Tester des couverts végétaux en maraîchage bio : de l’engrais vert à la plantation dans un couvert

Publié le : 1 août 2019

Les Groupes Innovent en Bio !

Les collectifs sont des lieux propices à l’innovation et aux transferts de pratiques entre agriculteurs conventionnels et bio. Plusieurs groupes ont répondu à un appel à communication de la FNAB avec le soutien d’Ecophyto pour valoriser les démarches innovantes qu’ils mènent sur des thématiques liées à la réduction d’usage des produits phytosanitaires et du désherbage chimique, ou en vue d’innover sur des techniques compatibles avec la réglementation de l’agriculture biologique.

Présentation du groupe

Territoire | piémonts pyrénéens de l’Ariège et de la Haute-Garonne
Date de constitution du groupe | 2016
Taille du groupe | Nombre de producteurs : 15 | dont en non bio : 0 | en conversion bio : 0 | en bio : 15
Dispositif | GIEE
Structure animatrice | ERABLES 31, le groupement bio de Haute-Garonne, Bordeneuve, 31370 LAHAGE | Contact : Delphine DA COSTA – 06 49 23 24 44 – delphine.da-costa@bio-occitanie.org
Producteurs du groupe qui peuvent être contactés pour plus d’informations
Thomas FAURE, 06.19.71.53.54, thomas.faure@biomidipyrenees.org ; Laurent WELSCH, 06.81.68.43.79 ; Grégoire TALBOT, 06.34.32.12.70, talbot@mailoo.org ; Pierre BESSE, 05.62.23.40.84, pierrebesse@free.fr ; Fabrice KEROULLE, 05.61.90.51.83, lagrange31@gmail.com ; Angel ALEGRE, 06.71.65.98.09, angel.alegre@laposte.net ; Marc BONNEFOUS, 06.86.70.58.72, m.bnfs@orange.fr

Un groupe pour travailler sur la maîtrise de l’enherbement, améliorer la fertilité du sol et diminuer le temps de travail grâce aux couverts végétaux.

En maraîchage biologique diversifié, les trois clés de réussite de la viabilité des exploitations sont la maîtrise des adventices, la gestion de la fertilité des sols et l’optimisation du temps de travail. La culture de couverts végétaux est une solution intéressante pour répondre à ces trois principaux besoins à condition qu’elle soit bien gérée. Pour avancer sur leurs questionnements, les maraîchers ont uni leurs connaissances et compétences pour avancer plus efficacement et rapidement.

Des maraîchers mènent des essais sur leur ferme et compilent les résultats pour acquérir des références locales.

Le maraîchage biologique étant une activité récente dans les piémonts pyrénéens de l’Ariège et de la Haute-Garonne, les agriculteurs manquent de références locales sur les itinéraires techniques des couverts végétaux introduits dans les rotations de légumes diversifiés.

En effet, les données existantes sur les couverts végétaux proviennent d’essais menés au niveau national sur les grandes cultures et ne peuvent être directement utilisées pour des rotations ou en associations avec des légumes.

Ainsi, un groupe de producteurs a décidé de se constituer pour mettre en place des essais in situ (à raison de 1 ou 2 essais par an par ferme) et tester de nouveaux itinéraires techniques incluant différents couverts végétaux. Ce groupe de travail se réunit régulièrement pour compiler leurs résultats et être ainsi plus efficaces pour produire des données locales et adaptées à la zone pédoclimatique.

Constitué depuis deux ans, le groupe de maraîchers a déjà commencé à produire des références sur les choix des espèces, les dates et densités de semis, les associations opportunes, les techniques et périodes de destruction, tout en gardant une vision globale de leur système de production.

Mise en commun des résultats et apports extérieurs

Dans un premier temps, les agriculteurs se sont réunis entre eux pour discuter des problématiques rencontrées, des objectifs visés et des moyens envisagés pour y parvenir. Ils visitent régulièrement les parcelles de chacun afin d’échanger sur chaque itinéraire. Si des problématiques sont rencontrées, ils complètent ensuite par des échanges avec des partenaires experts et/ou en contactant régulièrement des spécialistes pour y répondre. L’animatrice du groupe a mis en place un outil interactif d’enregistrement des données et une liste de discussion informatique spécifique afin de garantir une continuité dans leurs échanges.

Création de nouvelles références en couverts végétaux

Connaissant les nombreux intérêts des couverts végétaux pour maîtriser l’enherbement et améliorer la fertilité des sols, sept maraîchers des piémonts pyrénéens ont voulu tester de nouveaux itinéraires techniques pour les introduire dans des rotations avec des cultures de légumes diversifiés.

