Des souches à double fin dans les élevages de volailles bio, c’est pour bientôt ?

Publié le : 27 octobre 2020

C’est en tout cas ce qu’espèrent des éleveurs de volailles bio en Loire Atlantique qui suivent de près le projet européen PPILOW (Poultry and PIg Low-input and Organic production systems’ Welfare) visant à améliorer le bien-être des volailles et des porcs en élevages plein air et biologiques. D’ailleurs… on en est où ? Petit point de situation.

Le projet PPILOW : une approche participative pour des solutions pratiques

Le projet a démarré en septembre 2019. L’approche volontairement participative de PPILOW implique des acteurs des chaînes de production, des citoyens et des scientifiques pour proposer et étudier des leviers d’amélioration du bien-être animal en élevage.

L’objectif est ainsi de co-construire et proposer une combinaison de solutions pratiques incluant :

  • des méthodes d’auto-évaluation du bien-être
  • des stratégies de sélection et d’élevage innovantes pour éviter les mutilations et l’élimination des poussins mâles de souche « ponte »
  • des techniques favorisant des comportements positifs et améliorant la santé et la robustesse des porcs et des volailles.

Coordonné par l’INRAE, ce projet d’une durée de 5 ans met en œuvre une approche multi-acteurs impliquant 23 partenaires issus de 9 pays européens.

Gestion des poussins mâles : 2 alternatives à l’étude

© GAB 44

Cette action pilotée par l’ITAB a pour ambition de proposer des stratégies de sélection et d’élevage qui éviteront l’élimination des poussins mâles de souche ponte. Il s’agira également de mettre en avant des techniques améliorant la santé, la robustesse des animaux et l’expression des comportements naturels.

Deux axes de travail sont ainsi développés :

  1. Le sexage des œufs. L’approche à l’étude est une méthode non invasive basée sur les radiofréquences en début d’incubation.
  2. Des souches à double fin. Ce travail se fait en partenariat avec les différents acteurs de la filière au Danemark, en Allemagne et en France.

Zoom sur les souches à double fin

Après une première phase d’état des lieux et d’analyse des besoins, le projet étudie 3 types génétiques différents qui sont testés en ce moment dans des fermes expérimentales au Danemark et en Allemagne.

C’est au premier semestre 2021 qu’ils seront mis au banc d’essai en France. Les analyses se basent sur des résultats techniques classiques mais prennent également en compte d’autres critères comme la robustesse des volailles, la valorisation de l’alimentation… Dans un deuxième temps, les types génétiques les plus prometteurs seront testés sur un réseau de fermes dans les différents pays.

Des analyses multicritères des stratégies d’élevage les plus efficaces seront ensuite réalisées afin d’évaluer leurs impacts économiques, sociaux et environnementaux sur la base du concept « One Welfare » englobant des objectifs de durabilité et de bien-être animal ainsi qu’un volet social.

Il faudra donc encore un peu de patience avant de retrouver dans les élevages français les volailles de souches à double fin issues de projet PPILOW. Mais rendez-vous en 2022 pour les essais en fermes !

Témoignage d’éleveur de volailles bio : Rémy Vacher

« Je souhaite une sélection qui m’intéresse, qui corresponde à mes pratiques et pas qui m’est imposée. »

Je me suis associé avec Audrey Lacroix et Damien Chiron sur la Ferme du Limeur à la Chapelle-sur-Erdre (44) après avoir travaillé régulièrement chez eux depuis 7 ans. En parallèle d’un atelier de maraîchage diversifié d’environ 3 ha, on élève 3500 volailles de chair chaque année (cou nu jaune, noir, non cou nu, pintades) et 750 poules pondeuses (Lowman Brown) qui arrivent chez nous dès poussins. Côté commercialisation, on est en vente directe (AMAP, magasin à la ferme).

La question des races de volailles et des souches mixtes nous intéresse particulièrement car elle soulève différents sujets concernant l’élevage des volailles, notamment des pondeuses :

  • le devenir des mâles « pondeuses » et la cohérence par rapport à l’éthique que l’on porte
  • notre volonté de maîtriser un peu plus notre filière et ses orientations
  • le manque de rusticité des pondeuses et l’impact sur la valorisation de l’alimentation, leur sensibilité, leur courte longévité…

Ce que l’on attend, entre autres, des races mixtes, c’est cette rusticité, notamment face à l’alimentation. C’est la charge principale en élevage de pondeuses. Je pense qu’en couplant une conduite plus autonome avec plus d’aliments à la ferme, moins d’achats extérieurs et une meilleure valorisation des réformes, on peut compenser économiquement une diminution du taux de ponte. Les essais du projet qui seront fait en fermes valideront, j’espère, mon hypothèse !

En me projetant à plus long terme, pour moi, ce projet à l’échelle européenne est une première étape, qui peut ouvrir d’autres portes plus localement. J’ai également en tête le changement climatique et l’impact sur nos élevages : il faut faire évoluer nos pratiques (aménagement de parcours ombragés…) mais le levier des races adaptées à la chaleur est également je pense une piste à creuser.

Article rédigé par Orianne LIET, Animatrice technique, Groupement des Agriculteurs bio de Loire Atlantique

Volailles de la Ferme du Limeur | © GAB 44

Pour en savoir plus

Retrouvez plus d’information sur le site du projet européen PPILOW

Contact en France : Anne Collin, coordinatrice | anne.collin[at]inrae.fr