Quel avenir pour la filière des vins bio ? Quels scénarios possibles ?

Publié le : 6 novembre 2017

C’est à ces questions que les membres de France Vin Bio, association à caractère interprofessionnel regroupant les associations interprofessionnelles du vin bio de différentes régions viticoles, ont souhaité s’attaquer afin d’anticiper les évolutions possibles de la filière d’ici 2035. Cette étude a été menée de 2015 à 2017 en collaboration avec la cellule d’animation « prospective » de FranceAgriMer et des chercheurs de l’IHEV-Montpellier SupAgro. Il en ressort le croisement de nombreuses hypothèses, qui a débouché sur la rédaction de 5 scenarios possibles. Ce travail va permettre de nourrir la réflexion stratégique de la filière bio.

Une filière en forte progression

Évolution des surfaces et du nombre de fermes certifiées en viticulture bio, source Agence bio

Avec 58 638 ha de vigne conduites en bio sur 5 263 exploitations en 2016, la filière viticole bio est une filière dynamique : la production est toujours en augmentation et le marché continue de se développer (chiffres source Agence Bio). Le fort dynamisme de conversions connu entre 2008 et 2012 s’est aujourd’hui ralenti mais continue de progresser. La viticulture bio représente, à ce jour, 9 % de la SAU viticole nationale et certaines régions (PACA, Occitanie..) ont des proportions plus importantes. La France est le troisième plus gros producteur mondial de vin bio derrière l’Espagne et l’Italie. Ces trois pays représentent 73% des surfaces mondiales de viticulture bio. Selon l’Agence Bio, le marché des vins bio est lui aussi en fort développement (croissance à deux chiffres depuis 2011), que ce soit pour le marché français comme celui à l’export.

Cette situation va- t elle durer ? Quelle est  la pérennité et viabilité économique des conversions à la bio ? L’offre de vins bio continuera-t-elle à répondre aux attentes des marchés des consommateurs français et internationaux ? Peut-on construire durablement un marché équilibré ? Telles sont les questions auxquelles les professionnels du secteur aimeraient pouvoir répondre. Afin d’évaluer les futurs possibles, un travail de prospective a donc été réalisé.

5 scénarios pour la filière des vins bio

Les scénarios ont été construits collectivement par les professionnels sur secteur réunis au sein d’une cellule d’animation qui s’est réuni environ tous les deux mois pendant 2 ans. Un séminaire de restitution a eu lieu en Avril 2017 afin de confronter ces 5 futurs possibles à un nombre plus importants de professionnels. Suite à différents exposés d’experts, le groupe a travaillé sur l’identification de 210 hypothèses qui pourraient jouer sur l’avenir de la filière. Changement climatique, politique de santé vis-à-vis de l’alcool, évolution des exploitations agricoles, normes internationales, consommation, appellations, impasses techniques, tout a été passé au crible des hypothèses. 46 hypothèses jugées déterminantes ont ensuite été retenues afin de monter les 5 scénarios.  Zoom sur ces 5 scenarios de filière :

La filière vin bio essaye de survivre

Il s‘agit d’un scénario avec de nombreux indicateurs au rouge : contexte de crise économique généralisée, pression des pouvoirs publics sur la consommation d’alcool, impasses techniques suite au changement climatique… La filière des vins bio maintient des prix élevés face aux contraintes techniques et voit sa part de marché diminuer. La survie de la filière dépend de l’installation de néoruraux et des quelques conversions d’exploitants conventionnels.

La filière bio est réduite à un segment premium « vin bio & santé »

Même contexte général de crise généralisée que le scénario précédent mais les vins bio arrivent à se positionner sur un secteur « premium » et les prix se maintiennent. Des labels environnementaux autres que le label bio se développent et gagnent en notoriété. La différenciation pour le segment des vins bio se tourne de plus en plus vers le volet « santé ». Malgré cette évolution, la filière connait tout de même une forte diminution du nombre d’exploitations et ce sont surtout des initiatives individuelles qui perdurent.

Disparaitre pour renaitre : le phénix bio

Le contexte de crise généralisé amène une pression à la baisse sur les prix des produits. Le vin n’est pas épargné. Le changement climatique impacte sévèrement la viticulture bio. Parallèlement, la plupart des cahiers des charges AOC convergent vers des pratiques similaires au cahier des charges bio et une « IGB » Indication Géographique Bio voit le jour. Afin de se différencier, des vignerons historiques de la bio font pression pour renforcer le cahier des charges bio et, petit à petit, le nombre d’exploitations certifiées selon le label AB s’étiole au profit des autres appellations. De ce scénario, un mouvement des « Autrement vins » finit par ré-émerger.

La filière vin bio gère sa rente de situation

Devenue la référence environnementale et reconnue par les instances du vin, la filière vin bio continue à être soutenue par les pouvoir publics. La viticulture biologique conserve un cahier des charges exigeant alors que les autres indications acceptent les nouvelles innovations (OGM, etc). Ce schéma répond à une attente du consommateur. La filière des vins bio se dote d‘outils de pilotage et maitrise efficacement son développement afin de protéger ses marchés et d’assurer sa pérennité.

Croissance quantitative assumée

Le contexte général se caractérise par une sortie de récession. Des nombreuses techniques se développent dans la filière viticole mondiale (OGM). Il y a donc une place qui se développe pour la viticulture bio. La filière sort de sa niche et devient un produit phare dans le monde du vin. Soutenue par les pouvoirs publics, la filière trouve sa place dans les différentes instances de régulation. Les avancées de la recherche permettent de lever certains freins techniques. Face à la demande en forte croissance, la filière trouve des compromis entre les restrictions fondamentales (pas d’OGM etc) et l’autorisation de certains procédés physiques, permettant de relever le défi d’une croissance quantitative.

 

A lire :

  • Retrouvez la synthèse des scénarios  : cliquez ici
  • Pour lire le rapport complet comprenant la méthodologie : cliquez ici

Que faire ensuite ?

Cette prospective sur la filière des vins bio à horizon 2035 et ces cinq scénarios ne s’apparentent pas à de la prévision, ils « proposent simplement des futurs possibles et crédibles sans considération de probabilité pour leur occurrence ». Ce travail permet de poser les jalons d’une réflexion stratégique sur les futurs possibles pour la filière. Que souhaite-t-on voir arriver ? Que ne souhaite-t-on pas ? Que faire et comment s’organiser pour que le futur que nous souhaitons advienne ? Telles sont les questions à se poser ensemble pour l’avenir des vins bio en France.

Les différentes associations à caractère interprofessionnel de France Vin Bio ont organisé en 2017 des moments de restitution de l’étude en régions ainsi que des groupes de réflexion. N’hésitez pas à contacter votre groupement local pour plus d’informations.