Les données qui existent au niveau national sont adaptées aux grandes cultures et à d’autres zones pédoclimatiques. Pour ces raisons, les maraîchers du groupe ont décidé de mener leurs propres essais sur leurs parcelles et dans leurs rotations de légumes afin d’obtenir des références locales utilisables et diffusables sur le territoire. Pour cela, ils se sont engagés dans un GIEE pendant six ans afin d’avoir le temps de tester des couverts sur plusieurs fermes en même temps, suivant un protocole commun et pendant plusieurs années afin de valider les résultats obtenus.

La base de la discussion a été de bien définir les objectifs de chacun et ses attentes par rapport à chaque couvert végétal mis en culture : la diminution de la pression des adventices et/ou l’amélioration de la fertilité physique, chimique et biologique du sol et/ou l’optimisation du temps de travail pendant la culture et à la reprise de la parcelle. En effet, en fonction de l’objectif visé, l’itinéraire technique cultural choisi et suivi est différent : par exemple si le maraîcher veut améliorer la fertilité chimique du sol en apportant de l’azote assimilable par les légumes, il privilégiera les apports de matière organique fraîche et donc broiera le couvert régulièrement ; au contraire, s’il souhaite concurrencer les adventices, il laissera pousser le couvert.

Ainsi, chaque nouvel itinéraire est mis en place pour répondre à un besoin spécifique et va être précisé grâce à sa validation sur plusieurs fermes du groupe durant plusieurs années. Il pourra de cette manière être repris par des maraîchers de la zone qui recherchent les mêmes intérêts.

L’innovation consiste donc à trouver des espèces et des variétés adaptées au territoire et des associations pour répondre à plusieurs objectifs en même temps, exemple sorgho et crotalaire pour produire de la biomasse et apporter de l’azote.

Il s’agit également de trouver des densités qui conviennent, par exemple augmenter les densités utilisées en grandes cultures pour couvrir suffisamment le sol, tout en préservant l’équilibre entre les espèces du mélange.

Rolofoca auto-construit

Rolofoca auto-construit

D’autre part, l’introduction de couverts végétaux dans des rotations avec des légumes diversifiés, nécessite d’autoconstruire du matériel de semis et de destruction des couverts adaptés aux plus modestes surfaces de maraîchage, par rapport à celles des grandes cultures. Par exemple un semoir à céréales modifié, un petit rolofaca (l’objectif du rolofaca est de coucher le couvert, de le pincer pour arrêter la montée à graines et de le laisser sur place pour protéger le sol), etc.

En cours de culture, les maraîchers se réunissent également sur les parcelles de manière à visualiser les résultats de leurs collègues et à décider ensemble des prochaines modalités à tester. Au cours de ces rencontres de terrain, ils font parfois appel à des partenaires spécialistes s’ils jugent nécessaire d’avoir des apports théoriques supplémentaires.

La diffusion de l’information doit être adaptée aux autres maraîchers du territoire, jeunes installés et porteurs de projet. Pour cela, les réunions et rencontres sont ouvertes aux producteurs de la zone et les invitations sont ciblées. L’essaimage a déjà débuté puisque, dès la première année, deux nouvelles fermes maraîchères dirigées par quatre maraîchers, ont adopté des itinéraires techniques de couverts validés par les maraîchers du groupe GIEE et participent maintenant aux suivis de nouveaux tests.

Investissements financiers nécessaires pour le projet

  • Semences de différents couverts végétaux
  • Pas d’investissement matériel car le but est de travailler au maximum avec le matériel déjà présent sur les fermes (hormis l’auto-construction du rolofaca)

Des indicateurs de résultats techniques ont été définis

  • Nombre de données locales acquises
  • Nombre de synthèses rédigées et diffusées
  • Nombre de références locales reproductibles sur le territoire et nombre de maraîchers informés

Pour aller plus loin

  • CIVAM Bio 09 : Groupement des agriculteurs biologiques d’Ariège, partenaire privilégié de diffusion de par la proximité des enjeux des deux territoires. Mutualisation de l’animatrice technicienne maraîchage, Delphine Da Costa : delphine.da-costa@bio-occitanie.org | http://www.bioariege.fr/

  • Karim RIMAN, Agro-écologue, expert de la gestion de la fertilité des sols : karim.riman@free.fr | http://www.consultant-agriculture-ecologique.com/

  • GRAB d’Avignon : Groupe de Recherche en Agriculture Biologique, partenaire français du programme européen Soilveg créé en 2015 (qui vise à améliorer la préservation des sols.