Catherine et Florian Gobier – Porc – Yonne

Le guide « Élever des porcs bio » de la FNAB rassemble des repères sur la filière porcs bio française, les principaux points réglementaires, des conseils pour construire un projet adapté à ses objectifs et des témoignages d’éleveurs de différents systèmes. Parmi eux, Catherine et Florian Gobier, naisseurs plein air et engraisseurs bâtiments, sont à la tête d’un cheptel de 50 truies et produisent 750 porcs par an. Ils expliquent leur trajectoire, l’organisation de leur atelier, ainsi que les facteurs de réussite et points de vigilance techniques, économiques et humains.

Pouvez-vous présenter votre ferme ?

Le GAEC Gobier des Merles est situé dans le pays de Puisaye – Forterre à 25 km au sud d’Auxerre. L’exploitation s’est convertie à l’agriculture biologique en deux étapes il y a une vingtaine d’années.

Jusqu’en 2017 la ferme s’étendait sur 121 ha, dont 64 ha en céréales, consacrés à l’élevage de porcs et de vaches laitières. En 2018 nous nous sommes agrandis. Nous comptons désormais 183 hectares de SAU (Surface Agricole Utile), dont 80 ha de céréales.

Nous avons un cheptel de 50 truies naisseur-engraisseur, et un troupeau de 50 vaches laitières.

Le sol est de nature argilo-calcaire et moyennement profond (on rencontre la roche mère à une trentaine de centimètres). La présence de nombreuses pierres limite les interventions de désherbage mécanique. L’ensemble donne une terre  à potentiel moyen. L’atelier porc valorise les surfaces boisées et les terres peu profondes.

Nous travaillons à 3 : nous deux (frère et soeur) et un salarié à temps plein (3 UTH).

Pourquoi avoir choisi de produire du porc bio ?

Le passage à la bio s’explique par un désir de ne plus utiliser de produits chimiques. D’autre part une évolution dans la main d’œuvre disponible sur la ferme correspondait avec une diminution des animaux dans le cadre de la bio.

L’atelier de porcs était déjà présent dans la ferme avant le passage en bio. Il a été converti en 2000. Nous avons fait le choix de la conduite des truies en plein air pour diminuer le coût de l’investissement.

Quels sont vos débouchés ?

La proximité d’Auxerre permet un lien avec les consommateurs et de commercialiser une partie des porcs charcutiers directement. Le groupement CIRHYO, et l’abattoir Tradival à Orléans, offre un débouché à l’ensemble des porcs engraissés (750 / an).

Le lait est vendu depuis 2008 à Biolait.

Pouvez-vous nous décrire votre système ?

Les animaux, suivant leur état physiologique sont conduits en plein-air (lactation) ou en bâtiment (gestantes, post-sevrage et engraissement).

Jusqu’en 2012 les truies gestantes étaient conduites sur des parcelles de forêt. Mais suite à des problèmes récurrents d’avortement et de troubles urinaires (problème d’abreuvement), nous avons pris la décision de construire un bâtiment (gestion plus facile de l’état sanitaire et de l’état d’engraissement des animaux, biaisé par la consommation de glands). Il s’agit d’une stabulation avec aire paillée.

Chaque truie en lactation est logée dans une cabane en demi-lune, au milieu d’un parc de 1250 m², jusqu’au sevrage des porcelets à 49 jours, sur un couvert implanté en trèfle violet – ray grass. Les cabanes sont abondamment et régulièrement paillées, et déplacées tous les 2 ans.

Les porcelets, une fois sevrés, sont conduits en bâtiment sur de la paille. Ils disposent de 2,5 m² chacun pendant un peu plus de deux mois. Entre 2 lots, 15 jours de vides sanitaires permettent de nettoyer et d’assainir correctement le local.

L’engraissement est conduit en bâtiment.  Ce choix technique s’explique par le nombre de porcs présents sur la ferme, et par la nécessité de diminuer la consommation d’aliment pour « passer financièrement » avec  la vente en filière longue.

Quelques références techniques et économiques :

  • nombre de porcelets sevrés par truies et par an : 19
  • âge au sevrage : 49 jours
  • poids de carcasse moyen : 96 kg
  • prix de vente des porcs charcutiers : 3,65 € / kg de carcasse

L’autonomie est au cœur de votre système, pouvez-nous en dire plus ?

L’autonomie alimentaire est un objectif à rechercher. Grâce à de nouvelles parcelles récemment (2018) passées en bio, nous nous fixons d’être presque autonomes pour les deux ateliers. Avec un prévisionnel de 300 T de céréales par an, il y aura suffisamment de céréales pour les 2 troupeaux. Pour les porcs, il ne me manquera qu’environ 50 t de protéagineux, en plus des 20 t / an de tourteaux de soja et de la levure que j’achète déjà l’extérieur. Tous les aliments sont fabriqués à la ferme.

Quant à la fertilisation des cultures, elle est basée sur la valorisation des 1000 t de fumier produites par les deux ateliers d’animaux. Le fumier de bovin domine dans le compost. Ce dernier est retourné une fois grâce au retourneur d’andain de la CUMA. Le compost est épandu à raison de 15 t / ha en août pour les céréales d’hiver, et en décembre pour les céréales de printemps. La luzerne ou le trèfle en bénéficient l’année de leur implantation. Ainsi, 65 ha  reçoivent du compost chaque année

Quels sont les points de vigilance ?

Le plein air nécessite un sol qui draine bien, sinon on « dérape vite » et les résultats techniques et économiques deviennent nettement inférieurs à ceux d’une conduite en bâtiment.

 

Facteurs de réussite

Un système pensé pour sécuriser un revenu en filière longue

  • Le choix du plein air pour la partie maternité est économiquement et techniquement viable car le sol est drainant ;
  • L’engraissement en bâtiment permet d’optimiser la marge sur coût alimentaire.

Un système quasiment autonome pour l’alimentation du cheptel

  • Toutes les céréales nécessaires à l’alimentation du cheptel sont produites à la ferme ;
  • Seuls les protéagineux et les tourteaux de soja sont achetés à l’extérieur.