A la découverte des vergers du Sud de la Vallée du Rhône

Publié le : 15 mai 2020

Un groupe de 9 arboriculteurs biologiques et en conversion de Rhône, Loire, Ardèche et Isère s’est déplacé avec l’ARDAB dans le Sud de la Vallée du Rhône à la rencontre d’autres producteurs. Les visites de fermes bio diversifiées ont permis des échanges de pratiques entre producteurs, des retours sur les variétés utilisées, sur la conduite d’espèces « secondaires » diversifiant le système (figues, kaki, …). Certains producteurs du groupe avaient déjà quelques arbres de ces espèces sur leur système et ont pu ainsi bénéficier de conseils de producteurs expérimentés en la matière. Les conduites sur des espèces plus classiques en AB de notre secteur ont aussi été abordées : pomme, poire, cerise… La démarche de sélection participative (projet Fruinov piloté par le GRAB) et le verger conservatoire à Manosque (Domaine de la Thomassine) ont complété le déplacement.

Focus sur la conduite des figuiers (Jardins de Gaïa – Cheval Blanc, 84 et Mas des Grands Cyprès – Le Thor, 84)

Ce sont des arbres qui nécessitent peu d’interventions, sont parfois positionnés en bordure de parcelle ou sur des parcelles à part entière, à proximité de la ferme pour gérer les récoltes régulières.

De nombreuses variétés de figuiers existent, on en retrouve près de 100 au Mas des Grand Cyprès. Les principales variétés cultivées sur des deux fermes sont : Noir de caromb, Grise de Saint Jean, Violette de Solliès, La Pastilière, Goutte d’or, Dauphine, Petite Marseillaise

Pour les Jardins de Gaïa, les figuiers Violette de Solliès sont les plus réguliers en production.

Il est conseillé par les producteurs rencontrés de ne pas les planter à l’ombre d’autres arbres. Les variétés bifères peuvent donner 2 récoltes : la première fin juillet la seconde en septembre – octobre.

La taille se conduit en gobelets si les arbres ne sont pas trop forts. Il ne faut pas hésiter à beaucoup les tailler : tout ce qui « tombe » (les branches dirigées vers le bas ou horizontales)

Des ravageurs existent mais n’entraînent pas de traitement spécifique sur les fermes : la mouche de la figue et le frelon. Les arbres ont besoin d’eau.

Verger des Figuiers des Jardins de Gaïa

Focus sur l’introduction d’animaux au verger (Mas des Grands Cyprès – Le Thor, 84)

Il s’agit d’une ferme familiale depuis des générations, en bio depuis 1998 avec 40 Ha en culture dont 15 Ha de pommiers, mais aussi des pruniers, pêchers, grenadiers, figuiers et des vignes. Pierre Clerc a fait des études en pharmacologie. Il mène une réflexion sur la qualité organoleptique de ses produits, de l’alimentation et de la toxicologie des produits utilisés, mêmes en AB. Il recherche toujours à améliorer ses pratiques ! Il travaille sur une forte limitation des intrants, il utilise peu de cuivre et plus de souffre en vergers.

L’introduction d’animaux en vergers est présente depuis 2005. Son effectif est de 23 brebis, 2 béliers et les agneaux, de race Merinos. Les moutons restent en parcelles jusqu’au débourrement. Il les sort ensuite en prairie et les ramène dès la fin des récoltes de fruits (à partir du 20 juillet pour les variétés de pommes les plus précoces). Les moutons n’attaquent pas l’écorce, néanmoins les animaux ne vont pas dans les jeunes vergers, il attend que les arbres soient suffisamment gros, cela reste des vergers piétons, ils ne sont pas pour autant conduits plus hauts.

Tous les dix jours il consacre une demi-journée de travail à la gestion du parcage mobile des moutons et de l’apport d’eau. Les moutons restent plus ou moins longtemps au même endroit selon la quantité d’herbe : à l’automne ils vont rester plus longtemps car il y a plus d’herbe.

La tonte des moutons est faite une fois par an ce qui lui prend 30 minutes par bête. Il coupe aussi les ongles et nettoie les pattes. Il ne fait pas de vermifuge. La mortalité est très faible.

Il a également des cochons en phase d’essai qui ne sont pas encore en vergers. Il prévoit de parquer en bordure des vergers les truies mères et que les petits aillent dans les vergers. L’introduction d’animaux n’est pas rentable en tant que telle mais c’est une globalité qui permet de mieux gérer le carpocapse, notamment sur les variétés précoces, ainsi que sur les campagnols. Un suivi est prévu cette année avec l’INRA pour mettre en évidence l’incidence sur la pression carpocapse et les traitements au cuivre.

La biodiversité est importante avec des haies, nichoirs à mésange. Le sol est enherbé, la tonte est assurée par une trentaine de brebis en pâturage tournant. Il réalise un buttage/ débuttage une fois par an pour gérer l’herbe sur le rang.

Il n’utilise pas d’engrais depuis 1998 même bio, il constate une meilleure conservation et un goût des fruits plus intéressant.

Il fait des traitements à 150g de Cuivre métal. En moyenne avec les vergers et la vigne il met 800g/ha /an de Cu métal. Il n’utilise pas de souffre depuis 4 ans car est répulsif pour les auxiliaires. Pas de BSC non plus. L’éclaircissage est fait manuellement. Il a beaucoup d’alternance ce qui est d’après lui un moyen de lutte contre le carpocapse.

Il a choisi des variétés de pommes bonnes au moment de la récolte, peu se conservent. Il fait partie du programme fruits oubliés.

Le compte-rendu du voyage d’études est disponible à l’ARDAB.

Article rédigé par Pauline BONHOMME, chargée de mission fruits et légumes bio à l’ARDAB, à partir du compte rendu collectif réalisé par les participants. Cet article est initialement paru dans La Luciole n°25 (automne 2019)