Désherber mécaniquement le maïs

Publié le : 30 novembre 2018

Le désherbage mécanique du maïs permet de réduire significativement l’usage des herbicides sur cette culture ce qui peut impacter directement la qualité des eaux ainsi que la facture pour les « buveurs » finaux. Cependant il est important de prendre en main les outils et de lever quelques freins avant de se lancer !

Bande témoin sur l'extérieur sans passage à l'aveugle

Le passage « à l’aveugle »

Passage de herse étrille à l’aveugle. Le maïs a germé et la herse étrille a travaillé les premiers centimètres au dessus du germe.

Il s’agit du premier passage de herse étrille en post-semis prélevée sur une culture. Dans le cas du maïs, il faut semer profond, environ 5 cm et passer quelques jours après. On peut semer à une dose plus forte +5% pour assurer le nombre de pieds/m². On identifie le meilleur moment pour la herse en grattant le sol. Le maïs a germé mais est à 2-3 cm en dessous de la surface, les adventices sont au stade filament (le germe est encore dans le sol) ou tout juste levée. Le passage se fait alors à 2-3cm de profondeur et l’objectif est de mettre à la surface ces jeunes pousses qui seront détruites par dessèchement ou par prédation. Il est donc important d’avoir du beau temps sans pluie suite au passage.

Qu’on se le dise, c’est un passage très important mais ingrat car on n’a l’impression de ne rien faire. On peut donc faire une petite bande témoin pour voir la différence et se rendre compte de l’utilité du passage après coup.

Cette technique est bien adaptée pour débuter le désherbage mécanique car elle ne demande pas de précision, c’est un passage en plein, et peu de technique, si ce n’est le réglage de l’agressivité. Il permet aussi un rattrapage phyto si la pression des adventices est vraiment trop forte, le risque technique et économique est donc limité et maitrisé.

Une technique de plus en plus accessible !

Globalement, le désherbage mécanique est de plus en plus accessible à ceux qui souhaitent le tester et plusieurs freins peuvent être contournés :

  • La peur de casser des pieds reste un frein important. Pour cela l’accompagnement et l’aide de producteurs expérimentés et les formations sont primordiales. Aujourd’hui, de nombreuses formes d’accompagnement sont proposées par différentes structures et bon nombre d’agriculteurs ont testé la méthode sur tous les secteurs. La disponibilité du matériel a également beaucoup progressé. On trouve toujours un outil près de chez soi et les achats des CUMA ces dernières années permettent aussi de se lancer sur une petite surface sans investissement en propre.
  • Un autre frein peut être la mise en pratique en non labour. L’important dans ce cas est d’éviter qu’il y ait trop de résidus : ils gênent peu pour le passage à l’aveugle mais sont problématiques pour la suite. Il faut donc par exemple détruire le couvert assez tôt et effectuer quelques passages pour permettre la dégradation des résidus.
  • Pour finir, l’amélioration de la précision des prévisions météo à 14 jours permet aujourd’hui de mieux positionner des passages vraiment efficaces et limite les risques passés.

Rapprochez-vous de votre GAB ou votre syndicat de bassin versant pour être accompagné !

Le témoignage du producteur

Jacky Lebannier est producteur à Bouère (Bassin Versant Sarthe Aval, sous bassin de la Taude, en Mayenne).

Jacky Lebannier présente la herse étrille lors d’une démonstration sur maïs 2 feuilles

Sa ferme en chiffres : 55ha, 1UTH, blé, maïs et féverole. 3 poulaillers Loué et apiculture. En agriculture biologique depuis 1998.

« Le maïs reste la meilleure porte d’entrée pour débuter le désherbage mécanique. C’est une culture plus courte où il est vraiment possible de créer un décalage avec les adventices. L’important est de semer assez tardivement tout d’abord pour avoir un maïs qui décolle vite. Puis, le ou les passage(s) de herse étrille à l’aveugle sont déterminants. C’est 80 % de la réussite du désherbage. J’estime que deux années sur trois, ces passages permettent de se passer totalement d’herbicides. En plus, ça coute peu de temps d’essayer ! Le binage est l’étape d’après, il faut être accompagné et avoir le matériel. En plus du désherbage cela permet de couper la capillarité, on dit bien « un binage vaut deux arrosages ». En bio, je passe 1 ou deux herse étrille à l’aveugle, une en post-levée et 2 binages par la suite.

Article rédigé par Thomas Queuniet du CIVAM BIO 53