Comment gérer la bactériose PSA du kiwi en bio ?
Identifiée en France seulement à partir de 2010, la bactériose du kiwi dûe à Pseudomonas syringae pv. actinidiae ou PSA, entraine un affaiblissement de la plante jusqu’à sa mort. La maladie entraine des pertes de récolte significatives. Comment s’en prémunir ? Et quelle gestion adaptée à la bio ?
La production de kiwi bio
Après la banane et la pomme, le kiwi bio est l’un des fruits bio les plus consommés en France. Selon Interfel, environ 13 500 T de kiwi bio auraient été commercialisés en 2015, dont 1/5e seraient importés.
En 2016, 550 ha de vergers de kiwi était certifié bio (source Agence bio) et 93 ha étaient en conversion vers l’agriculture biologique. Le kiwi bio est produit principalement dans le sud ouest de la France. Originaire de Chine, puis importé en Nouvelle-Zélande, le kiwi bio a été introduit dans le sud ouest il y a près d’un demi-siècle dans le Sud-Est des Landes, dans la vallée de l’Adour. Depuis sa culture s’est étendue à d’autres territoires.
Tout comme la vigne, l’actinidia, ou arbre à kiwi, est une plante grimpante vigoureuse en forme de liane. Sans taille, la liane pourrait mesurer jusque 6 mètres de long. C’est une plante dioïque, comprenant donc des pieds mâles et d’autres femelles. Le kiwi a besoin de sols riches, un climat doux océanique, très peu de gel.
Il existe de très nombreuses variétés de kiwi, à chair verte et d’autres à chair jaune. La variétés la plus plantée en France est la variété Hayward.
Pour plus d’informations sur sa culture, voir les documents suivants :
- L’ensemble des guides techniques ITAB dont « Produire des fruits en agriculture biologique » (publié en 2005)
- Fiche technique « kiwi bio » de la FRAB Bretagne
- Produire une gamme diversifiée de fruits biologiques, SudetBio 2013
Les symptômes de la bactériose due à PSA
- Sur fleur : on observe un dessèchement des anthères (Attention : symptôme non spécifique),
- sur feuilles, il s’agit de taches nécrotiques de formes variables, entourée d’un halo jaune,
- Sur bois, on observe des chancres observables sur l’ensemble des bois (tronc, branches), avec écoulement d’un exsudat gommeux dont la couleur varie du blanchâtre au brunâtre. Les tissus situés sous l’écorce peuvent également présenter un changement de couleur brunâtre.
Pseudomonas syringae pv. actinidiae (PSA)
- Le chancre bactérien du kiwi est provoqué par la bactérie Pseudomonas syringae pv. actinidiae (PSA).
- Il s’agit d’un organisme qui n’est ni de quarantaine, ni de lutte obligatoire. Il est en revanche considéré comme un danger sanitaire de catégorie 2. Il est inscrit sur la liste d’alerte OEPP (11/2009) suite à aux dégâts observés en Italie dès 1992. La bactérie a été identifiée pour la première fois en France en 2010.
- La bactériose du kiwi serait propagée à travers le matériel végétal infecté, le pollen, par le vent et la pluie, ainsi que par les équipements utilisés pour la taille. Les fleurs, les blessures de taille et celles laissées par la chute des feuilles sont des portes d’entrée possibles de la bactérie.
- En conséquence, la période d’infection atteint son apogée à la fin de l’automne ou au début du printemps et le phénomène est probablement accentué par la pratique de la taille d’hiver. La bactérie se multiplie et se répand dans la plante à partir du point d’infection. La bactérie atteindrait autant les pieds mâles que les pieds femelles.
- Cette maladie est maintenant présente sur plusieurs départements de la région Nouvelle Aquitaine. Les kiwis précoces et ceux à chair jaune sont plus sensibles. Attention aux vergers en proximité de vergers contaminés.
Actuellement la prophylaxie est le seul moyen de contrôle de la maladie, en conventionnel comme en bio.
Les préconisations de Claude Daminet, conseillère à Agrobio47
La période de forte sensibilité est entre la sortie d’hiver, le débourrement, jusqu’à la floraison. Prévoir une protection cuprique préventive pour cette période notamment pour les variétés précoces. On peut aller au-delà si les conditions sont humides.
Il n’existe aucun produit phytosanitaire homologué pour un traitement curatif de la bactériose. Les stratégies mises en place servent à limiter la propagation de la maladie. Une surveillance régulière de son verger est indispensable.
Sur un verger contaminé, prévoir une protection cuprique + argile durant toute la période de forte sensibilité et couvrir également les périodes de « plaies pétiolaires » : à la chute
des fleurs, juste après récolte, pendant la chute des feuilles et à la taille. A renouveler si les conditions sont humides. Spécialités commerciales et doses homologuées sur PSA : CUPROFLO (0.350l/hl) PASTA CAFFARO (0.35 l/ hl) YUCCA ‘(0.35 l/hl) NORDOX 75wg (0.167kg/ha). En cas de répétition, il est conseillé de travailler à 1/2 dose. Adjonction de kaolinite calcinée, de décoction de prêle.
- Désinfecter le matériel de taille à chaque rang alcool à 70%
- Démarrer la taille par les parcelles saines et finir par les parcelles contaminées.
- Tailler en période sèche pour limiter les risques de contamination
Par ailleurs, des pratiques d’hygiène sont nécessaires, au verger comme sur les outils de taille afin de limiter les possibilités d’infection.
Brève rédigée par Claude Daminet, conseillère technique en agronomie à la FRAB Nouvelle-Aquitaine – Agrobio 47, à partir des documents de la FREDON et du bsv ca 47.
En savoir plus sur la bactériose et les mesures prophylactiques
- Voir la page dédiée sur le site de la FREDON Occitanie
- Télécharger la plaquette de la FREDON sur la bactériose
- Voir la page dédiée sur Ecophyto PIC
- Voir la présentation du CASDAR BACTÉRIOSE DU KIWI