Souches avicoles biologiques à croissance lente

Publié le : 21 juillet 2016

Quelles définitions et pratiques dans les différents pays européens?

Le règlement bio européen prévoit à deux reprises [considérant 10 et article 12(5)], l’emploi de volailles issues de souches à croissances lentes. Lorsque les éleveurs n’utilisent pas de souches à croissance lente, le règlement définit un âge minimum d’abattage pour 9 espèces de volailles, dont 81 jours pour les poulets de chair. Ces dispositions visent avant tout à prévenir des méthodes d’élevage intensives. Mais qu’est-ce qu’une souche à croissance lente ? Tour d’horizon des différentes définitions et usages des souches avicoles à croissances lentes chez nos voisins européens.

 

 

Des définitions de « souche à croissance lente » variables d’un pays à l’autre

 

 

Selon la réglementation bio européenne, ce sont les autorités compétentes de chaque pays qui sont en charge de notifier auprès de la Commission Européenne leur définition nationale des critères définissant une « souche à croissance lente » ou leur liste nationale des différentes souches à croissance lente reconnues. On observe des disparités entre les différents pays européens, dues à cette liberté accordée aux États membres :

 

 

 

 

 

 

GMQ, Gain Moyen Quotidien

Les disparités entre États membres sont plutôt frappantes lorsque l’on se penche sur les différents Gains Moyens Quotidiens (GMQ) notifiés par chaque pays pour leur définition nationale de souches à croissance lente. Or le GMQ semble être un critère pertinent à utiliser dans la définition de souche à croissance lente. En effet, les études scientifiques montrent qu’un GMQ limité est gage de bien-être animal : les volailles issues de souches à croissance lente sont moins sujettes à des problèmes aux pattes, aux pododermatites, elles vont plus sortir et utiliser les parcours, etc.

La France présente la définition la plus exigeante en matière de GMQ maximum, permettant ainsi de conserver au mieux le caractère extensif de l’élevage biologique. Ce qui n’est pas le cas de tous les pays (cf. tableau ci-après).

 

 

Le poids commercial d’une volaille est d’environ 1,3 kg, soit 2 kg vivant.

Pour un poulet bio abattu à 81 jours, le GMQ est de 25 g/jour (= 2 000 g : 81 jours)

Listes de souches à croissance lente

De même, pour les États membres ayant fait le choix d’une liste de souches à croissance lente, les différences sont aussi marquées :

 

Au regard du manque d’harmonisation et du nombre de définitions différentes que l’on peut observer à travers l’Europe, se pose alors la question de la conformité de ces définitions avec les objectifs du règlement bio européen, à savoir une croissance lente, un élevage extensif et la sauvegarde du bien-être animal. Les exigences d’élevage des poulets de chair bio dans certains pays se retrouvent même en deçà des exigences minimales requises par les labels alternatifs au conventionnel (tels que le Label Rouge français ou « fermier élevé en plein air » britannique).

Ces différences de définition permettent au final d’intensifier les élevages en contournant l’âge minimum d’abattage fixé à 81 jours, créant ainsi des distorsions de concurrence entre les producteurs européens et avec le risque de tromper le consommateur.

 

 

Une réelle utilisation de souches à croissance lente en AB est-elle possible à l’échelle de l’Europe ?

Productions de volailles de chair de plein air et bio en Europe

Source: ERPA/Itavi/Sasso 2015

La France est le premier producteur européen de poulets bio, qui réponde à des exigences respectant strictement le cahier des charges bio : emploi de volailles issues de souches à croissance lente avec un Gain Moyen Quotidien limité ou avec un âge d’abattage minimum de 81 jours (souvent plus tardif). Le modèle français de l’élevage de volailles de chair bio, dont l’exigence est aussi due à l’existence d’un label alternatif très attractif (le Label Rouge), est donc reproductible dans d’autres Etats membres, contrairement aux arguments souvent avancés.

Il est affirmé, à tort, que les souches de volailles à croissance lente ne sont pas disponibles dans toute l’Union Européenne. Or les pays européens disposent d’une grande biodiversité de souches alternatives. En France, par exemple, ce sont près de 40 souches à croissance lentes qui seraient utilisables en bio (notamment les souches rustiques colorées, adaptées à l’élevage en plein air).

Selon l’ERPA, les sélectionneurs ont développé des croisements adaptés à un élevage biologique extensif et sont techniquement prêts à fournir les volumes nécessaires à la totalité de la production européenne. L’incitation doit donc venir de la réglementation pour encourager, ou rendre obligatoire, l’usage de souches à croissance réellement lente.

 

 

ERPA

Créée en 2007, l’ERPA est l’association européenne des volailles rurales (European Rural Poultry Association). Elle englobe plusieurs labels de qualité de volailles présents dans différents pays européens : volailles bio, élevées en plein air, Label Rouge, vendues vivantes, etc. L’ERPA se positionne en tant que défenseur de l’élevage rural, extensif et familial, ainsi que comme promoteur de la biodiversité génétique animale.