L’intégration d’animaux dans les vergers, quelles pratiques ?

Publié le : 28 juin 2016

La présence d’animaux dans les vergers est une pratique ancienne. Tombée en désuétude, elle est aujourd’hui réappropriée avec prudence par quelques arboriculteurs. Lors des journées techniques interrégionales fruits bio en 2016, scientifiques, animateurs, techniciens et arboriculteurs ont tenté de dégager les avantages et difficultés de cette pratique. Organisées dans le cadre du Groupe Interrégional Fruits Bio Sud-Est de la FNAB, ces deux journées techniques ont rassemblé, à Avignon et Valence, près de 80 visiteurs des 4 coins de France.

Analyse des pratiques par l’INRA d’Avignon

Arnaud DUFILS (unité Ecodéveloppement, INRA Avignon) y a présenté les résultats d’une enquête menée en 2015 auprès de 14 arboriculteurs de toute la France ayant introduit, depuis longtemps ou depuis peu, des animaux dans leurs vergers. Cette étude souhaitait répondre aux problématiques suivantes :

  • Dans quelle mesure ces systèmes sont-ils reproductibles ? Sous quelles conditions ?
  • Quels sont les motivations et déterminants à l’intégration des animaux ?
  • Quelles sont les trajectoires des producteurs ayant ces systèmes de verger-élevage ?

Il en ressort que les arboriculteurs ayant ces pratiques sont d’abord motivés par la gestion de l’enherbement et la gestion des ravageurs. Autre point : la variabilité des systèmes développés par les 14 fermes enquêtées est très importante.

Une multitude de combinaisons de pratiques existe :du passage ponctuel d’un troupeau extérieur à la ferme (avec un berger), sur une partie des terres, sans grosses modifications apportées au niveau du verger, à l’intégration d’un atelier d’élevage en propre sur la ferme, avec plusieurs espèces animales complémentaires, présentes en permanence sur toutes les terres, des aménagements sur la hauteur d’arbre, des installations propres à l’élevage (clôtures, abris…) et une valorisation économique de l’atelier élevage.

Bénéfices et limites dressés par cette étude* :

BENEFICES LIMITES
Gestion des ravageurs (8/14)

Gestion de l’enherbement (pour 6/14)

Qualité du sol (2/14)

Apport de fumure (2/14)

Bien être animal (1/14)

Retour positif des consommateurs (1/14)

Surcharge de travail (8/14)

Contraintes structurelles (7/14)

Incertitudes (2/14)

Diminution de la diversité floristique (2/14)

Dégâts sur les arbres (2/14)

*(en nombre de répondants sur les 14 agriculteurs)

Portrait de ferme : Moutons et oies en arboriculture

Oies dans un verger de pêchers. @ Bio de Provence

Située dans le Vaucluse, l’exploitation des CLERC compte 20 hectares de vignes et de fruitiers : pommiers, pruniers, pêchers et cerisiers. Les débouchés sont pour 1/3 la vente directe, pour 1/3 les circuits longs, et pour le dernier tiers l’industrie.

Au départ, un éleveur passait tous les hivers faire paître son troupeau d’environ 200 brebis Mérinos dans les vergers. Quand celui-ci a cessé son activité, Pierre CLERC lui a racheté une vingtaine de ses brebis. Depuis, il n’apporte plus aucun engrais ni amendement. Il pense que cela a un impact sur les qualités nutritionnelles des fruits. Il a certes désormais des fruits de plus petit calibre, mais ceux-ci sont bien valorisés malgré tout, et se conservent plus longtemps.

Depuis le passage des brebis (ou de l’absence d’apport d’engrais ?), la flore a changé et est beaucoup plus riche en légumineuses. Les brebis sont introduites dans les pommiers juste après la récolte (pour manger les fruits pourris) et en sont retirées juste avant le débourrement. Elles passent alors dans la vigne.

Pour la gestion des ravageurs et de l’enherbement en pêcher ce sont les oies qui ont été choisies car elles n’attaquent pas les arbres.

Zoom règlementaire (source : vétérinaire du GIE Zone Verte)

Il existe des contraintes règlementaires en termes de déclaration d’animaux sur une ferme :

  • Pour les moutons : déclaration à la DSV départementale pour avoir un numéro d’identification de l’élevage ou de la ferme + inscription à l’EDE (Etablissement Départemental d’Élevage) pour obtenir un numéro d’identification de chaque animal. Ainsi que la tenue d’un carnet d’élevage en cas de vente des animaux.
  • Pour les poules, jusqu’à 15-20 poules, la ferme n’est pas trop surveillée. Au-delà, l’élevage doit être identifié, une visite annuelle vétérinaire sera faite pour surveiller l’état sanitaire.
  • Il peut y avoir une mixité d’espèces animales
  • Un animal non bio mais issu de système extensif peut aller pâturer dans un verger bio pour un temps limité (4 mois max). Mais interdiction d’avoir simultanément des animaux bios et non bios dans un verger.
  • Si les animaux sont destinés à l’alimentation bio, ils doivent respecter le cahier des charges de l’élevage bio.

Lesavantagesliésàl’introductionsontdoncréels,souscertainesconditions.Maiscespratiquesprennentdutemps,ilestdoncnécessaired’évaluerquellecombinaisonestlapluspertinenteetréalisablepoursonsystèmeauregarddesobjectifsrecherchés.

Mérinos dans des vignes. @ Bio de Provence

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