Conversion collective – Grandes cultures – Deux-Sèvres

Une conversion en 2010 en bio, à trois, pour une réflexion commune !

Thierry Coyault, Jean-Claude Petit et Fabrice Briand, ont décidé de réaliser la conversion de leur exploitation en même temps. Trois amis, trois exploitations différentes mais un travail collectif pour affronter les questionnements de leur passage en agriculture biologique. Un an a suffi à nos trois amis pour passer le pas de la conversion à l’agriculture biologique. Rencontre avec deux d’entre eux: Jean-Claude et Thierry.

Thierry Coyault

Les fermes de Jean Claude et Thierry en quelques mots

  • Localisation : Beauvoir-Sur-Niort (Jean-Claude) La Foye-Montjault (Thierry), Marigny
  • Date de conversion : mai 2010
  • SAU totale en conversion : Thierry (110 ha) ; Jean-Claude (148 ha)
  • Type de sol : terres argilo-calcaire
  • Commercialisation : CAVAC

Un Parcours en horticulture

Après un BEPA/BTA horticole à Angers, Thierry s’est installé à la suite de son beau-père qui n’avait pas de repreneur (élevage laitier). Les premières années il mène des essais, puis, au fil des ans, se met en place l’agriculture conventionnelle où « machinalement on utilise les produits chimiques ».

Des MAET pour engager une réflexion

Jean-Claude Petit et Thierry Coyault

Pour Thierry, ce sont les aides mises en place dans la cadre des MAET biodiversité 2009 qui ont déclenché un réel questionnement sur ses pratiques agricoles.

« Lorsque l’achat de produits de traitement devient supérieur aux prix de rendement, il vient un moment ou l’on se pose des questions ! Aujourd’hui l’agriculture conventionnelle a besoin d’une grande remise en question. Quel environnement allons-nous laisser aux générations futures ? Quelle place a l’agronomie dans nos cultures ? Quel est le rapport entre agriculture et biodiversité ? Où est le lien entre les exploitants ? Le prix non rémunérateur des récoltes dans le passé, fait que, à un moment donné on se pose les vraies questions et surtout de savoir où le système nous mène ? »

La décision à été confortée par une visite d’exploitation au GAEC de Boussentin (Vouillé).

Les changements pour cette nouvelle mise en place

La suite de leur projet réside dans la réflexion sur leurs productions, l’échange avec les autres producteurs (leurs attentes et leurs besoins). Aucun projet d’agrandissement n’est d’actualité, simplement la satisfaction de réfléchir son exploitation et de travailler en réseau.

Même si l’appréhension du travail par le binage des céréales se fait ressentir, le souhait de rencontrer d’autres producteurs durant l’hiver pour discuter et s’informer ne fait que conforter leur projet. Un travail a déjà débuté sur l’allongement des rotations et dans un futur proche, il est prévu l’achat de matériel (bineuse avec caméra). Actuellement il y a eu peu de changement dans les conditions de travail. La peur est moins présente car ils savent qu’ils sont entourés de personnes compétentes.

Les productions céréalières en Poitou-Charentes

Les principales productions céréalières bio en Poitou-Charentes sont le blé tendre, le triticale et l’orge de printemps. Ces cultures entrent en rotation avec la luzerne (tête de rotation principale) et des cultures secondaires telles que le tournesol, maïs et le pois. De manière plus particulière, le lentillon (cultivé en association avec le seigle) ou encore l’épeautre, sont cultivés par les agriculteurs biologiques afin de diversifier leurs productions et valoriser des espèces oubliées.

Et la commercialisation ?

En première année de conversion C1, la vente se passe comme les années antérieures. C’est à partir de la deuxième année de conversion C2, que la commercialisation va être valorisée en bio auprès de la CAVAC (choix personnel). Thierry ne possédant pas de capacité de stockage, la récolte sera intégralement vendue.

Construction du système actuel

Thierry Coyault

Thierry a conscience de l’intérêt de cultiver des légumineuses et d’introduire la luzerne de façon progressive. Il sait également l’importance d’avoir des rotations longues : plus on mélange de familles de plantes et de variétés au sein des ces familles plus on a de résultats puisqu’on couvre ainsi l’ensemble des aléas climatiques.

Au terme de leur conversion, ils n’ont pas ressenti de difficultés particulières. Mais les trois amis savent qu’ils devront faire face à de nouveaux défis :

  • Les semis mangés par les oiseaux
  • L’enherbement
  • Savoir valoriser leurs cultures auprès des négociants.

Que diriez-vous à un agriculteur qui hésite à passer en bio ?

« Si ton exploitation peut te le permettre économiquement, saute le pas et choisi la conversion à l’agriculture biologique. Avant de foncer droit dans le mur et de toucher le fond, il faut savoir se remettre en question et réfléchir au devenir de l’agriculture. Un rendement plus faible est présent en AB mais la qualité des sols n’est-elle pas plus importante pour continuer à produire une agriculture de qualité ? »