • quelques conseils : éviter les eaux chlorées ou bien installer un filtre à charbon ; bien respecter le régime à base d’herbe d’un ruminant, et éviter l’ensilage qui contient des molécules d’alcool ; privilégier les lieux énergétiquement équilibrés, ou encore sur-élever les logettes.

La pratique de l’acupuncture vient ensuite, et peut être efficace dès la première séance. Les aiguilles peuvent être apposées sur les animaux à tout moment, que ce soit en préventif (par exemple pour la préparation des mise-bas) ou en curatif sur des problèmes bien identifiés.

Il s’agit ensuite de repérer sur quel(s) point(s) il faut travailler et de pouvoir les placer sur le corps de l’animal. Par exemple, le point VG2Bis, situé au niveau du haut du bassin de l’animal, permet de faciliter les vêlages. Un ensemble de 3 points, appelé triangle de l’immunité et à placer sur le flanc inférieur de l’animal (rate, rein, foie) permet quant à lui de stimuler l’immunité.

Il existe environ 300 points d’acupuncture, qui seuls ou associés, jouent sur un aspect du corps. Une fois le « travail » terminé, les aiguilles ressortent d’elles-mêmes. Il est par contre recommandé de ne pas apposer d’aiguille avant une sortie à la pâture : selon les conditions météo, elles peuvent être vectrices de pathogènes (par transmission directe de l’extérieur à l’intérieur).

Témoignage de Brigitte Bellin, éleveuse de chèvres à Cisternes-la-Forêt (63)

Dans quels cas as-tu mis en place cette pratique ?

Suite à la formation organisée par le GAB en décembre 2019, j’ai surtout utilisé cette technique pour des problèmes de fièvre, sur des chèvres qui ne mangeaient plus. J’ai pratiqué le triangle de l’immunité (3 points), le recentrage (2 points) et le point anti-inflammatoire. Les effets sont très rapides : en mettant les aiguilles le matin, la fièvre a déjà bien diminué le soir. Je trouve ça génial car il n’y a pas de produits, et donc pas de délai d’attente non plus !

© Réseau de la FRAB AuRA

Quel est l’intérêt de l’acupuncture par rapport à d’autres médecines ?

Chaque médecine a sa place en élevage, que ce soit l’homéopathie, l’usage des plantes et des huiles essentielles, etc… Tout dépend du contexte, il faut voir le bâtiment aussi. Par exemple, j’ai une perturbation électrique dans mon bâtiment qui n’est pas résolue et qui peut impacter mes animaux.

Quelles sont les limites à cette pratique ?

Il faut que je révise certains points, en particulier pulmonaires, car je n’ai pas réussi à obtenir d’effets (mais même avec les antibiotiques je n’y suis pas arrivée !). Je suis aussi quelqu’un qui aime savoir « comment cela fonctionne » et cela peut parfois poser problème dans ma pratique : soit on met les aiguilles à l’endroit approprié sans comprendre, soit si l’on cherche à comprendre, cela devient assez compliqué et nécessite de bien approfondir les bases théoriques.

Article rédigé par Marie Redon (BIO 63) et Cloé Montcher (Haute-Loire BIO), initialement publié dans La Luciole n°29, automne 2020