Lucie Jehl – maraîchère et éleveuse de volailles à Elsenheim

Une vocation familiale, Lucie Jehl a toujours voulu travailler dans le milieu agricole.

Serre Maraîchage Lucie Jehl Exploitation de Lucie Jehl à Elsenheim (67)

Peux-tu nous présenter ton parcours ?

J’ai toujours voulu travailler dans le milieu agricole, en lien avec la nature et les animaux. Mon projet d’installation s’est concrétisé après mon DUT Génie Biologique option agronomie à Colmar. J’ai choisi de faire la licence pro ABCD (Agriculture Biologique Conseil et Développement) à Obernai en alternance dans une ferme bio alsacienne, en parallèle des démarches administratives liées à mon installation.

Pourquoi as-tu fait le choix de l’agriculture biologique ? Comment s’est déroulé cette installation ?

L’installation en bio est un choix personnel : j’avais envie de proposer des produits sains auxc consommateurs, tout en ayant une bonne valorisation de mes produits.

Mon père a une exploitation céréalière, en bio depuis 2020. Je loue une partie de ses terres, ce qui m’a permis de démarrer mon activité directement en bio, sans avoir besoin d’attendre les deux années de conversion. Le parcours des volailles, situés sur des prairies naturelles, ont également pu être directement certifiés en bio grâce à la dérogation sur la réduction du période de conversion.

Mes parents m’ont beaucoup soutenue dans mon projet. Mon installation a également été facilitée grâce au foncier et au matériel agricole que mon père possédait déjà.

Comment fonctionne ta ferme ?

J’exploite 1,5 ha de maraîchage, dont 30 ares de pommes de terre et 950 m² de serres. je produis une gamme d’environ 25 à 30 légumes et je fais une partie de mes plants moi-même. L’eau du puits me permet d’irriguer les légumes. J’ai la chance de pouvoir travailler avec un autre maraicher, Mac Schmitt, qui le même âge que moi et avec qui on s’entraide beaucoup.

J’ai également un poulailler mobile de 20 m², avec 225 poules pondeuses. Je ramasse manuellement près de 200 œufs par jour, ce qui me prend environ une demi-heure. Le bâtiment est conçu pour maximiser le bien-être des poules et optimiser mon temps de travail : nettoyage, collecte des œufs… Sa particularité est qu’il est déplacé chaque semaine, mes poules ont ainsi toujours accès à de l’herbe fraiche. Je passe environ une demi-journée par semaine à déplacer et nettoyer le poulailler. Les fientes sont valorisées sur les parcelles de légumes et sur les prairies.

J’ai la chance d’avoir de l’aide de mon frère et de mon père, que ce soit pour l’entretien des cultures, le déplacement du poulailler ou le marché du samedi matin.

 

Comment commercialises-tu tes produits ?

Je vends toute ma production en direct. Mon principal débouché est le marché de Colmar le samedi matin, qui me prend beaucoup de temps. J’y vends uniquement ma production, je ne fais pas d’achat / revente, ce qui est une force selon moi. J’aime beaucoup le contact avec les gens sur le marché. Je livre également quelques légumes à la cantine d’un collège d’une commune voisine et à quelques magasins bio.

 

Que penses-tu de l’AB dans le contexte actuel ? As-tu un conseil à donner à ceux qui réfléchissent à s’installer en bio ?

Je suis contente d’avoir pu m’installer et de faire mes investissements avant toutes les hausses de prix que l’on observe actuellement : poulettes, aliment, bâtiments… Je n’ai heureusement pas constaté de baisse de mes ventes au marché, j’ai même des nouveaux clients.

Je leur dirais qu’il faut d’abord trouver ses débouchés avant de se lancer dans la production, même si ce n’est pas une garantie à 100%. C’est difficile de se lancer et encore plus dans le contexte actuel où tout augmente.

As-tu des projets pour la suite ?

J’aimerais déjà pérenniser mon exploitation et ma clientèle du samedi matin. Je suis ouverte aux propositions pour de nouveaux débouchés, surtout s’il y a des opportunités pour livrer d’autres magasins bio.

 

Propos recueillis par Chloé SCHNELLER de Bio Grand Est

Présentation de la Ferme Plumes des Prés

Année d’installation : 2021

SAU certifiée : 2,7 ha de prairies, 5 ha de grandes cultures et 1,5 ha de maraichage diversifié, dont 950 m² de serres

Production bio : maraichage diversifié, pommes de terre, œufs, céréales (maïs, blé)

Débouchés : marché hebdomadaire de Colmar, une cantine scolaire et quelques magasins bio

UTH : Lucie, avec l’aide occasionnelle de son frère et de son père