Yves Guibert – Arboriculture – Lot-et-Garonne

Ce qui m’a guidé, c’est la recherche d’un système le plus autonome possible

J’ai eu plusieurs vies avant celle-ci. J’ai d’abord été technicien à la Chambre d’agriculture puis j’ai repris l’exploitation de mes beaux-parents qui étaient en polyculture-élevage ovin. Ce qui m’a guidé, c’est la recherche d’un système le plus autonome possible : pas de prime ni d’aide. J’ai arrêté les moutons quand les aides ont été mises en place en 1984. Ayant 20 ha classés en AOC Buzet, j’aurais pu m’orienter vers la viticulture mais j’aurais dû adhérer à une cave coopérative, sans possibilité de maîtriser la commercialisation. J’ai donc choisi de me tourner vers l’arboriculture tout en gardant les céréales. Retour sur son parcours de conversion et de transmission.

Yves Guibert et Harm Van Der Horst

La ferme en quelques mots

La ferme est située à St Léon dans le Sud-Ouest en bordure de la forêt landaise sur 40 ha de coteaux. Les vergers occupent 10 ha sur un riche terroir argilo-calcaire et ont été convertis en agriculture biologique à partir de 2007. 16 variétés de pommes, cerises, prunes et coings y sont cultivées. Les 30 ha qui bordent le verger sont eux en cultures bio depuis bientôt 15 ans.

La seule chose que je regrette c’est ne pas avoir sauté le pas plus tôt  vers la bio

En 1989 nous nous sommes engagés dans la production fruitière intégrée (PFI). Nous étions dans une démarche déjà bien avancée dans la diminution de l’utilisation des pesticides, le saut n’était pas grand pour passer en bio mais le point de blocage pour moi était la valorisation de nos produits pendant les années de conversion. Ce n’est donc qu’en 2007 que nous avons convertis nos vergers (en 2000 pour les céréales). Et nous n’avons pas eu de soucis de commercialisation car en 2008 Biocoop s’était engagé à acheter les fruits en conversion au même prix que les bio. La seule chose que je regrette c’est ne pas avoir sauté le pas vers la bio plus tôt. Nous valorisons nos produits en circuits courts et c’est du bon sens pour moi que de proposer au consommateur des fruits sains et de qualité.

 

Ce sont ces capacités d’écoute et d’échange qui font la richesse du réseau

Avec la conversion en bio de mes parcelles en céréales, même si d’un point de vue économique c’est accessoire (à peine 5% de notre chiffre d’affaire), j’ai pu m’engager dans le CIVAM Bio 47. Et pourquoi cet engagement, tout simplement parce que j’y ais rencontré des gens sympas, ouverts, qui ne jugent pas. Ce sont ces capacités d’écoute et d’échange qui font la richesse du réseau. En plus, les agriculteurs bio sont souvent optimistes, curieux, contents de partager leur expérience. Le fait de se rencontrer lors de réunions ou de journées de formations motive les producteurs à s’impliquer dans le réseau.

 

Il faut imaginer d’autres formes de transmission et d’installation

Aujourd’hui je suis bientôt à la retraite et la transmission de mon exploitation est quelque chose me tient à cœur. Il faut imaginer d’autres formes de transmission et d’installation : cela doit reposer sur un équilibre à trouver entre le cédant et le repreneur pour que chacun y trouve son compte. Je construis donc cette démarche avec mon jeune associé Harm Van der Horst. Nous nous sommes rencontrés il y a 4 ans et depuis nous travaillons à cette transmission, pour qu’elle soit progressive et permette le transfert d’expérience et de connaissance. C’est une grande satisfaction de voir que ce que l’on a construit perdure dans de bonnes mains.

 

« En tant qu’agriculteur bio je suis fier de ce que je fais, j’ai du plaisir à travailler. C’est une réelle source de satisfaction »

« Certains agriculteurs viennent à l’agriculture bio par opportunisme. Beaucoup y reste et deviennent des convaincus»

Parole de producteur: Yves Guibert