Thierry REMY – Bovins lait et viande – Haute-Marne

La ferme en quelques mots

  • Lieu : MAGNEUX (52)
  • SAU : 94 hectares
  • Date de conversion : 2008
  • UTH : 1,5
  • Productions : bovins lait et bovins viande
  • Débouchés : Filière longue, BIOLAIT
  • Engagement : Président de l’ARDEAR Grand Est , administrateur au CA du GAB52, adhérent-référent Biolait

Quel est votre parcours ?

Thierry REMY « Je  me suis installé en 1995 sur la ferme familiale. En 2000, j’ai fais un CTE* pour réduire les intrants, notamment pour le maïs et l’escourgeon et j’ai passé 50% de mes surfaces en herbe. Mon passage en bio s’est déroulé entre 2008 et 2010. En 2009, j’ai converti le troupeau et Biolait s’apprêtait à passer en Haute-Marne en 2008 suite à la crise du lait bio.

D’autres producteurs ont fait le choix de Biolait et un réseau a ainsi émergé sur le territoire. Le camion Biolait est passé chez moi dès le début de la tournée en Haute-Marne en 2009.

Enfin, en 2016, avec 10 autres éleveurs (bio et non bio) nous avons monté un GIEE* Pâturages. »

Pourquoi avoir fait le choix de l’AB ?

TR « Pour commencer, mon système est assez économe et autonome, mes bovins sont nourris principalement à l’herbe et je produis mon aliment sur l’exploitation. Les prix du lait lorsque je vendais chez Lactalis en conventionnel ne récompensaient pas  ce travail. Ensuite, mon matériel et notamment le pulvérisateur était vieux, et j’en avais marre des traitements. La consommation des produits bio augmentait. Et un étudiant a fait une étude sur ma ferme : il a constaté que le passage au bio aurait de très bonnes conséquences économiques, c’est à ce moment que je me suis décidé. »

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent passer en bio ?

TR « De ne pas avoir peur. J’ai tardé en 2010 mais aujourd’hui les filières sont organisées, les prix se maintiennent, et cela notamment grâce au travail du réseau bio, de la FRAB, du GAB, qui ont fait bouger les choses. Il faut tenter le coup ! »

Comment fonctionne votre ferme ?

TR « Pour l’élevage, j’ai 44 vaches laitières. Elles produisent chacune en moyenne 4900 litres de lait par an. Je produis sur la ferme 200 000 litres de lait par an. J’ai fait le choix de ne pas investir dans un robot de traite pour favoriser l’emploi, je fais d’ailleurs appel au service de remplacement, et surtout parce que j’aime faire la traite. Je réserve 12 génisses pour le renouvellement pour un vêlage étalé. Et pour la viande, je vends 5 à 6 bœufs par an en filière longue. J’utilise des pratiques alternatives pour réduire les soins vétérinaires et chaque bovin dispose de 40 à 50 ares pour mieux gérer le parasitisme.

Pour les cultures, je fais du blé tendre, du maïs ensilage, du pois, de l’avoine.  En prairie, je cherche à avoir un maximum  de diversité de flore. Je sème du trèfle blanc, du trèfle d’Italie, du trèfle violet, du ray grass,… Depuis 2000, je n’ajoute pas d’azote pour mieux gérer le pâturage. Je ne laboure pas et je couvre les cultures en hiver.

Globalement sur la ferme, je recherche un compromis entre autonomie et rentabilité : je ne fais pas d’investissement ; pour le matériel, j’adhère à la CUMA. Et pour l’alimentation, je produis tout ce dont j’ai besoin sur la ferme. »

Quels sont vos débouchés ?

TR « Entre 200 000 et 240 000 L de lait sont vendus chaque année à Biolait. Les bœufs, vaches réformées et génisses grasses sont vendus à UNEBIO. Je vends également un peu de blé à CERCABIO. »

Que pensez-vous de l’AB en région Grand-Est ? Et comment voyez-vous son développement dans le Grand-Est ?

TR « Le réseau est important. Je suis favorable au Grand-Est notamment pour le développement des filières. La Champagne-Ardenne était peut-être une région trop petite pour pouvoir se développer convenablement à l’inverse du Grand-Est. Pour autant, il faut garder une proximité avec le terrain et c’est ce que nous voulons faire en Haute-Marne. »

Quels sont vos projets? Vous avez un projet de transmission de votre ferme ?

TR « Mon départ en retraite est prévu dans dix ans. Je réfléchis, je limite les investissements sur l’exploitation pour faciliter la transmission. Peut-être qu’un de mes enfants reprendra. Je ne m’inquiète encore que peu car j’ai encore le temps. »

 

Interview réalisée par le réseau Bio en Grand Est et initialement parue dans « Les Lettres AB » de janvier 2018.


CTE* : Contrat Territorial d’Exploitation. Dispositif pour la reconnaissance des multiples fonctions de l’agriculture (fonctions économique, sociale et environnementale), il vise à faciliter la réorientation de l’agriculture afin de répondre à l’évolution des marchés et aux attentes de la société.

GIEE* : Groupement d’intérêt économique et environnemental qui permet une reconnaissance officielle par l’Etat de l’engagement collectif d’agriculteurs dans la modification ou la consolidation de leurs pratiques en visant une performance économique, environnementale et sociale