Gestion de Drosophila suzukii en arboriculture bio

Publié le : 28 juillet 2015

La drosophile suzukii inquiète les arboriculteurs car cette mouche venue d’Asie, en plus de s’attaquer à des fruits sains, peut favoriser le développement d’autres maladies et ravageurs. Elle peut ainsi affecter de manière directe ou indirecte les rendements et la qualité de la récolte. Quels sont les moyens de prévention et de lutte en bio face à ce parasite ?

 

Présentation du parasite

Drosophile suzukii mâle (en haut)
Drosphile suzukii femelle (en bas)

La drosophile suzukii est une petite mouche dont les femelles pondent dans les fraises, les framboises, les cerises, les mûres et également dans quelques autres fruits (myrtilles, cassis, groseilles, raisins, figues, abricots, pêches) et occasionnent des dégâts qui peuvent être importants. Les larves se développent en se nourrissant de la pulpe, ce qui entraîne son affaissement, des dépressions sous l’épiderme, des fruits qui coulent. Attention à ne pas confondre ces symptômes avec ceux du rhizopus ou d’autres maladies et ravageurs : dans des fruits qui se dégradent, il faut rechercher les larves éventuelles.

Prophylaxie et mesures d’hygiène : quelques conseils

Larves de Drosophile suzukii

Les fruits à pleine maturité étant plus exposés aux pontes de la drosophile suzukii, il est important de faire les récoltes au moment optimal pour limiter l’impact sur les lots. Les arbres non récoltés ou récoltés trop tard sont également des foyers de multiplication et mettent en danger les cultures plus tardives.

De plus, la liquéfaction de fruits qui paraissaient sains à la récolte pouvant survenir a posteriori, la conservation d’échantillons permet de surveiller leur évolution.

En cas d’attaque, tous les fruits touchés sont source de réinfection. Ils doivent donc être évacués de la parcelle et détruits. Pour les détruire, vous pouvez utiliser votre fosse à lisier, un tonneau de fermentation, une installation de biogaz mais vous ne devez pas composter. La méthode la plus sûre reste la solarisation : les fruits sont mis au soleil pendant 10 à 15 jours dans un sac en plastique hermétique et transparent.

Dégâts sur une cerise

Comme la drosophile suzukii apprécie les environnements frais et humides, toutes les mesures qui contribuent à un climat sec ont un effet préventif :

  • Nettoyer régulièrement les vieilles feuilles sur fraisier ;
  • Limiter le nombre de cannes par mètre linéaire sur framboisier ;
  • Favoriser la circulation de l’air pour réduire l’hygrométrie dans la parcelle ;
  • Adapter la taille des arbres pour limiter l’humidité et favoriser une bonne aération ainsi qu’un ressuyage rapide.

Il faut également favoriser les auxiliaires (implantation de haies par exemple) qui sont des alliés précieux dans la lutte contre la drosophile et d’autres ravageurs. Enfin, les filets anti-insectes (mailles inférieures à 1,3 mm) ont aussi montré leur efficacité.

Mise en place des mesures de piégeage

Il faut distinguer le piégeage indicatif ou de surveillance permettant une détection précoce de la drosophile du piégeage de masse qui est une mesure complémentaire visant à retarder le développement de l’insecte.

Le piégeage indicatif:

Les arbres situés en bordure et proches d’habitats naturels (haies, forêts, etc.) peuvent être surveillés à l’aide de plusieurs pièges Riga ou modèles comparables et contrôlés hebdomadairement pour la présence de l’insecte. En cas de capture, il faut s’attendre à des dégâts sur les fruits : aux premiers dégâts, il faut assainir et basculer en piégeage massif. Ce piégeage peut se combiner avec des contrôles réguliers d’au moins 50 fruits par échantillon qui aident à détecter les infestations précoces et permettent d’adapter rapidement la lutte contre l’insecte. Il faut examiner ces échantillons pour les pontes et les piqûres de pontes et / ou les placer 2 h dans de l’eau tiède salée et contrôler les asticots.

Le piégeage de masse:

Piège artisanal @ Serge HAEHNEL

Le piégeage des adultes est possible dans des bouteilles en plastique rouge disposées tous les 2 m en bordure et tous les 5 à 6 m dans la parcelle :

 

  1. Dans une bouteille percée d’une vingtaine de trous de 4 mm de diamètre (avec un clou chauffé), mettre 3 à 4 cm d’attractif dans le fond. L’attractif peut être varié :
  • 1/3 eau, 1/3 vinaigre de cidre, 1/3 vin rouge + quelques gouttes de savon ;
  • 1 L d’eau + 1,5 g de levure de boulanger + 180 g de sucre en poudre + quelques gouttes de savon.

Il existe également des mélanges prêts à l’emploi dans le commerce.

  1. Placer les pièges au niveau des fruits, dans un endroit ombragé. Tant que la drosophile n’a pas été détectée dans la culture, laisser les pièges en dehors (haie proche des parcelles par exemple).
  2. Vérifier chaque semaine qu’il y a 3-4 cm de liquide au fond de la bouteille et vider le contenu des pièges dès que le liquide est plein d’insectes (1 à 4 semaines).

NB : Il faut également bien nettoyer les abords des parcelles et y disposer des pièges car d’autres plantes sont hôtes de ce ravageur. Des femelles peuvent ainsi être capturées durant tout l’hiver. Ces femelles fécondées piégées seront autant de drosophiles en moins à la reprise au printemps.

Bibliographie