Delphine Bouvry et Lionel Martens – Bovins viande, volailles, petits fruits – Aube

Delphine BOUVRY : « Je viens du Canada, j’ai fait mes études là-bas. J’avais créé une petite AMAP bio et j’ai fait un peu de maraichage. Mes parents sont éleveurs, ils ont un élevage de bisons et de chevaux. J’ai rejoint Lionel en 2000 en France et je me suis installée sur la ferme avec lui.»

Lionel MARTENS : « J’ai fait des études agricoles et un stage d’un an à Alberta. J’y serais bien resté mais je suis rentré en France pour reprendre la ferme de mes parents en 1999, je ne pensais pas être agriculteur au départ ! J’ai tout de suite créé l’atelier de volailles, assez progressivement et en vente directe. Ca nous a laissé le temps de fidéliser notre clientèle.»

Interview croisée.

La ferme en quelques mots

  • SAU : 79 ha
  • UTH: 2,8
  • Installation de Lionel : 1999
  • Installation de Delphine : 2014
  • Ferme bio depuis 2010
  • Bœufs et veaux (Angus noire),
  • Volailles : poulets, pintades, canards.
  • Petits fruits (Saskatoon): Transformation : confitures, gelées
  • Débouchés : Vente directe à la Ferme, points de vente (SCOP de Vienne à Troyes).

Pourquoi avoir fait le choix de l’agriculture biologique ?

Delphine BOUVRY : «Après mon expérience dans le bio au Canada, j’y pensais déjà…»

Lionel MARTENS : « Ça a fait son chemin tout doucement. Je me souviens encore, les enfants me demandaient s’ils pouvaient venir traiter et je leur interdisais de m’accompagner, de ce côté-là on était contents de faire ce choix. Et puis au-delà de ça, il y a beaucoup d’autres raisons. On s’est convertis en 2010, parce qu’on le voulait vraiment, pas forcément pour répondre à une demande. Au début, on proposait même des prix inférieurs au conventionnel…»

 

Comment fonctionne votre ferme ?

Vache Angus

Delphine BOUVRY & Lionel MARTENS : « Nous avons 80ha, une partie en cultures de vente et des prairies. On fait de la luzerne, blé, triticale, épeautre, pois d’hiver, mélanges, … On manque de matériel ; dans le coin, nous sommes les seuls en bio, ce n’est pas toujours facile… On attire l’oeil de nos voisins, mais certains se posent des questions, et se disent que c’est peut-être pas si mal la bio !

Pour l’élevage, on a commencé par les poulets, et on a créé l’atelier bovin en 2008. La production de volailles nous permet de sécuriser notre système et puis il y a une forte demande. Nos clients prennent facilement plusieurs poulets à chaque fois. On abat nos poulets tous les deux mois, et on essaie d’avoir des veaux toute l’année. Il y a deux périodes plus calmes dans l’année, en été et en janvier après les fêtes, où on diminue la vente directe. Et puis les vaches sont dehors à cette période, ce qui nous fait un peu moins de travail. C’est le moment pour nous de se concentrer sur d’autres projets. On a fait beaucoup de choses en auto-construction dans la ferme !

Au niveau du temps de travail, on ne compte pas nos heures. On essaie de se fixer des objectifs et ne pas travailler plus de 60h/semaine, mais ce n’est pas facile…»

 

Au niveau de la commercialisation, plutôt circuits courts ou circuits longs ?

Pintades

Delphine BOUVRY & Lionel MARTENS : «Pour les cultures, on vend aux coopératives et une partie est autoconsommée. Pour l’élevage, tout est vendu avant abattage. Economiquement parlant, les céréales nous rapportent autant que la vente directe. Notre avantage, c’est qu’on a une clientèle fidèle. Mais on ne communique pas assez sur nos produits… Ce qu’on aime c’est également le contact avec les gens. Certains clients nous demandent de visiter la ferme, et on aime prendre le temps de discuter avec eux. Ce qu’on veut, c’est montrer aux gens où sont produits les poulets qu’ils achètent, être transparents. C’est une question de confiance.»

 

Quels sont vos projets ?

Delphine BOUVRY & Lionel MARTENS : «Nous avons réfléchi à comment faire des économies d’échelle sur une ferme : en augmentant notre production de volailles ou en se diversifiant ? Le problème ce sont les moyens humains, on a un super potentiel, mais il faut trouver la bonne personne. A l’heure actuelle, on va augmenter notre production de volailles, lancer notre atelier de découpe et notre magasin puis planter des arbres.

Déjà 500 arbres de plantés, entre les fruitiers et les autres essences qu’on retrouve dans nos champs. Pour le paysage, c’est beaucoup plus agréable.»