Découvrez les pratiques et techniques par filière
La FNAB a organisé du 12 au 15 mars dernier un déplacement en Autriche pour visiter une station d’expérimentation et 2 élevages commerciaux qui pratiquent les mises bas en liberté équipés de cases de l’équipementier Schauer, avec accès à des courettes extérieures pour les truies et les porcelets (1) . Des éleveurs et éleveuses indépendant-e-s, des groupements de producteurs, une association de protection du bien-être animal et des instituts techniques ont constitué la délégation accueillie par Bio Austria, partenaire de la FNAB. Retour sur les principaux enseignements tirés de ce voyage.
>> Le compte-rendu des visites en images commentées est téléchargeable ICI
La loge est conçue sur une séparation des aires fonctionnelles. Elle comprend :
Le fonctionnement détaillé des cases Schauer est exposé ici .
Ci-dessous, un bilan des observations du groupe qui s’est déplacé en Autriche :
Avantages | Limites pour une applicabilité en France | |
Conception – organisation en 3 aires fonctionnelles | Organisation convaincante qui limite le nettoyage à l’intérieur du bâtiment (sauf au début de la vie des porcelets)
Pistes d’amélioration : rajout de barres anti-écrasement ? Conception du nid à porcelets : fermé sur 3 côtés avec un couvercle, bonne isolation |
Frein psychologique des éleveurs français lié à la mise bas en liberté (peur de l’écrasement)
Couloir alimentation étroit et souvent très long (en lien avec les normes Autriche), voire démesuré Investissements élevés : 9 000 euros la place (montant qui inclut le bâtiment). Les élevages visités ont reçu une aide publique substantielle (20 à 30 % de l’investissement) |
Alimentation | Le fourrage grossier à volonté :
L’introduction de fourrage de garantit à l’éleveur un plus-value de 20 cts / kg |
Bâtiments français actuels pas conçus pour la distribution de fourrages
|
Bien-être des animaux | Bien être visible des animaux :
|
Surface de la zone de repos et d’allaitement finalement assez réduite. Mais au total la surface intérieure réglementaire est respectée en comptant la case + le nid à porcelets + le couloir. La surface de la zone d’allaitement ne doit pas être trop grande pour éviter que la truie ne fasse ses déjections à l’intérieur (zones vides propices aux déjections). Pas de comportement agonistique observé lors des visites mais c’est un risque. Le système fonctionnerait-il si la superficie de la zone de repos / couchage était agrandie ?
Principales limites liées à la courette extérieure au stade maternité :
|
Courettes |
|
|
Travail de l’éleveur | Globalement : facilité et confort de travail pour l’éleveur | La taille restreinte de la zone de repos et d’allaitement peut rendre difficile l’intervention sur une truie |
Cette visite en Autriche a mis en lumière les conditions de faisabilité de la mise bas en liberté en élevage porcin bio. Le concept Schauer, globalement convaincant en matière de bien-être animal et de conduite d’élevage, n’est néanmoins pas le seul sur le marché. Au vu des coûts que représentent un investissement pour la mise en place de ce type de cases, il paraît nécessaire de poursuivre l’état des lieux des solutions existantes.
Enfin, soulignons que seul des élevages commerciaux de taille réduite (20 truies max) ont été visités. La FNAB étudiera dans les mois à venir la viabilité de ce système dans des plus gros élevages (de 50 à 70 truies) également équipés de ces cases.
Concernant les bâtiments d’engraissement, les 3 élevages visités ont fait le choix, contrairement à ce qui se fait généralement en France, de réduire la surface de la zone intérieure au profit de la courette. Comme en maternité, les zones de couchage étaient réduites. Cette approche a semblé convaincante tant du point de vue de l’ambiance générale du bâtiment (pas de déjection à l’intérieur) que du comportement des porcs à l’engrais (à queue longue et rationnés). Les éleveurs arrêtent de pailler plusieurs jours avant l’enlèvement des porcs charcutiers. Les niches sont balayées entre chaque bande.
Réglementation générale autrichienne relative au bien-être animal
En Autriche, la réglementation horizontale actuelle sur le bien-être animal n’encadre pas la liberté des truies en maternité : le blocage des truies dans des cages en contention n’est pas interdit en élevage conventionnel.
