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En 2015, l’Association Bio Normandie publiait le guide « Maraîchage Bio en Normandie : des clés pour se repérer », une publication assez pessimiste quant à la viabilité des systèmes maraîchers. En 2017, l’association est donc retournée voir une partie des fermes pour analyser leur évolution. L’étude s’intéresse cette fois aux trajectoires de 17 fermes à travers la question suivante : comment les maraîchers font évoluer leur système pour réussir à concilier attentes sociales, économiques et éthiques ? La nouvelle étude souligne une amélioration des résultats économiques et des conditions de travail. Néanmoins, elle constate aussi que la diminution de la charge de travail et de la pénibilité physique reste un objectif partagé par une grande partie des producteurs.
Sur les 17 fermes enquêtées, les résultats sont très encourageants, notamment d’un point de vue économique. L’EBE par UTH exploitant a par exemple augmenté de 33 % entre 2013 et 2016, passant de 17 900 € à 23 800 € ; les prélèvements mensuels des maraîchers ont eux aussi subi une large augmentation. Cette hausse est encourageante pour la filière, notamment pour les nombreux porteurs de projet.
Il faut néanmoins préciser que l’amélioration des résultats économiques n’a pas été instantanée et arrive après plusieurs années financièrement difficiles.
De plus, la charge de travail reste très intense, considérée excessive par 40 % de notre échantillon.
Plus encore que les résultats économiques, ce sont en effet les conditions de travail qui restent un véritable défi en maraîchage bio. A observer : l’évolution des fermes de l’échantillon, il semblerait que l’embauche ou les investissements (mécanisation + infrastructures) aient été des leviers fréquemment utilisés pour réduire la pénibilité et le temps de travail. Sur les 17 fermes enquêtées, la moyenne des charges de personnel a quasiment été multipliée par 2 entre 2013 et 2016, passant de 9 900 € à 18 000 €. Mais il n’y a pas une unique réponse à cette question.
D’autres pistes émergent aussi, telles que la réduction et l’intensification de la surface cultivée ou la suppression du travail du sol. Ces nouvelles voies sont explorées par les fermes de l’échantillon. Cela se traduit par la surface moyenne par Unité de Travail Humain (UTH). La surface cultivée par UTH a diminué de 19 % entre 2013 et 2016. C’est surtout la surface cultivée en plein champ qui a baissé :
De nouvelles exploitations émergent en maraîchage diversifié se référant à différents mouvements : micro-fermes, Maraîchage sur Sol Vivant, permaculture… Cette catégorie de fermes maraichères était peu représentée dans l’échantillon enquêté. Pour la plupart, les exploitations sont encore trop récentes pour une analyse de leurs données.
A l’avenir, un travail de références sur ces modèles « innovants » sera nécessaire afin d’évaluer dans quelles mesures ils parviennent à concilier objectifs techniques, écologiques, économiques et sociaux. En effet, ce qui est apparu en filigrane de l’étude, c’est la nécessité qu’ont les maraîchers de faire des compromis pour réussir à concilier une éthique forte et le besoin de vivre de cette activité. Cela montre l’intérêt d’un travail sur les trajectoires car, tout au long de leur carrière, et au gré des évolutions de la société, ils doivent faire des choix pour trouver un système qui corresponde à leurs attentes.
Pour tout complément d’informations : Antoine Marquet, Association Bio Normandie. amarquet@bio-normandie.org
Ou allez sur le site de l’Association Bio Normandie
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