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En maraîchage biologique, l’implantation de cultures dans des couverts intéresse de nombreux maraîchers qui souhaitent réduire les opérations de travail du sol. La fertilité des sols est un des piliers des systèmes de production et une fréquence trop élevée des opérations mécaniques réalisées sur le sol risque d’affecter cette fertilité.
Implanter des cultures dans des couverts est une technique agro-écologique qui présente de nombreux intérêts
environnementaux. Elle s’insère dans l’agriculture de conservation sans glyphosate et sans paillage plastique, elle a pour objectif de diminuer l’émission de gaz à effet de serre (avec moins de travaux mécaniques énergivores) et d’augmenter la biodiversité dans les exploitations agricoles. Pour accompagner les maraîchers sur ce sujet en région Nouvelle-Aquitaine, trois essais ont été mis en place.
Le 1er objectif est d’acquérir des références techniques sur :
Le 2ème objectif est de mesurer les effets sur le long terme :
Le couvert végétal doit avoir trois propriétés :
Graphe 1
En deux ans, huit couverts ont été testés. Les principaux enseignements sont :
Aujourd’hui, les meilleurs résultats sont issus du mélange vesce (30 kg/ha) / seigle (90 kg/ha) et du mélange féverole (100 kg/ha) / seigle (90 kg/ha). La biomasse fraîche des couverts étant semblable (autour de 40 t/ha). La vesce présente un meilleur comportement de recouvrement que la féverole permettant ainsi de mieux gérer les futures adventices, mais elle doit être roulée plus tardivement ce qui peut avoir un impact sur le rendement de la culture suivante.
En dehors du premier semis du couvert qui peut se réaliser classiquement, trois outils sont nécessaires pour mener à bien l’implantation d’une culture dans un couvert :
Pour les maraîchers ne possédant pas ces outils, l’autoconstruction, en partenariat avec l’Atelier Paysan, reste le moyen le plus abordable pour les acquérir.
Rouleau de type « faca »
Fabrication du rouleau de type « faca » : la ferme du Roy (16) et l’exploitation du lycée (17) ont pris pour base un rouleau plat sur lequel ils ont soudé des fers (les formations adultes du CFFPA du lycée du Petit Chadignac ont construit ce rouleau durant leur formation). Le troisième site, la ferme de Légumes&Co (79), voulait un outil plus léger et plus facile à construire. Le rouleau cage fut donc pris comme base avec ajout de masses. Après une année d’essai pour augmenter son efficacité des tiges de métal ont été soudées sur le rouleau cage permettant ainsi de bien « pincer » l’ensemble du couvert.
Le choix des cultures implantées est imposé par la rotation du producteur, car les essais sont effectués sur la même parcelle chaque année. Les cultures plantées ont été préférées les premières années.
L’objectif de cette première année était de vérifier la faisabilité de l’implantation d’une culture dans un couvert roulé. Nous ne sommes donc pas intervenus entre la plantation des courges dans le couvert et la récolte de ces dernières. Le comportement variétal des courges a été très différencié ; certaines variétés semblent peu adaptées. Lors de la récolte des courges, on a montré que :
Graphe 2
En revanche sur l’ensemble du cycle cultural, la culture implantée dans le couvert roulé a constamment été plus en retard de cycle par rapport à la pratique producteur. Quatre facteurs peuvent l’expliquer :
L’objectif de la deuxième année d’expérimentation était d’intervenir sur l’itinéraire cultural de la culture de céleri implantée dans le couvert roulé pour optimiser la technique. Pour permettre une meilleure implantation de la culture de céleris dans le couvert roulé, un apport de 30 unités d’azote d’un engrais starter (AB’FLOR® 13N) a été ajouté au moment de la plantation. Lors de la notation 4 mois après plantation, on note que les céleris plantés dans le couvert ayant reçu un engrais starter sont significativement plus vigoureux et plus lourds que ceux qui n’en ont pas reçu « faim d’azote » (photo).
Ceci s’explique par la dégradation du couvert pailleux qui provoque une forte augmentation de l’activité métabolique. Comme la minéralisation de 100 g de carbone crée une demande d’environ 4 g d’azote, les microorganismes peuvent rapidement consommer l’azote disponible dans le milieu, créant une pénurie d’azote pour les céleris. Dans les prochaines années, cette problématique devrait s’atténuer car la minéralisation de la matière organique des années précédentes devrait augmenter la disponibilité en azote dans le sol.
Pour gérer l’enherbement après plantation, un désherbage manuel suivi d’un paillage sur le rang a été effectué un mois après plantation. Ce seul désherbage (3,5 heures pour 1 000 m²) a permis de maintenir la culture de céleri propre.
En revanche, un problème majeur est apparu sous le couvert : des rongeurs ont pénalisé le développement des
céleris et ont fini par endommager fortement la récolte.
Les premières difficultés liées à la technique d’implantation d’une culture dans un couvert roulé ont été surmontées (vigueur, désherbage, rouleau faca) mais des problématiques restent à résoudre (rongeurs, semoir strip-till). De nombreuses références techniques restent à acquérir notamment sur les espèces et les variétés de légumes que l’on va ensuite implanter.
Le second objectif ne peut être développé à ce stade de l’expérimentation. Le processus d’évolution du sol (fertilité…) est un processus lent dont les effets ne peuvent se mesurer avant 5 ou 6 ans d’essais. Quant à l’estimation économique, elle ne pourra être validée que lorsque la technique d’implantation dans le couvert sera maîtrisée.
Article rédigé par Samuel MENARD, Technicien d’Expérimentation à l’ACPEL
Article initialement paru dans le numéro 7 de la revue ProFil Bio (juin 2019)
Crédit photos ACPEL