Depuis le 1e janvier 2013, le terme « case de maternité » a été introduit dans la règlementation sur le bien-être animal.
A partir du 1e janvier 2033, les truies et les cochettes devront se mouvoir librement dans ce type de cases. Cependant, il sera toujours possible de bloquer les truies jusqu’à la fin de la phase critique de développement des porcelets, pour éviter l’écrasement.
Pour les fermes biologiques, comme ailleurs en Europe, c’est le règlement bio européen qui s’applique : il n’y a pas non plus d’obligation de liberté des truies en maternité.
Application et interprétation autrichienne du règlement biologique
Manquement : | Les truies gestantes et les truies allaitantes sont bloquées dans des cages de contention |
Base légale : | Règlement (CE) N°889/2008, Article 11(4) |
Sanction : |
|
Cahier des charges Bio Austria
Bio Austria, marque privée différenciante, édicte quant à elle les règles suivantes :
« Dans les cases maternité, la liberté de mouvement des truies ne doivent pas être entravée, ni lors de la nidification ni lors de l’allaitement des porcelets. Une semaine avant la mise bas, les animaux doivent disposer d’une quantité suffisante de matériaux de nidification appropriés. »
Bio Austria est la fédération des producteurs et productrices bio en Autriche. Elle fédère 12 500 adhérents, soit 60 % des fermes bio autrichiennes. Elle a développé son propre standard privé, Bio Austria, assortie d’un cahier des charges « bio + » (uniquement disponible en allemand)
En Autriche, le marché de la bio se structure autour de standards privés plus exigeants que l’Eurofeuille. Au-delà de la labellisation portée par Bio Austria, dans un paysage où les magasins spécialisés pèsent peu, les distributeurs Aldi (discounter) et Rewe (GMS classique) ont créé leur cahier des charges privés « bio + », associés à des marques propres. D’un distributeur à l’autre les exigences peuvent varier fortement.
La principale organisation économique d’éleveurs de porc bio, Bio Schwein Austria (100 % porc bio), compte 250 sociétaires. Elle est détenue à moitié par les producteurs et à moitié par le directeur. Elle abat 850 porcs / semaine, soit 50 % du volume national (1 900 porcs / semaine). La différence est couverte par les autres OEPB, les producteurs en vente directe et par l’usage propre de certains producteurs.
Bio Schwein Austria a mis au point son propre cahier des charges, qui impose aux éleveurs de respecter un des standards « bio + » existant en Autriche. Dans les faits, 98 % des porcs charcutiers valorisés par l’OEPB sont certifiés Bio Austria. Bio Schwein Austria demande également aux éleveurs de nourrir leurs animaux avec de l’alimentation 100 % bio et de valoriser de l’ensilage de trèfle comme fourrage grossier, en plus du foin. Les porcs charcutiers de plus de 130 kg sont déclassés.
Bio Schwein Austria estime à 45-50 cts / kg le prix de l’aliment, soit un coût total entre 135 et 200€ par porc charcutier (base de calcul : 300 à 400 kg d’aliment par porc charcutier pour l’engraissement).
Les informations disponibles quant au prix payé producteur sont incomplètes. Lors des rencontres avec les opérateurs autrichiens, il a été évoqué un prix plancher (3,15 € / kg – TMP 56) qui ne prend pas en compte les rentrées supplémentaires liées au respect obligatoire du cahiers des charges « bio + » Bio Austria. Ce prix de base doit également être analysé au regard des montants substantiels d’aides nationales et régionales perçues par les éleveurs bio autrichiens pour la construction de nouveaux bâtiments.
(1) En France, le Comité National de l’Agriculture Biologique a voté en avril 2018 l’obligation d’accès à l’extérieur pour les truies au stade maternité et pour les porcs en post-sevrage. Le délai d’application de cette règle sera fixé par l’INAO dans les prochaine semaines. La superficie minimale réglementaire des courettes extérieures est encore en cours de discussion dans le cadre de la révision du règlement européen (entrée en vigueur 1e janvier 2021), mais sera selon toute vraisemblance de 3,5 m². (décision attendue pour octobre 2019). La surface intérieure des cases reste identique au précédent règlement (7,5 m²).
Vous avez besoin d'une information qualifiée (évolution réglementaire, recherches et expérimenations en cours...), organisée par grand système de production ? Abonnez-vous à votre lettre filière !