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Depuis plus de 10 ans, la CAB Pays de la Loire coordonne un programme de recherche-expérimentation « semences paysannes bio » sur les blés paysans. Le suivi opérationnel de ce programme est réalisé par le GABB Anjou sous l’œil expert de Florent Mercier (GAEC du Pont de l’Arche), référent professionnel et paysan-chercheur. Dans un contexte météorologique défavorable et malgré les faibles rendements, la saison 2017/2018 a apporté son lot de richesses et a validé l’intérêt grandissant des producteurs et de toute une filière autour de la défense de valeurs et du bien commun.
Plus de 600 variétés sorties des conservatoires, le lancement de la population dynamique 1 puis l’avènement de sa petite sœur la population dynamique 2, une trentaine de paysans impliqués, des partenariats de recherches participatives avec l’INRA l’ITAB et le RSP : voilà le bilan après 14 années d’expérimentation.
En réponse à un nouvel appel à projet du conseil régional, principal financeur du programme, la CAB Pays de la Loire continue ses recherches dans le cadre du programme « QUALIBLEBIO », un programme expérimental multi-partenaires. Pour les trois années à venir, ce projet sera piloté par la CAB et animé par le GABB Anjou. Les objectifs demeurent l’identification et la caractérisation des variétés paysannes qui semblent intéressantes pour le contexte des Pays de la Loire. En complément de l’évaluation des qualités agronomiques, les analyses permettront d’évaluer les qualités technologiques (meunerie, boulangerie), organoleptiques et nutritionnelles des blés paysans.
Apprendre, transmettre, partager, bien commun, savoir-faire, échanges, autant de termes qui reviennent souvent et montrent à quel point le partage et les temps de rencontres sont chers aux agriculteurs et agricultrices. Pour les semences paysannes, le réseau et l’entraide demeurent les meilleurs moyens de mettre en place des alternatives au système commercial en place. Les temps forts de l’année se sont donc tous articulés autour de ce besoin d’échanger.
L’incontournable journée professionnelle sur les blés paysans bio s’est tenue cette année encore à Bouchemaine (49). Nouveauté : pour compléter la visite de la collection par Florent Mercier, pas de conférence ou d’exposé mais des ateliers participatifs. L’après-midi, la centaine de participants a pu échanger et répondre aux questions suivantes : « la sélection aujourd’hui, quel est le bilan ? La sélection demain, quelles orientations prendre ? ». Les participants sont repartis satisfaits d’avoir pu échanger sur leurs besoins et contraintes, d’avoir rencontré des confrères et partenaires et abordé ensemble la question des objectifs pour l’avenir de la « filière blés paysans ».
Retour au champ pour cette journée en compagnie d’Isabelle Goldringer, directrice de recherche à l’INRA du Moulon sur la gestion dynamique de la biodiversité cultivée. Après une mise en bouche théorique, 8 paysans et porteurs de projets se sont essayés à la sélection sur les bandes de la plate-forme d’essais du Pont de l’Arche.
« C’est essentiel de pratiquer la sélection en collectif car chacun a un regard très différent et enrichissant pour la diversité de ce qui est sélectionné » souligne Clément R., porteur de projet (44)
Sous un soleil généreux, cet évènement a mobilisé une cinquantaine d’agriculteurs et agricultrices curieux, de porteurs de projets intrigués, d’amis investis et de consommateurs. Les participants ont su accomplir différentes tâches comme la récolte manuelle des variétés délicates, le décorticage des bottillons de blé et d’engrain, le tri des lots battus et l’accompagnement de la moissonneuse et logistique des différents lots. Tout cela sans oublier de profiter d’un bon repas partagé.
Pour clôturer la saison et préparer la campagne 2018-2019, une dizaine de paysans s’est retrouvée pour partager les résultats des essais de la plateforme de Bouchemaine (49) et des essais menés sur leurs fermes. Un temps a été consacré aux discussions sur les méthodes et le matériel de tri et de stockage des céréales sur la ferme. Cette saison s’est avérée très compliquée à cause d’une météo peu favorable et affichant de faibles rendements. Les faibles quantités produites ne pourront répondre aux besoins de chacun pour la transformation et pour les semis de cet automne. Suite à ce constat et l’intérêt grandissant, la CAB et le GABB Anjou craignent ne pouvoir répondre favorablement aux nombreuses sollicitations. L’entraide et le partage au sein des réseaux seront plus importants que jamais.
« On a besoin de se retrouver et d’échanger, d’avoir un vrai groupe qui avance et permet à tous d’être en lien dans la continuité. On a déjà fait du chemin, mais il nous reste encore du travail ! » Florent M., paysan bio -chercheur (49)
Article rédigé par Adrien Lisée, GABB Anjou
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