GAEC de la petite prée – Aisne – Bovin-ovin lait

Pâturage et foin de séchoir dans une ferme laitière de l’Aisne

La ferme en quelques mots

SAU : 149 ha

Elevage :

  • 110 vaches laitières, Race Montbéliarde
  • 100 brebis

Historique :

  • 1980 : GAEC de 2 associés (père et fils), 35 VL et 48 ha
  • 1994 : Début de réflexion par l’autonomie, remise en cause du système intensif et du labour. Arrivée de Thierry, salarié sur la ferme
  • 1998 : Voyage d’étude chez un éleveur laitier bio en Loire Atlantique, qui a renforcé la réflexion du passage en bio
  • 1999 : Arrivée de Hervé comme associé. 80 VL, 165 ha et 100 brebis
  • 2000 : Conversion en AB de 100 % de la ferme (conversion simultanée terres et élevages). Installation de Thierry
  • 2002 : 1ère collecte de lait bio. 100 VL
  • 2008 : Mise en place du séchage en grange
  • 2010 : Projet de transformation laitière
  • 2013 : Départ de Hervé. Diminution de la SAU à 145 ha – 90 VL et 90 brebis.
  • 2015 : Reprise (et conversion) de 50ha. Arrêt de la transformation laitière
  • 2018 : arrivée de Henri sur la ferme en contrat de  professionalisation sur 18 mois

Pourquoi la bio ?

Jean-Luc Villain, installé sur la ferme familiale depuis 1980, a toujours eu en tête la cohérence de son système. Dès 1996, l’arrivée sur la ferme de Thierry Lefevre accélère la réflexion des agriculteurs : ils veulent un système plus en adéquation avec l’environnement et leur vision du métier d’éleveur. La méthode intensive ne leur convient plus, ils testent des itinéraires techniques innovants (mélanges prairiaux, diminution drastiques des traitements phytosanitaires,….) et cherchent ainsi à gagner en autonomie. Au fil de ces expériences et de l’évolution des pratiques, la ferme entame une conversion vers l’agriculture biologique en 2000.

Séchage en grange

« La rencontre et l’échange avec d’autres éleveurs a été déterminante » Nous affirme Jean-Luc. Et c’est bien par ces échanges et les visites de fermes que la réflexion des deux associés continue d’avancer. C’est la difficulté de faire du bon foin chaque année dès leur passage en bio, qui les incite à s’intéresser au séchage en grange. Le séchoir en grange sera ainsi mis en place en 2008, opération facilitée par une aide à l’investissement issue de la région Picardie

« Nous sommes plus en adéquation avec notre vision de l’AB », confie Thierry en parlant du séchoir… avant d’ajouter qu’il y a aussi un intérêt de simplification logistique et une diminution de temps de travail ! Le gain de temps se fait ressentir quotidiennement à la distribution alimentaire, mais aussi lors des fauches où il n’y a plus besoin de presser les balles rondes puis d’enrubanner. Jean-Luc appuie son associé et évoque en prime l’intérêt économique et écologique. « Sans même parler de l’aspect écologique, nous réalisons 4.000€ d’économie en film plastique et ficelles par an, déchets dont nous ne savions que faire après utilisation» dit-il.

Évidemment, la conduite d’un séchoir en grange est très technique. Un système de régulation a été installé. Si l’investissement était important (250 000€), 10 ans après, ils ne regrettent pas leur choix.

Il faut aussi noter que le foin issu de séchage en grange est reconnu de meilleure qualité, il se rapproche des valeurs de l’herbe fraîche. S’il a de meilleures valeurs alimentaires que le foin séché au sol, ceci s’explique par deux phénomènes :

  • Le séchage plus rapide permet de limiter la dégradation de l’herbe via respiration cellulaire et activité enzymatique,
  • Le fourrage est rentré dans le séchoir a un taux de matière sèche allant de 50 à 60 %, ce qui permet de limiter la perte de feuilles des légumineuses (moins cassantes) lors de la récolte.

Enfin, c’était à l’origine un atout pour l’atelier de transformation laitière présent sur la ferme jusque 2015. L’absence d’aliments fermentés dans la ration limite en effet la contamination du lait par les butyriques. L’élevage n’a d’ailleurs jamais été pénalisé pour les butyriques depuis le passage en bio.

Aujourd’hui les deux éleveurs sont fiers de leur ferme et accueillent volontiers les agriculteurs qui sont en réflexios comme eux 20 ans plus tôt.

Jean-Luc et Thierry favorisent le pâturage autant qu’ils le peuvent

Le cheptel est constitué de 110 montbéliardes et de 100 brebis pour 194 hectares. Le choix de l’herbe comme unique fourrage pour l’alimentation des ruminants a été un réel avantage pour la construction de la rotation de cultures :

L’alternance des prairies temporaires riches en légumineuses avec les cultures céréalières facilite grandement la conduite culturale. L’alternance de cultures de familles différentes permet de casser les cycles d’adventices et de maladies potentielles. La forte présence de légumineuses dans ce cycle de rotation diminue les besoins en fertilisation. Les céréales pures ou les prairies de fauche sont favorisées pour la décision d’apporter la matière organique issue des ateliers d’élevage.

Les mélanges céréaliers ainsi produits dans cette rotation viennent conforter l’autonomie de la ferme en servant de concentré alimentaire autoconsommé par les vaches. La luzerne est favorisée dans les choix d’implantation sur les parcelles de fauche car elle est relativement facile à sécher, contrairement au trèfle violet par exemple.

Les deux tiers de l’assolement restent composés de prairies permanentes avec plus de 60 hectares accessibles depuis le bâtiment d’élevage. Jean Luc et Thierry favorisent le pâturage autant qu’ils le peuvent :

« l’herbe représente la meilleure qualité de fourrage possible, et c’est aussi le moins cher » !

Des projets pour l’avenir

Les deux associés regorgent encore de projets pour l’avenir : améliorer leur maitrise du pâturage tournant dynamique, augmenter la part de culture de vente, optimiser le séchage en grange par l’informatisation et l’Investissement dans des panneaux thermo-photovoltaïques pour gagner en énergie et temps de travail, réfléchir  sur la commercialisation