FRUINOV, un projet participatif sur les variétés fruitières de la région PACA

Publié le : 18 septembre 2019

Les variétés provençales, originaires de la région PACA ou ayant été cultivées par le passé dans la région, sont souvent mal connues. La recherche d’un panel variétal large pour nourrir la curiosité de certains consommateurs et le besoin de se démarquer au niveau commercial, pousse la profession à vouloir creuser la piste du matériel végétal régional pour l’AB. Le projet Fruinov permet de mieux connaître ces variétés et leur comportement dans des conditions de culture sans intrants ou en agriculture biologique.

Avec leur «Guide des sensibilités variétales aux bioagresseurs», le GRAB, l’INRA de Gotheron et leurs partenaires avaient mis à disposition les résultats de 10 années d’études de sensibilité aux bioagresseurs de variétés majoritairement récentes d’abricots, de pêches, de pommes et poires menées en AB et sous faible niveau d’intrants .

Grâce au projet Fruinov, ces données se trouvent complétées par les résultats de 3 à 4 années d’évaluation de la sensibilité aux bioagresseurs des variétés conservées au Conservatoire de la Thomassine à Manosque par le Parc Naturel Régional du Lubéron. Les données concernent 7 espèces : abricotier, amandier, cerisier, pêcher, poirier, pommier, prunier. Parmi les variétés évaluées, on trouve des variétés régionales, originaires et cultivées par le passé en région PACA ainsi que des variétés ayant eu un intérêt économique sur ce territoire mais non originaires de la région (variétés dites «d’intérêt régional»). Quelques variétés ont été également ajoutées car elles sont prisées des arboriculteurs bios.

Le conservatoire de la Thomassine est un site d’observation intéressant car il regroupe sur un même terrain l’ensemble de ces variétés majoritairement arrivées en production et conduites sous très faible niveau d’intrants ou en agriculture biologique. Dans ce contexte, la sensibilité aux bioagresseurs de ces variétés n’a donc pas ou peu été masquée par les traitements. Une des limitations de cette expérimentation reste le petit nombre d’arbres par variété (entre un et une dizaine).

Les questions posées dans ce projet

  • Quelles sont les variétés les moins sensibles aux maladies et ravageurs en région PACA ?
  • Quels sont les acteurs s’intéressant aux variétés régionales ?
  • Quelles est la place de ces variétés régionales dans l’agriculture actuelle en PACA ?
  • Des variétés régionales pourraient-elles devenir les parents d’une nouvelle création variétale pour une agriculture sans        intrants ?

Les objectifs du projet

Ce projet a pour but de mettre à disposition de la filière « fruits » de PACA, allant du producteur au consommateur, l’ensemble des données recueillies : la sensibilité des variétés aux bioagresseurs mais également les données pomologiques et historiques, recueillies dans des ouvrages, des sites ressources comme le centre de pomologie d’Alès et auprès d’experts des fruitiers anciens. L’objectif est que ces travaux puissent alimenter les systèmes de production en recherche de diversification et visant une réduction d’intrants.

Les résultats du projet

Sont disponibles sur le site du projet :

 

  • Des fiches variétales : Il est possible de retrouver sur ce site les fiches variétales de 208 variétés des 7 espèces fruitières étudiées (abricotier, amandier, cerisier, pêcher, poirier, pommier,prunier). Les fiches présentent des données descriptives, des photos et le niveau de sensibilité aux bioagresseurs comparé à une référence (une variété plus connue). Cliquez ici pour visualiser un exemple de fiche variétale.

 

  • Des résultats sensibilité : L’ensemble des résultats de sensibilité aux bioagresseurs est disponible par espèce (via ce lien). Cela permet de comparer les variétés entre elles, de visualiser les niveaux d’attaque annuels et de repérer les moins sensibles comme dans l’exemple ci-dessous avec le résultat de sensibilité des abricotiers au Monilia laxa sur fleurs.

    Comparaison de la sensibilité au monilia laxa sur fleurs (2016-2019) note 1=aucun symptôme ; note 2 = 1 à 10% de fleurs atteintes ; note 3 = 11 à 25% ; note 5 = 26 à 50% ; note 7 = 51 à 75% ; note 9 =plus de 76 % de fleurs atteintes * : Variété n’ayant pas fleuri chaque année

    Un tableau récapitulatif en fin de document est également proposé pour faire ressortir les variétés les moins sensibles à chaque bioagresseur. Le seuil à partir duquel une variété est considérée comme sensible est arbitraire et assez sévère. Il est possible, en regardant les graphes, de sélectionner un panel plus large de variétés « peu sensibles ».

    Synthèse de la sensibilité variétale aux bioagresseurs (2016–2019) X : variété peu sensible Case vide : variété sensible à très sensible

 

  • Un système de recherche « Choisir sa variété » : Ce système permet d’aider tout porteur de projet à réaliser le choix variétal le plus adapté à ses conditions de culture grâce à un moteur de recherche multicritères.

 

  • Un site participatif : Le wiki a pour vocation de favoriser la collaboration entre acteurs, permettant de développer deux volets participatifs.
    • Le Réseau : mettre en lien les acteurs régionaux intéressés par les variétés régionales (pépiniéristes, producteurs, metteurs en marché, associations œuvrant dans la sauvegarde du patrimoine, etc…) pour favoriser la dynamique filière qui se met en place petit à petit.
    • Commenter une variété : à la fin de chaque fiche variétale, une « Évaluation participative » est ouverte et permet à toute personne cultivant la variété de laisser son appréciation sur sa culture : son rendement, son alternance, son comportement en altitude, sur différents types de sol, PG…

 

Article rédigé par Sophie-Joy Ondet et Chloé Gaspari, du GRAB d’Avignon

Le wiki Fruinov

L’ensemble des informations est proposé sous la forme d’un site internet particulier, le wiki Fruinov, disponible à l’adresse : www.grab.fr/fruinov/wakka.php?wiki=Presentation ou en tapant sur votre moteur de recherche : « grab fruinov présentation ».

Ce projet, financé par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et la Fondation de France, a été porté par le Groupe de Recherche en Agriculture Biologique et réalisé en partenariat avec le Parc naturel régional du Lubéron, l’INRA d’Avignon, l’INRA de Montpellier, le Lycée Louis Giraud de Carpentras et le Centre d’Expertise et de Transfert de l’Université de l’Université de Tours.