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SAU : 100 ha
Cheptel : Limousines, 35 mères + suite bœufs/génisses, soit une centaine d’animaux
Main d’œuvre : Jérôme Hallet, aide régulière de son père
Débouchés :
Etant jeune je n’ai jamais eu envie de travailler à la ferme. J’ai eu un Bac STAE au Lycée Agricole de Saint Laurent en 2004 et ensuite j’ai obtenu un BTS Aménagement Paysager au Lycée Horticole de Lomme dans le Nord en 2006. J’ai ensuite travaillé dans différentes entreprises d’entretien des espaces verts et du milieu forestier. Ma passion a toujours été la protection des milieux naturels et j’ai réalisé qu’il y avait un super territoire à protéger avec la ferme de mon père. En 2015, je deviens aide familial sur la ferme et je débute sa conversion à l’agriculture biologique. En 2016, je m’installe sur la ferme. C’était une ferme en polyculture élevage avec maïs ensilage, déjà en limousine mais avec vente de broutard. A mon installation j’ai arrêté le maïs car je savais qu’en bio c’était délicat à produire et je n’étais pas encore assez performant techniquement. De toute façon c’est une culture qui se plait mieux ailleurs, surtout avec les sécheresses que l’on connait aujourd’hui. J’ai semé des temporaires pour faire plus de foin et pouvoir être autonome sur les fourrages. C’est un objectif aujourd’hui qui est atteint avec une ration composée de foin, de céréales aplaties, et encore un peu d’enrubannage pour le moment même si cela m’embête à cause du plastique. Je ne fais quasiment plus de broutard et j’élève mes bœufs.
C’était obligatoire, c’était le seul chemin pour que je puisse allier mon métier et ma passion : la protection de l’environnement. Si je n’avais pas pu convertir la ferme, je ne serais pas devenu paysan.
Plusieurs choses. D’abord j’ai replanté en bordure de parcelles des arbres fruitiers et des arbustes que la plupart des agriculteurs arrachent comme de l’aubépine ou des pruneliers, mais qui sont bien utiles pour les oiseaux. Cela servira également de brise vent et ralentira l’érosion des sols. J’ai aussi choisi le non-labour dès le début. Je n’ai jamais utilisé la charrue et l’enherbement se gère bien avec la herse étrille, les couverts… Il faut éviter d’enfouir la matière organique dans le sol, c’est une aberration. Quand on regarde le sol des forêts, rien n’est enfoui et pourtant c’est un sol très fertile. Le non-labour permet d’améliorer la vie du sol, de préserver les organismes qui travaillent pour nous. En plus ça fait des économies de carburant ! Pour la fertilisation des cultures j’utilise uniquement mon fumier. C’est l’avantage d’un petit système en polyculture élevage, on peut faire un cycle entre les différents ateliers.
Je ne voulais pas faire du bio comme on fait du conventionnel. La nature doit pouvoir jouer son rôle.
C’est aussi ce principe que j’applique sur mon troupeau. Je ne coupe pas les cornes, si elles sont là c’est qu’il y a une raison. Pour la santé, j’utilise uniquement l’homéopathie et l’aromathérapie, sauf si problème grave où je fais appel au vétérinaire mais c’est très rare. Les résultats avec les médecines alternatives sont très bons. Je travaille surtout sur la construction d’une immunité pour mes animaux. La plus grande part du travail est faite avec beaucoup d’observation. Les vaches nous parlent autrement qu’avec des mots, il y a des signes : un poil terne, un nez qui coule… qui permettent de trouver des pistes pour soigner.
Oui bien sûr. J’ai suivi le programme haie avec l’association ReNArd, le Regroupement des Naturalistes Ardennais, qui a permis la plantation d’1 km de haies en 2019 sur ma ferme. Toujours avec le ReNArd, j’ai créé une mare dans une zone humide de la ferme pour compléter le maillage des corridors écologiques. En quelque semaines j’ai vu la vie réapparaitre. On a placé des pièges photos et on a pu observer une grande diversité d’animaux : raton laveur, chevreuil, buse, hibou grand-duc, libellules, grenouilles, triton… Et évidemment cela peut servir d’abreuvoir pour les vaches ce qui n’est pas négligeable !
C’est une association crée en 1995 dont le but est d’étudier, de protéger et de faire connaitre la nature et l’environnement. J’en suis président depuis 2015. L’association ReNArd
a organisé des chantiers bénévoles de plantation de haies chez d’autres agriculteurs auxquels j’ai pu participer. Il y a aussi des ateliers de création d’hôtel à insectes, de nichoirs, de gites à chauves-souris. L’association organise aussi une multitude de sorties nature. Les programmes que le Renard met en place visent à associer environnement et agriculture et ne pas oublier que dans la nature tout le monde est utile.
Oui, il y a tellement de sujets qui m’intéressent. J’aimerais installer des ruches pour le loisir mais pas trop pour ne pas concurrencer les pollinisateurs sauvages, mettre en place de l’agroforesterie, me pencher sur la biodynamie… Pour mon troupeau je me questionne sur le pâturage tournant pour avoir une meilleure gestion de l’herbe et mieux valoriser les ressources de mes prairies.
J’ai de l’occupation pour de nombreuses années.
Non même si c’est très prenant. Entre les coups de bourre et les imprévus qui se rajoutent au travail normal on est chargé. J’essaye de prendre le temps de m’arrêter et de sortir ma paire de jumelles pour observer les oiseaux qui survolent la ferme. En plus en bio, on a la chance d’avoir l’opinion publique de notre côté, on se sent soutenu.
Article initialement paru dans Les Lettres de l’AB rédigé par Amélie LENGRAND de Bio En Grand Est
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